GALERIE
1
La Couleur dans les mains

Une jeune peintre en herbe nouvellement installée dans un studio parisien, se voit obligée de franciser le nom qui apparaît sur sa boîte aux lettres. Yasmine Bellifa devient ainsi Janine Beli. Un “détail” qui la renvoie à la mémoire de parents qu’elle n’a pas connus, victimes du terrorisme en Algérie, et qui transforme son expérience de la bohème en crise existentielle. Pour son troisième long, la romancière Nora Hamdi adapte l’une de ses œuvres dans une littérarité qui ne laisse aucune place aux sous-entendus que permettent les images.

GALERIE
3
Super lion

Tout droit venu de Norvège, Super Lion, c’est le coming-of-age d’Evie, issue d’une famille de justiciers. Son rêve ? Prendre la relève. Du moins, c’est ce dont on l’a persuadée. Entraînée par une mamie rock’n’roll, Evie va faire tout son possible pour cocher toutes les cases d’une normalité établie par un papa à la M. Indestructible pas si « super » que ça. Malgré une structure quelque peu redondante, Rasmus A.

GALERIE
1
Mon pire ennemi

Mojtaba, Hamzeh, Zar (Amir Ebrahimi, l’héroïne des Nuits de Masshad), ont en commun d’avoir été violemment interrogés par des agents de la République Islamique d’Iran. Entre témoignages et reconstitutions, Mehran Tamadon invite les victimes à se mettre dans la peau des tortionnaires et à faire souffrir les faux interrogés pour nous faire comprendre la violence du régime. Un dispositif qui crée le malaise sans hélas permettre de mieux appréhender l’ampleur de l’horreur en cours dans le pays. 

Emma Poesy

GALERIE
2
La Vie selon Ann

Une comédie new-yorkaise sur le monde du travail et le BDSM. La rencontre entre Woody Allen et Lena Dunham ? En partie, la détresse existentielle du premier et l’acidité de la seconde en moins. Toutes les situations visent à souligner quelques malheurs contemporains ; et une vie sexuelle qui déroge un tantinet à la norme passerait presque pour un égarement. Quel dommage que l’actrice-réalisatrice choisisse une résolution si simpliste, alors que le cadre laissait à rêver tellement plus subversif…

Nicolas Moreno

Un homme en fuite (2024)
2
Un homme en fuite

La ville de Rochebrune est en colère : le braquage d’un fourgon par un ouvrier contestataire provoque de violentes divisions. Un inconnu ténébreux et une flic tenace mènent l’enquête… Sous influence nordique, ce polar évolue maladroitement entre flashbacks et flashforwards, enchaîne les retournements de situations improbables, et peine à développer un véritable propos politique. Reste l’incroyable Pierre Lottin en voyou flegmatique, qui vole nettement la vedette au reste du casting.

Yohan Haddad

GALERIE
1
Neuilly- Poissy

Neuilly Poissy. Bel oxymore géographique, qui résume les tensions de ce film-entonnoir (attrapant toutes les ritournelles sociétales du moment). On commence sur une histoire d’arnaque, on bifurque vers le film de prison façon OZ (la violence, le racisme), avant d’enchaîner sur un traité de cohabitation religieuse (car on est tous frères, au fond) qui s’abolit dans une hypothétique rédemption. Ca ne fonctionne jamais à cause de la caricature, des incohérences mais surtout parce que, à Neuilly comme à Poissy, les bons sentiments n’ont jamais fait de bons films.

Pierre Lunn
GALERIE
3
La Mémoire éternelle

Elle, l’actrice et politicienne Paulina Urrutia, entretient la mémoire. Lui, le journaliste chilien Augusto Góngora, la perd. Dans ce documentaire intimiste, Maite Alberdi suit leur couple sur plusieurs années alors qu’Augusto lutte sans relâche contre Alzheimer. Mais plutôt que de dramatiser la maladie, la réalisatrice l’aborde avec légèreté et ausculte le dévouement sans faille de Paulina. Et de ces moments de tendresse et de rire, parsemés d’une affliction déchirante, seul l’amour inconditionnel demeure.

Lucie Chiquer
GALERIE
1
Jeunesse, mon amour

Une bande d’amis de jeunesse qui se retrouvent, après des années qui ont peu à peu distendu le lien qui les unissait, le temps d’une après midi où les non- dits d’hier vont remonter à la surface. Pour son premier long métrage, Léo Fontaine a choisi d’arpenter un terrain tellement arpenté par le cinéma qu’il se révèle incapable de faire entendre une petite musique singulière, la faute à des personnages, des situations et des échanges trop enfermés dans des archétypes.

Thierry Chèze
AFFICHE
3
Comme un lundi

Un film de boucle temporelle, encore un ! Ça commence à devenir un brin répétitif, mais vous nous direz, c’est l’idée… Après des variations en mode horreur (Happy Birthdead), comédie romantique (Palm Springs), SF (Edge of Tomorrow), et on en passe, Comme un lundi décline le concept façon comédie de bureau – logique, la vie en open-space ayant en soi un côté Un jour sans fin… Ici, il est question des employés d’une agence de pub japonaise qui se retrouvent à revivre indéfiniment la même semaine.

Frédéric Foubert
Blaga's Lessons (2024)
3
Blaga's lessons

Dans Taxi Sofia sa précédente fiction sortie chez nous le bulgare Stephan Komandarev auscultait l’absurdité et la violence de la société de son pays portant encore en elle les stigmates de sa période communiste. Son héros un chauffeur de taxi pris dans des magouilles se retrouvait acculé de dettes et choisissait d’en finir. Le film dressait le portrait d’un pays sans repère. C’est au tour de Blaga de se retrouver confrontée au chaos.

Thomas Baurez
GALERIE
3
Film annonce du film qui n’existera jamais, « drôles de guerres »

La voix de Jean-Luc Godard est intimement liée à ses images depuis les fameuses Histoire(s) du cinéma de 1998, où, positionnée en surplomb, elle véhiculait ses pensées dont la caverneuse diction imprimait un rythme solennel. Godard, homme de mots, de son et d’images-mouvements « qui viendraient de loin » comme on l’entend dans un murmure au début de cette « bande-annonce » d’un film qui n’existera donc jamais.

Thomas Baurez
AFFICHE
1
Blue & compagnie

Un auteur peut-il se réinventer dès son deuxième film ? Avec le carton de Sans un bruit, John Krasinski était devenu, aux yeux de l’industrie du moins, un cinéaste. Après un Sans un bruit 2 pas trop mal dans le genre -et sorti pile pour la réouverture des salles post-Covid- il essaie déjà de se réinventer, donc pour son troisième film seulement. On pourrait même dire : pour son deuxième film, tant Sans un bruit 2 était une redite efficace du premier.

Sylvestre Picard
L'Esprit Coubertin
3
L'Esprit Coubertin

Comédie non-sensique sur les JO, mélange de slapstick, de satire mauvais esprit et portrait hilarant d’un inadapté social, le premier film de Jérémie Sein est un OVNI dans lequel Benjamin Voisin impose ce qu’on appelle une véritable vis comica : il a trouvé son clown. Le jeune acteur incarne Paul, un champion de tir surdoué, un peu gauche et très puceau, qui se retrouve au village olympique pour les JO de Paris. Alors que la délégation Française multiplie les échecs, Paul va devenir la dernière chance de médaille.

Gael Golhen
AFFICHE
2
Une affaire de principe

En 2012, José Bové, député européen, met le nez dans une conspiration mêlant instances européennes et lobbies du tabac, partant de l’affaire Dalli (un Commissaire Européen accusé à tort de corruption) jusqu’à la directive en préparation des paquets de cigarettes neutres. Antoine Raimbault (réalisateur du remarquable Une intime conviction) décide d’en faire un thriller de bureau où Bouli Lanners arpente les couloirs du Parlement et de la Commission européenne, de Strasbourg à Bruxelles, sous les traits du paysan révolutionnaire.

Lucie Chiquer
AFFICHE
3
Le Tableau volé

Un Egon Schiele spolié par les nazis réapparait dans un pavillon ouvrier. Pas n’importe lequel, il s’agit des Tournesols fanés vendu - pour de vrai - chez Christie’s 17.2 millions d’euros en 2006. Dans ce film de Pascal Bonitzer on n’en est pas encore là. Il s’agit pour les pros du secteur de mettre la main dessus, de se faire mousser avant d’opérer son dévoilement. Le drame qui se joue non sans malice, est de faire co-exister des mondes qui ne se touchent pas forcément.

Thomas Baurez
GALERIE
2
Le Silence de Sibel

Dans un village de Yazidis, un groupe armé de Daech massacre une famille kurde dont la mère refuse de porter l’hijab. Sibel, 13 ans, y est kidnappée et réduite à l’esclavage sexuel. Mais l’atrocité de l’ouverture du film est vite remplacée par un quotidien ordinaire alors que Sibel est recueillie en France par une femme qui tente en vain de lui imposer une vie « normale ». Mais en exploitant à outrance la portée dramatique de son vécu (non sans paternalisme) dans cette fiction, Sibel devient une martyre sans voix ni cible.

Bastien Assié

Petites mains (2024)
2
Petites mains

Révélé par le convaincant Placés, Nessim Chikhaoui s’inspire pour son deuxième long de la grève des femmes de chambre externalisées des grands hôtels de 2019 (d’où a émergé la figure de Rachel Kéké, devenue députée). Mais il ne parvient pas cette fois- ci à dépasser le stade des bonnes intentions au fil d’un récit où on ne cesse de penser qu’un documentaire aurait été une forme plus appropriée. Reste toujours un vrai sens du casting, symbolisé par le fait de voir (enfin !!!!) Corinne Masiero dans un rôle aux antipodes de Marleau.

Thierry Chèze
AFFICHE
4
L'Ombre du feu

Au Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rencontre de trois solitudes dans un bar délabré : une jeune femme vivant en recluse, un soldat traumatisé par les combats et un gamin des rues… Shinya Tsukamoto, le réalisateur de Tetsuo, conclut sa « trilogie de la guerre » (après Fires on the plain et Killing) avec ce film minimaliste et saisissant. Dans une première partie en huis-clos, où l’on sent palpiter très puissamment hors-champ la destruction et le chaos, il brosse des portrais humains touchants, filmant ses acteurs au plus près.

Frédéric Foubert
AFFICHE
2
Même si tu vas sur la lune

Accueillis par un professeur d’université, quatre étudiants réfugiés syriens racontent leurs vies passées dans un pays en guerre, leurs souvenirs en France et leurs projets d’avenir. Entre les allers-retours du noir et blanc à la couleur et les passages en animation, le documentaire tente de dynamiser leurs témoignages mais peine à dépasser la monotonie des séquences. Laurent Rodriguez compile les bribes de vies quotidiennes de ces jeunes en quête d’une identité politique et culturelle.

Bastien Assié

AFFICHE
3
La Fleur de Buriti

Au Brésil, la culture du soja entraîne le déboisement de 10 000 km2 de forêt amazonienne par an. Ce film primé à Cannes dans la section Un Certain Regard l’an passé s’intéresse au peuple Krahô qui y vit et dont la culture ancestrale se trouve gravement menacée. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction - parlons plutôt d’un film-rêve - cette Fleur du Buriti nous plonge au cœur du quotidien de ces hommes, femmes et enfants en total symbiose avec leur environnement.

Thomas Baurez
Etat limite (2024)
4
Etat limite

«Moi, je lutte contre une logique…» S’il est contre la logique du rendement, cela n’empêche pas Jamal Abdel-Kader de se donner sans compter. Le jeune psychiatre, qui travaille à l’hôpital Beaujon, enchaîne les entrevues avec ses patients et leurs familles sous l'œil affûté de Nicolas Peduzzi, qui accompagne le médecin à travers les couloirs de l’institution. Le pas du trentenaire est toujours rapide ; les observations sur son métier parfois amères.

Border Line
3
Border line

Deux existences suspendues à un simple bout de papier, à la décision de deux agents de la police des frontières de l’aéroport de New- York. Voilà ce que raconte ce premier long où l’on suit donc les (més)aventures de Diego et Elena, un Vénézuélien et une Espagnole en couple qui ont quitté Barcelone pour démarrer une nouvelle vie outre- Atlantique.

Thierry Chèze
AFFICHE
3
Jusqu'au bout du monde

Le premier plan déstabilise. On s’assoit devant un western et voilà qu’entre dans le cadre un chevalier à la Lancelot du Lac. Pour son deuxième film de réalisateur, Viggo Mortensen aurait-il choisi de suivre les traces de son compère Lisandro Alonso, avec qui il a l’habitude de tourner des variations westerniennes expérimentales ? Pas franchement, non - Jusqu’au bout du monde est aussi « straight » qu’Eureka ou Jauja sont perchés.

Frédéric Foubert
Artus a Un petit truc en plus : affiche
3
Un p'tit truc en plus

Un premier film comme une réponse à ceux qui assurent qu’on ne plus rire de tout par peur de froisser telle ou telle catégorie de la population et d’un bad buzz. Révélé par On ne demande qu’à en rire, auteur- acteur et metteur en scène de théâtre (Duels à Davidéjonatown…), croisé sur le grand (Apaches …) et le petit (Le Bureau des Légendes) écran, Artus se lance dans la réalisation en faisant fi de toute autocensure. Et d’emblée, on comprend qu’il a trouvé le ton parfait - gonflé mais jamais provoc’ - pour cette comédie traitant du handicap.

Thierry Chèze
The Fall Guy affiche
3
The Fall Guy

Cascadeur devenu réalisateur, David Leitch s’évertue à envisager le cinéma d’action comme une affaire avant tout humaine, à une époque où le numérique grignote le boulot des stuntmen. C’est donc logiquement qu’il adapte la série L’homme qui tombe à pic, dont il garde le héros cascadeur mais change à peu près tout le reste. The Fall Guy met en scène Colt Seavers (Ryan Gosling), technicien surdoué de la chute, dont la carrière est stoppée net par un grave accident.

François Léger
AFFICHE
2
Citadel

Dans le remake anglophone de son propre Paranoïa Park, Bruno Mercier déplace l’histoire d’Anna, poupée désœuvrée aux mains du maître-chanteur invisible qui détient sa fille, du Parc des Buttes-Chaumont aux remparts de Besançon. Marionnettiste, le réalisateur l’est tout autant, forçant le regard du spectateur – lui aussi otage de ce huis-clos en plein air – à coup de contrastes colorimétriques qui érigent son film en objet de cinéma bizarre. L’inégal Citadel est un labyrinthe que l’on arpente en temps réel et dont la mécanique répétitive est sauvée par sa durée.

AFFICHE
4
Les Vieux

C’est avec humilité que Claus Drexel introduit son nouveau long métrage : « Au début des années 2020, nous sommes partis sur les routes de France pour écouter ceux qu’on appelle les “Vieux”. ». Pour son quatrième documentaire après Au bord du monde, America et Au cœur du bois, le réalisateur a choisi une mise en scène dépouillée : sa caméra fixe s’invite chez des personnes âgées qui n’ont d’autre point commun que d’avoir vécu assez de choses pour les raconter.

AFFICHE
4
Un jeune chaman

Un jeune chaman aussi, peut rencontrer une fille, en tomber amoureux, devenir un peu bê-bête et ne plus penser qu’à ça. La grande qualité de ce premier film récompensé à Venise réside dans le renversement des valeurs qu’il opère entre le chamanisme et un premier amour : le premier est un métier comme les autres, tandis que le second est bien plus empreint de mystère, de mystique. De là en découle une mise en scène épurée du rituel chamanique auquel s’adonne Zé du haut de ses 17 ans, tandis que tout vacillera aux côtés de Maralaa.

AFFICHE
3
Le Temps du voyage

Vingt ans après son No pasaran consacré à l’internement en France des Espagnols fuyant Franco, Henri- François Imbert s’intéresse aux Tsiganes, dont 6500 d’entre eux, bien que français, furent enfermés dans des camps par le Gouvernement de Vichy jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Et il s’appuie avec subtilité sur ce passé pour tenter de comprendre pourquoi ils suscitent toujours du rejet chez une partie de la population, au fil de témoignages passionnants et de moments musicaux et chantés renversants de beauté.

Thierry Chèze
AFFICHE
2
Sky dome 2123

La séquence d’intro de cet ambitieux film de SF animé hongrois donne le ton : une traversée de la Budapest du futur, brutalement déshumanisée, figée sous un dôme alors que la Terre est à l’agonie… Et jamais Sky Dome 2123 ne parviendra à se déjouer de l’influence évidente du Mamoru Oshii de Ghost in the Shell -et donc du Tarkovski de Stalker et Solaris- convoquée dès son démarrage et qui écrase tout le reste du film, gentiment planant mais pas assez fou ni fort pour s’en libérer.

Sylvestre Picard