Alain Chabat : "Shrek est un ogre très très sensible"
Dreamworks

Le premier volet de la saga Dreamworks revient ce soir sur Gulli.

Mise à jour du 28 octobre 2021 : A l'occasion de la rediffusion de Shrek à 21h05, nous republions une interview du doubleur de l'ogre, Alain Chabat.

 

Un reboot pour Shrek

Interview du 17 juillet 2014 : Vous, Manu Payet, José Garcia... Est-ce qu'il existe une "famille DreamWorks" des VF ? Une association secrète ? Si je vous parle de cette association secrète, je serais obligé de vous tuer.

Quel fut votre premier contact avec DreamWorks ? Pourquoi avez-vous été casté pour jouer Shrek ? Comment et selon quel processus ? C'était en 2000 je crois. Mon ami Jean-Paul Rougier, qui travaillait chez UIP et en charge de la distribution des films Dreamworks, m'appelle et me dit "j'ai quelque chose à te montrer qui peut te faire marrer". Intrigué, je dis ok et il débarque une heure après avec une VHS (le support de l'époque) avec 15 minutes d'un film d'animation, pas totalement finalisé, en noir et blanc : le premier quart d'heure du premier Shrek. J'adore. Jean-Paul me dit qu'ils cherchent une voix française, je fais un essai, je suis pris et voilà. Je pensais que c'était un film d'animation limite expérimental, pour un public plutôt adulte et "spécialisé". Jamais je n'avais imaginé que ça allait devenir cette franchise incroyable avec 4 films, des épisodes spéciaux, un Musical, un parc d'attraction...

Vous avez travaillé avec les réalisateurs sur votre personnage ? Est-ce que le succès de la saga a changé des choses dans l'organisation ou le travail ? Je n'ai pas bossé avec les réalisateurs mais Jeffrey Katzenberg m'a tout de suite intégré à la famille Dreamworks et présenté aux talents (scénaristes, dessinateurs, animateurs, réalisateurs...) des films Shrek. J'ai souvent visité les studios pour observer le processus de création, de fabrication... J'ai vu que le succès de la saga n'a fait que pousser tout le monde à faire mieux à chaque film en racontant une histoire plus grande et complète. J'adore l'animation et j'ai été très privilégié de pouvoir vivre tout ça d'aussi près.

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Est-ce que, au fur et à mesure, vous avez pu imprimer votre "marque" sur le personnage ? Quand on arrive au moment des voix françaises, 98% du travail est fait, les acteurs américains ont déjà génialement incarné les personnages. À nous de retrouver cette énergie et de refaire passer ces émotions. J'y mets tout mon coeur mais imprimer ma "marque" n'est pas ce que je cherche au départ.

Quel est votre marge de manoeuvre sur la caractérisation du personnage, les effets de voix, le timing... ? La caractérisation des personnages, le timing, tout ça est déjà là quand on arrive au doublage. L'équipe qui nous dirige est super précise, ce qui n'empêche jamais de faire des propositions. Si j'enregistre toujours ce qui est écrit, ça peut m'arriver de tenter une ou plusieurs versions alternatives d'une réplique, si je la sens mieux. Après, ils choisissent de garder ou pas au mixage final. Pour les voix, Mike Myers a donné à Shrek un accent écossais. J'ai pris une voix légèrement plus éraillée que la mienne au naturel. Un râpeux presqu'artificiel, comme pour dissimuler la fragilité intérieure de Shrek. C'est un ogre très très sensible...

Vous avez rencontré Jeffrey Katzenberg ? Une anecdote ? Un sentiment sur le producteur  ? Jeffrey Katzenberg est un génie. Il a un sixième sens pour déceler une histoire universelle, il adore et a un grand respect pour les artistes et c'est un travailleur infatigable. Chaque rencontre avec lui a été un vrai moment. J'ai le souvenir d'un déjeuner ensemble à Cannes pendant le Festival. Il était totalement disponible alors qu'il avait, en tant que patron de Dreamworks, environ 2356 trucs à faire j'imagine. Une heure après, je prenais un café avec un producteur français qui a passé la moitié du rendez-vous au téléphone. Le contraste était instructif.

Katzenberg explique souvent que la marque de DreamWorks, ce qui peut caractériser TOUS les films du studio, c'est l'humour (edgy). Qu'est-ce que vous pensez de cette affirmation ? Qu'est-ce que vous pensez surtout de l'humour DreamWorks ? Quand on voit les acteurs choisis par Dreamworks - Mike Myers, Eddie Murphy, Cameron Diaz pour Shrek, Jack Black pour Kung Fu Panda, Will Ferrell, Jonah Hill ou Tina Fey pour Megamind, Ben Stiller et Chris Rock pour Madagascar, Jerry Seinfeld pour Bee Movie, etc. - ça donne quand même une bonne idée de l'esprit. Je suis un grand fan de tous ces comédiens et comédiennes. La marrade est une mission pour eux et toute leur énergie va dans ce sens. C'est très inspirant.

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Est-ce que vous avez pu rencontrer Mike Meyers ? Et si oui, que se disent deux Shreks qui se rencontrent ? J'ai rencontré Mike Myers plusieurs fois pour Shrek et une fois, il y a longtemps, pour lui proposer le rôle de Didier, quand il était question d'un remake américain. Du coup, on a beaucoup parlé de chiens...

Votre film DreamWorks préféré ? A part la saga Shrek bien sur, je suis un grand grand fan de Kung Fu Panda. Le premier est pour moi un pur chef d'oeuvre. Et j'adore tous les Madagascar (avec une préférence pour le personnage de Marty, le Zèbre joué par Chris Rock).

Votre scène DreamWorks préférée ? La scène ou Shrek explique à l'âne que les ogres sont comme des oignons. Elle raconte bien le tumulte intérieur qui agite Shrek en permanence.

Votre réplique DreamWorks préférée ? Dans Shrek (encore, je sais...) : L'âne - "And in the morning.... I'm making waffles !" (pour la façon dont Eddie Murphy dit "waffles").

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