Affiches Films à l'affiche mercredi 10 avril 2024
Sony/ Diaphana/ Walt Disney Company France

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
S.O.S. FANTÔMES : LA MENACE DE GLACE ★★★☆☆

De Gil Kenan

L’essentiel

Gil Kenan mêle les générations, de Dan Aykroyd à McKenna Grace en passant par Paul Rudd pour un nouvel épisode imparfait certes mais malin et bon esprit !

Suite directe de L'Héritage qui avait réussi à faire revivre la flamme Ghostbusters en l’entraînant sur le terrain du film familial, La Menace de glace s'ouvre avec une séquence spectaculaire qui installe le film sur de nouveaux rails, ceux des blockbusters gonflés. Car ici, le script s’intéresse moins aux personnages qu’au visuel et à un univers qui fait penser à un croisement entre du Del Toro et du Spielberg pour enfants. Mais l’objectif principal de cette suite n’est pas là : il s’agit d’abord  d’entasser tous les fétiches possibles de la saga, même si cela se fait en sacrifiant les pulsations intimes qui servaient de carburant au film précédent. Mais derrière le fan service, il y a des idées de design qui suffisent à rendre ce SOS fantômes parfaitement recommandable. 

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A ADORE

LE MAL N’EXISTE PAS ★★★★★

De Ryüsuke Hamaguchi

L’action se situe dans un village près de Tokyo. La nature préservée par une population sous cloche est menacée par l’arrivée d’un projet de Glamping censé rameuter une population urbaine désireuse de décompresser au grand air. Le cœur du récit voit une réunion entre des représentants d’une boîte de com’ venus vendre leur « produit » et des locaux qui pointent les dégâts d’une telle entreprise. Mais après avoir épousé le point de vue des villageois, le réalisateur de Drive my car, fidèle à l’axiome renoirien selon lequel chacun a ses raisons, va changer d’axe de lecture et nous faire voyager avec ces gens de la ville déroutés par l’expérience qu’ils viennent de vivre. Cette subjectivité est bien la grande affaire du film. Nous, spectateurs, face aux images, sommes obligés d’accepter ce monde tel qu’il est. Accepter de voir certains protagonistes s’enfoncer dans l’épaisse forêt et disparaître avant que, tel un écho lointain, le travelling originel ne reprenne sa course. Le voyage sera aussi sublime qu’intriguant de bout en bout.

Thomas Baurez

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MADAME HOFMANN ★★★★★

De Sébastien Lifshitz

Sylvie Hofmann, infirmière cadre dans un service oncologique d’un hôpital des Bouches du Rhône a perdu l’ouïe. Suspicion d’AVC, surmenage, stress… Sébastien Lifschitz va suivre la dernière ligne droite mouvementée avant son départ à la retraite, au terme de 40 ans de bons et loyaux services dans le même établissement. Et une fois encore, le réalisateur d’Adolescentes réussit un tour de force en mêlant longue et courte focale, collectif et individuel. En dressant un état des lieux d’un hôpital public tout en racontant cette femme sans filtre, roseau qui plie mais ne rompt jamais malgré les cancers à répétition de sa mère, celui qui la menace à terme, les soucis cardiaques de son compagnon et son rythme infernal au travail où le COVID n’a fait qu’aggraver une situation déjà chaotique. Un documentaire profondément humain et puissamment politique.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LA MALEDICTION : L’ORIGINE ★★★☆☆

De Arkasha Stevenson

Rien de surnaturel dans l’arrivée d’un prequel de La Malédiction dans le paysage cinéma des années 2020. Si la franchise avait déjà connu un paresseux remake usiné par John Moore en 2006, The First Omen ne détonne pas au sein d’un paysage horrifique dominé par l’esthétique A24 et déploie l’imagerie de l’Exorcisme-porn avec application : nonnes maléfiques, bruits en latin et prêtres comploteurs dans l’Italie des années 70 (juste un cadre temporel comme un autre). Une jeune novice (épatante Nell Tiger Free, révélée par la série Servant) arrive à Rome pour prononcer ses vœux, intègre un pensionnat hanté par une jeune femme qui griffonne des dessins malsains, et, ma foi, vous savez à peu près comment tout cela va se terminer. C’est parfois très efficace mais souvent prévisible, sans exploiter les moments les plus troubles que capte la réalisatrice Arkasha Stevenson (par exemple l’attirance soudaine de l’héroïne pour sa coloc’) dont c’est le premier film.

Sylvestre Picard

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NOUS, LES LEROY ★★★☆☆

De Florent Bernard

Sandrine Leroy veut divorcer : ses enfants sont grands et plus rien ne la retient dans un mariage. Mais Christophe, son loueur de voitures de mari bien trop absent, tente le tout pour le tout afin de sauver son couple : un dernier week-end à quatre sur les routes du passé et les endroits clés de leur histoire familiale. À partir de ce vrai/faux suspense, Nous, les Leroy fait l’anatomie à l’envers d’une histoire d’amour. Il y est question de souvenirs jamais à la hauteur, de rencontres contrariées et d’une nostalgie dévorante. Grand Prix à l’Alpe d’Huez, un premier film sincèrement charmant mais qui cherche parfois son rythme, où Florent Bernard s’impose en héritier du Leconte de Tandem et offre à José Garcia et Charlotte Gainsbourg leur plus belle partition depuis longtemps.

François Léger

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ROSALIE ★★★☆☆

De Stéphanie Di Giusto

Stéphanie Di Giusto suit les pas, dans la France de 1870, de Rosalie, une jeune femme au corps tout entier recouvert de poils qui décide d’abord de cacher ce secret hormonal. Puis qui, après avoir épousé le gérant du café d’un village tranquille, va assumer au grand jour son statut de femme à barbe, créant un profond trouble auprès des villageois. Abordé comme une histoire d’amour et d’affranchissement presque ordinaire, ce récit sensible insiste sur la sensualité d’un corps pas comme les autres. Les interprétations de Nadia Tereszkiewicz et de Benoît Magimel s’y révèlent remarquables. Et à défaut de faire totalement chavirer nos cœurs, cette romance atypique et amère a le mérite d’élever nos esprits.

Damien Leblanc

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QUITTER LA NUIT ★★★☆☆

De Delphine Girard

Au cœur de la nuit, un appel d'urgence signale à demi-mot l’agression d’une femme dans une voiture, tétanisée par la peur, et par son chauffeur. Au bout du fil, une opératrice du 112, troublée. De longues premières minutes façon polar, en apnée, qui auront suffi pour hanter le reste du film. C’est en reconstituant ce récit et ses zones d’ombres, à la manière d’un puzzle à trois visages, que les souvenirs de cette nuit tragique refont surface. Les trois sont douloureux, différemment. Chacun y fait face à sa manière. Et si les destins sont plus prévisibles – celui du combat judiciaire notamment –, Delphine Girard, toujours à bonne distance, ne laisse place ni à l'excès d’empathie ni au mépris pour ses protagonistes et raconte aussi bien l’agresseur dissimulé et le fils adulé, la victime traumatisée et la mère/femme en quête de reconstruction.

Lou Hupel

ENYS MEN ★★★☆☆

De Mark Jenkin

Si les films de folk horror se reposent parfois uniquement sur une culture et des pratiques inconnues du personnage principal pour faire surgir le réel, Enys Men se distingue radicalement par son recours quasi exclusif à la nature, libérée de toute communauté. Sur une île dans les Cornouailles, une femme observe et étudie une plante, au jour le jour, et écrit dans un précieux carnet son état, stable : « no change ». Il est difficile de ne pas penser à la Jeanne Dielman de Chantal Akerman tant cette femme, seule, répète chaque jour les mêmes gestes dans le même ordre, et lutte contre un dérèglement de son quotidien dont elle ne comprend l’origine. Peu à peu, la nature de l’île semble reprendre ses droits, et il suffit d’un raccord ou d’un indice sonore pour la découvrir sous un autre jour, hostile. Sur cette fleur que l’on pensait immuable, se mirent à pousser les fleurs du mal.

Nicolas Moreno

SEMAINE SAINTE ★★★☆☆

De Andrei Cohn

Leiba, aubergiste juif droit dans ses bottes, cherche à se protéger lorsque l’un de ses employés, un chrétien belliqueux du nom de Gheorghe, le menace de mort. Nouvelle variation autour du thème de l’antisémitisme, Semaine Sainte prend le temps de dérouler son action et choisit d’épouser le point de vue de Leiba afin d’historiographer les années qui précèdent la Shoah. Mais plutôt que de prendre parti pour son protagoniste, Andrei Cohn choisit d’opposer deux êtres acariâtres, qui utilisent le prétexte de la religion (juive pour l’un, chrétienne pour l’autre) afin de libérer leurs pulsions meurtrières. En lorgnant très adroitement vers les grandes œuvres du slow cinema, le film réussit à montrer brillamment la propagation d’une haine insidieuse qui trouve sa justification dans un contexte d’extrême pauvreté. Le drame laisse alors place, dans une dernière heure majestueuse, à un pur objet horrifique.

David Yankelevich

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

PAR- DELA LES MONTAGNES ★★☆☆☆

De Mohamed Ben Attia

Un type passe par la fenêtre des toilettes, se saisit d’une barre de fer, entre dans un open-space, pulvérise son poste de travail avant de se jeter par la fenêtre. Il répètera cette défenestration dans un commissariat. En fait, Rafik (Majd Mastoura vu dans Les filles d’Olfa), prétend avoir le pouvoir de voler. Ce que personne ne croit évidemment puisqu’il atterrit toujours, inerte, sur le bitume. Sa belle-mère lui lance sans ironie : « Pourquoi tu as tout foutu en l’air ? » Peur du conformisme sûrement. C’est en tout cas la direction politique prise par le cinéaste Mohamed Ben Attia (Mon cher enfant) qui regarde de biais une société middle-class étouffée. Par-delà les montagnes intrigue d’abord (dans quel film est-on exactement ?), puis se pose pour se terrer dans une maison (prise d’otages à rallonge), là où l’on aurait voulu que ce drame fantastique décolle enfin pour de bon. Voler n’est pas jouer.  

Thomas Baurez

LE NAMESSIME ★★☆☆☆

De Xavier Bélony Mussel

Xavie, réalisateur chevronné entame un tournage avec une équipe hétérogène : des élèves en cinéma novices collaborent avec des vieux de la vieille pour une œuvre qu’il imagine comme aussi représentatif que la vie. Dans cette quête vaine d’authenticité, le métafilm fustige l'égocentrisme flottant dans l’air du cinéma. Cette poursuite du réalisme absolu renvoie un galimatias difficile à interpréter. Le cinéaste raté touche du bout des doigts cette chimère inextricable, par le biais du pitoyable, où les tentatives comiques prennent l'eau. Et comme spectateur, on assiste presque avec embarras à une méthode qui instaure la confusion aussi bien on set que dans l’esprit.

Manon Bellahcene

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LES AVENTURIERS DE L’ARCHE DE NOE ★☆☆☆☆

De Sergio Machado et René Veilleux

Drôle de film, qui tente la relecture de l’arche de Noé façon Star Academy, où deux souris organisent un concours de chant pour empêcher les prédateurs de bouffer tous les animaux. Carburant à un character design mollasson en forme de sous-Pixar, entre caricature et hyperréalisme, et bourré de vannes qui font jeune (Dieu reproche à Moïse de laisser des messages vocaux trop longs car il « préfère les textos »), Les Aventuriers de l'arche de Noé ne conviendra qu’à un public bien peu exigeant.

Sylvestre Picard

SANS COEUR ★☆☆☆☆

De Nara Normande

De jeunes adolescents, vivant une existence monotone sur une crique brésilienne, observent sur la plage une congénère énigmatique. En se focalisant sur une troupe d’éphèbes découvrant avec effroi les origines de leur sexualité, cette coming-of-age story peine à s’extirper d’un classicisme ampoulé, un trop-plein de personnages et une complaisance assumée venant porter préjudice à son propos.

Yohan Haddad

 

 

Et aussi

Amours déchus, de Stanley Kwan

Niagara, de Guillaume Lambert

Peppa au cinéma, programme de courts métrages

Réconciliation : Dans les pas des Cathares, de Freddy Mouchard

Reprises

Les Choristes, de Christophe Barratier

The Hitcher, de Robert Harmon