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Le magistral premier long métrage d’Ari Aster fête déjà ses 5 ans.

Sorti le 8 juin 2018 aux Etats-Unis et quelques jours en France, Hérédité fête ces jours-ci son cinquième anniversaire. Cinq ans que Première a pris une claque devant ce film d'horreur d'Ari Aster, qui était le plus grand succès du studio A24 avant d'être dépassé par Everything Everywhere All at Once cette année. Depuis cet accueil chaleureux, le réalisateur a signé Midsommar et Beau is Afraid, ce dernier étant jusqu'ici son chef-d'oeuvre, summum de bizarrerie et de réflexions métaphysiques qui ont su une nouvelle fois nous retourner le cerveau.

Nous repartageons ci-dessous notre critique de Hérédité, ainsi qu'un lien vers une interview de son actrice principale, Toni Collette.

Toni Collette : "Je n'aime pas regarder les films d'horreur"

Derrière la virtuosité exaltante du plan-séquence qui ouvre Hérédité se dessinent les contours du personnage central joué par Toni Collette. Alors qu’elle vient de perdre sa mère, Annie Graham construit pour une galerie d’art des modèles réduits inspirés de sa maison, recréant des scènes de sa vie familiale. La séquence incite à se demander ce qui peut pousser cette mère de famille à ce genre d’activité maniaque, sinon le besoin de se persuader qu’elle contrôle sa vie. Comme si elle avait l’intuition du contraire, que son destin lui échappait au profit de forces qui la dépassent. La suite confirmera cette dernière hypothèse avec une rigueur implacable... Mais il serait dommage d’en dévoiler plus, parce que l’intérêt du film réside précisément dans sa façon imprévisible et inédite de renouveler un territoire familier. Tout ce qu’on peut révéler, c’est que la famille Graham est en équilibre instable. La cadette de 13 ans présente des signes de troubles mentaux. Son frère aîné se réfugie dans la consommation compulsive de cannabis. Le père cherche à maintenir une apparente stabilité avec une assurance lugubre.

Hérédité
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PRÉCISION DIABOLIQUE

Le titre du film suggère la transmission, mais il aurait pu tout aussi bien s’appeler Fatalité. Parce qu’il s’agit bien d’une tragédie classique, dont les protagonistes sont prisonniers de leur sort. Celui-ci est particulièrement funeste, et le réalisateur Ari Aster, dont c’est le premier film, le met en scène avec une précision diabolique, réaffirmant que les jeux sont faits depuis cette fameuse première séquence programmatique jusqu’aux nombreux signes précurseurs qu’il n’arrête pas de disposer au long du film (comme la gamine qui coupe la tête des oiseaux à coups de ciseaux). Révélé au festival Sundance, Hérédité arrive précédé d’une réputation qui n’a rien d’exagéré. L’écriture des personnages, le rythme délibéré, le timing parfait, la puissance graphique des moments forts, la direction d’acteurs (excellents, à commencer par Toni Collette), tout est pensé et exécuté avec une efficacité exceptionnelle. À tel point qu’on a envie d’y retourner illico. C’est aussi ce genre de film, plus si fréquent, qui gagne à être revu.