GALERIE
La Fabrica Nocturna Cinéma

Un premier long-métrage espagnol balaise, à la noirceur et au réalisme impressionnants, qui arrive en salles ce mercredi.

Quelque part en Valence, le boss d'une asso d'ufologues amateurs meurt, et son bras droit José Manuel (patron de bar et autoproclamé "pharaon cosmique"), prend sa relève pour accomplir un mystérieux projet. De son pittoresque point de départ -les fanas d'OVNIS et de parasiences- qui aurait pu donner une énième comédie pouet-pouet prenant de haut son sujet, L’Esprit sacré nous embarque en réalité dans un monde de plus en plus sordide. La moindre devanture de supérette semble dissimuler un terrible secret, la télé diffuse des infos bizarres au milieu des préparatifs de la Semaine sainte… Quand on réalise où le réalisateur nous a embarqués, c'est déjà trop tard. En fait, le piège s'est refermé avant même que le film ne commence -oui, c'est un film à twist qui fait d'autant plus mal qu'il n'est pas tiré à coups de feux d'artifice : le film, qui joue sur un tempo lent, mise sur l'attention du public.

C'est le premier long de l'espagnol (et natif de la ville d'Elche, cadre de L'Esprit sacré) Chema García Ibarra, qui s'en va filmer avec des acteurs amateurs dans des lieux de cinéma peu vus, et va chasser sur les terres du Prisoners de Denis Villeneuve et de Hérédité d'Ari Aster. Il partage avec eux le même sens de la noirceur et du cadre. Sans aucune complaisance pour montrer comment les charlatans habillent leurs désirs de puissance par des sornettes cosmiques. Bref, sur le fond comme sur la forme, c'est sacrément balaise : le film dégage, avec la combinaison de son casting non professionnel et de son environnement inédit, une si puissante impression de réel au sein de son cadre ultra maîtrisé (pas de caméra à l'épaule ou du chichis soi-disant "réalistes", mais des plans longs et soignés qui prennent le temps de faire monter la pression), que le propos n'en est que plus fort. On dirait un OVNI ? Seulement de loin. De près, c'est tout ce qu'il y a de plus humain. Et c'est très, très flippant.