Affiches Sorties de la semaine du 23 juillet 2025
Walt Disney Company France/ The Jokers Films/ ARP

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LES 4 FANTASTIQUES : PREMIERS PAS ★★★☆☆

De Matt Shakman

L’essentiel

Si les premiers essais sur grand écran furent désastreux, l’historique quatuor Marvel a le droit à une nouvelle chance. Surprise, c’est très réussi.

On est d’abord surpris ici par l’épure du trait. Le rétro s’assume, un carton annonce « Terre : 828 » mais on nous ment, ce sont les sixties où les 4 Fantastiques - un couple attendant son premier enfant, un beau-frère et un meilleur ami - sont un peu seuls au monde avec un périmètre d’action réduit au départ à un magnifique penthouse au design high tech. Avant de devoir s’employer pour sauver une humanité menacée d’extinction par un géant glouton qui veut faire main basse sur leur... nouveau-né ! La caméra de Matt Shakman (Wandavision) ne joue pas des coudes, reste à sa bonne place le regard dans le rétro du comics originel jusqu'à son final godzillesque d’une étonnante beauté (et sobriété) visuelle. Ce film-là, malgré son bleu rutilant broie du noir. Angoissantes sixties au reflet pas si lointain. Shakman, lui, va jusqu’à citer le 2001 de Kubrick s’émerveillant de la beauté des vaisseaux jouant aux poupées russes. C’est peut-être cette innocence-là qui s’était perdue en route dans les films de super- héros en général et Marvel en particulier. Et que ce rétropédalage narratif et esthétique des franchises tente de retrouver. Vintage, rétro, peut-être, mais pas réac’, ces 4 Fantastiques, lucides sur eux-mêmes, réenchantent un imaginaire fatigué. Profitons-en avant que nos amis soient avalés par l’orge Avengers comme le laisse supposer la promotionnelle scène post-générique. 

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

THE THINGS YOU KILL ★★★★☆

De Alireza Khatami

Prof de littérature trentenaire, Ali enseigne les classiques occidentaux à des étudiants blasés quand tout commence à se déliter autour de lui. Sa femme veut un enfant qu'il ne peut lui donner, son père le méprise ouvertement, sa mère grabataire réclame des soins constants. C’est le début d’une odyssée mentale vertigineuse qu’Alireza Khatami (Chroniques de Téhéran ) orchestre avec la précision d'un horloger diabolique pour disséquer les rouages de la violence patriarcale. Visuellement, c’est du Kiarostami revu par Lynch. L’image se floute et se refocalise, la caméra tangue comme après un réveil laborieux et chaque geste prend une signification surréaliste. Et, au fond, ce que Khatami met en scène, c’est une réflexion (troublante) sur la transmission toxique de la masculinité. Il emprunte au cinéma d'art et d'essai ses codes formels tout en questionnant son héritage culturel. C’est glaçant et spectaculaire, le cinéma turc tient son Shining anatolien

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A AIME

DANGEROUS ANIMALS ★★★☆☆

De Sean Byrne

Et si on vous disait que Dangerous Animals est tout simplement le meilleur film de requin avec un serial killer ? Certes, la concurrence est faible, mais la promesse est alléchante et tenue de bout en bout par cette vraie bonne série B, solide, joyeuse et parfaitement consciente de son statut. L’histoire est sans chichis : une surfeuse intrépide se fait kidnapper par un tueur en série obsédé par les requins. Séquestrée sur son bateau, elle va tout faire pour tenter de ne pas servir de dîner aux squales… Les bases sont posées en quelques minutes avec des personnages efficacement dessinés. Byrne, appuyé par une photographie léchée, utilise le moindre recoin du rafiot pour créer de la tension et donne vie à des scènes très ludiques, où il détricote les clichés et les attentes. On sent constamment l’amour du genre mais tout est savamment pensé pour élever le film au niveau supérieur. Sans doute la séance la plus cool de votre été.

François Léger

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AUX JOURS QUI VIENNENT ★★★☆☆

De Nathalie Najem

Alors qu’elle se remet d’une relation toxique qui a pourri sa vie et celle de sa fille, Laura voit ressurgir dans sa vie des traumas à peine enfouis quand la nouvelle petite amie de son ex, victime elle aussi d’une emprise dévastatrice, l’appelle à l’aide. Pour son premier long, Nathalie Sajem signe un récit à la fois implacable et dénué de tout manichéisme sur les violences conjugales. Où Bastien Bouillon traduit par son interprétation glaçante toute la violence morale et physique de situations étouffantes que la cinéaste filme toujours à bonne distance, sans jamais forcer le trait.

Thierry Cheze

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POOJA, SIR ★★★☆☆

De Deepak Rauniyar

Une femme flic dans un effectif policier composée à 95 % d’hommes. Une femme aimant les femmes, à la coupe de cheveux courte qui, se faisant appeler Monsieur, renie son genre pour être le plus transparente possible. Voilà pour le personnage central de ce film (qui rappelle l’excellent Santosh sorti l’été 2024) qui se retrouve chargée d’une affaire d’enlèvement dans une petite ville du Népal. Ne cherchant jamais à occidentaliser son propos pour rendre son film exportable, Deepak Raunyar nous plonge ici dans les nombreuses tensions entre communauté que connaît ce mini- Etat comptant une soixantaine d’ethnies et de castes différentes, sans peur de nous perdre. Car conscient que son passionnant personnage principal et sa manière de toujours taire ses doutes servira de fil rouge à une intrigue passionnante car remarquablement équilibrée entre enquête policière, récit queer et portait d’un pays gangréné par la corruption.

Thierry Cheze

SORRY, BABY ★★★☆☆

De Eva Victor

Devant et derrière la caméra, Eva Victor signe un film passionnant, captivant, déroutant (qui a clôturé en beauté la Quinzaine des Cinéastes cannoise 2025) sur une jeune prof tentant de se reconstruire après avoir été victime d’une agression sexuelle. Avec un récit jouant sur les flashbacks et les flashforwards pour traduire au plus près ce qui se passe dans la tête de cette vingtenaire tentant de se projeter dans le futur sans pouvoir effacer de sa mémoire le passé. Le tout avec une maîtrise remarquable pour un premier long métrage.

Thierry Cheze

VITTORIA ★★★☆☆

De Alessandro Cassigoli

Sous le soleil de Naples se dessine l’histoire de Jasmine, coiffeuse, mariée, et mère de trois garçons. Chaque nuit, c’est toujours le même rêve qui l’obsède : l’apparition de son défunt père, et d’une petite fille qui finit toujours par la rejoindre. Elle se met alors en tête d’adopter une fille. Avec ce quatrième long métrage, leur premier à sortir dans les salles françaises, Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman passent au peigne fin l’intimité d’une famille bousculée par ce besoin de maternité devenu viscéral. Vittoria utilise les codes du documentaire - maîtrisés par les cinéastes - pour dresser un portrait sinueux mais authentique de ce processus d’adoption laborieux, parfois au prix de quelques anomalies. Mais Vittoria raconte aussi, avec pudeur, les divergences d’un couple et le deuil d’un père encore à vif. Dès le début, on peine à lire le personnage de Jasmine, puis les masques tombent dans une scène de fin pleine de tendresse qui rappelle qu’accueillir et aimer un enfant, c’est sans condition.

Marie Janeyriat

RENARD ET LAPINE SAUVENT LA FORÊT ★★★☆☆

De Mascha Halberstad

Chouette, le nouveau film de la réalisatrice du réjouissant Chonchon, le plus mignon des cochons (2022) ! Après la comédie scato vegan, elle adapte sur grand écran sa propre série télé (adaptée d’un livre pour enfants) où une bande d’animaux cools luttent contre un castor mégalo, sorte de Saroumane rongeur qui veut raser la forêt et la transformer en lac géant. C’est marrant, plein de bonnes références (James Bond, Chicken Run), bien dessiné, rythmé par une super musique… Que demander de plus ?

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

FRANTZ FANON ★★☆☆☆

De Abdenour Zahzah

Deux mois après le film de Jean- Claude Barny (qui a connu un vif succès avec plus de 150 000 entrées à la clé), revoici Frantz Fanon, héros d’un autre film qui se concentre exactement sur la même période. Ces années – entre 1953 et 1956 - où ce psychiatre et cet essayiste français originaire de la Martinique, l’auteur des Damnés de la Terre et co- fondateur du courant de pensée tiers- mondiste fut chef de service à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie. Le réalisateur Abdenour Zanah connaît son sujet sur le bout des doigts pour avoir déjà consacré un documentaire, Mémoire d’asile, sur cette partie- là, pas la plus spontanément connue de son existence. Mais son parti pris formel (le noir et blanc) et plus encore la théâtralité qu’il a souhaité impulser dans les dialogues et par ricochet leurs interprétations – aussi ambitieux soit- il – crée une distance avec son propos et finit hélas parfois par le rendre inaudible. A l’inverse de la démarche de Jean- Claude Barny, où la pédagogie et l’artistique cohabitaient sans que l’un étouffe l’autre.

Thierry Cheze

MY FATHER’S SON ★★☆☆☆

De Qiu Sheng

Pour son tout premier long métrage à sortir dans les salles françaises, le chinois Qiu Sheng propose un récit en deux temps. On y suit d’abord un ado de 18 ans qui, sur le point de rentrer à la fac, apprend la mort de son père, homme taiseux et surtout brutal qui lui a légué sa passion sur la boxe tout en ne limitant pas les coups qu’il lui donnait au seul cadre des rings. Puis on le retrouve des années plus tard, où l’ingénieur qu’il est devenu a développé, avec l’aide de l’intelligence artificielle, un logiciel d’entraînement de boxe, en modélisant un adversaire virtuel… reprenant les traits de son père, qui va peu à peu lui échapper. En termes de mise en scène, Qiu Sheng touche juste par son esthétique stylée et élégante qui offre le plus beaux des écrins à son récit. Mais c’est dans la conduite de ce récit que le bât blesse. Où les moments trop artificiellement nébuleux côtoient des séquences où le cinéaste a, à l’inverse, un peu trop tendance à appuyer les choses dans cette réflexion sur des rapports père- fils violents et douloureux qui se poursuivent par- delà la mort. Inégal donc mais intrigant.

Thierry Cheze

 

Et aussi                                                                                                                    

Comme des riches, de Amin Harfouch