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Un film d'échecsSous-sous-genre du sport’s movie, le « film d’échecs » est une équation visuelle difficile à résoudre. Faut-il filmer l’échiquier ? Les pièces en gros plan ? Le public ? Les joueurs en train de réfléchir ? Tout ça à la fois ? Entre la partie de poker (les visages, la tension, le stand off) et la partie de Mahjong (les à côté plus importants que le match lui-même), les deux « classiques » du genre seraient Face à Face (Carl Schenkel, 1992) et La Diagonale du fou (Richard Dembo, 1984), tellement inspiré du match Fischer/Spasky qu’on pardonnera à Zwick de s’y référer ouvertement.Un film de guerre froideDéclinable presque à l’infini : d’est en ouest, à bord de sous-marins nucléaires ou d’avions de chasse, avec ou sans violence, avec ou sans espions, avec ou sans la crise des missiles de Cuba, avec des cosmonautes ou des astronautes etc. Dans Le Prodige, Zwick nous plonge au cœur du problème : le match Boris Spassky / Bobby Fischer était devenu en 1972 le symbole d’une lutte pour la suprématie intellectuelle d’un Bloc sur l’autre, avec coups fourrés (mises sur écoute, filatures) et pression politique et médiatique de dingue, dont Fischer ne se remit jamais tout à fait.>> De Légendes d'Automne au Prodige, l'étonnante filmo d'">>>> De Légendes d'Automne au Prodige, l'étonnante filmo d'Edward ZwickUn film de maniaco-dépressifSans doute l’angle (mental, stylisé, halluciné) qu’aurait privilégié David Fincher, qui devait dans un premier temps réaliser le film : à mi-chemin entre le génie, le dingo et l’autiste, son quasi-homonyme Fischer jouait en robe de chambre, entendait (littéralement) les mouches voler et perdait la boule en même temps qu’il gagnait la partie. Parano, schizo, maniaco, le personnage peut se voir comme un avatar du Russell Crowe de Un homme d’exception (2001) de Ron Howard (lui aussi perturbé par les Russes) ou, plus récemment, du Brian Wilson joué par Paul Dano et John Cusack dans Love and Mercy.>> Le Prodige, un "">>>> Le Prodige, un "Tobey Maguire movie" ultimeUn Tobey Maguire movieLongtemps un genre en soi. De Ice Storm (Ang Lee, 1997) à Seabiscuit (Gary Ross, 2003), en passant par Chevauchée avec le Diable (Ang Lee, 1999) ou Pleasantville (heu… Gary Ross, 1998), la bouille poupine de Tobey Maguire était synonyme de mélos-portraits initiatiques de jeunes Américains plus ou moins Fitzgeraldiens (il finira d’ailleurs par jouer Nick dans le Gatsby de Luhrmann et DiCaprio en 2013). En poussant un peu, même ses Spider-Man pourraient être envisagés sous cet angle. Le Prodige, lui, est un vrai retour aux sources du Tobey movie, yeux écarquillés, découverte du monde, perte de l’innocence et des illusions.Guillaume BonnetLe Prodige d'Edward Zwick avec Tobey Maguire, Liev Schreiber, Peter Sarsgaard sort le 16 septembre dans les salles