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When Evil lurks

Acclamé dans de nombreux festivals depuis l’année dernière, When Evil Lurks fait partie de ces pépites qui font leur notoriété avant même leur sortie officielle. Le long métrage de Demián Rugna (qui réalisait jusqu’alors des films d’horreur qui peinaient à faire du bruit au-delà de l’Amérique du Sud) apporte sa pierre à l’édifice du genre de la possession. Dans l’Argentine profonde et superstitieuse, isolés au milieu de terres agricoles, deux employés découvrent que des évènements étranges sont causés par la présence d’un corps gangréné par un esprit démoniaque.

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Les Tortues

Difficile de ne pas s’ennuyer ferme devant les (més)aventures d’Henri et Thom, couple homosexuel dont 35 ans de vie commune a fini par faire naître un ennui et une fadeur de plus en plus insupportables pour le premier, flic à la retraite, pendant que le second, conscient du lien qui se délite jusqu’à la rupture, va tout faire pour rallumer la flamme endormie. Situations téléphonées, personnages archétypaux… on a connu David Lambert plus inspiré avec Hors les murs et Je suis à toi.

Thierry Chèze
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Roqya

Pour son premier long métrage, Saïd Belktibia a imaginé un thriller au sujet original puisqu’il aborde le recours croissant à la sorcellerie et aux sciences occultes qui sévit dans la France d’aujourd’hui. En se centrant sur l’histoire d’une femme indépendante qui se livre au trafic d’animaux exotiques mais qui se fait accuser de sorcellerie par les habitants de son quartier et se voit séparée de son fils, le cinéaste opte pour le film de traque et le récit à suspense.

Damien Leblanc
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Reines

Une habituée des vols et arnaques en tout genre évadée de prison, sa fille qu’elle a réussi à sortir des griffes des services sociaux et la conductrice d’un camion qu’elle a prise en otage pour tracer la route au cœur de l’Atlas forment le trio singulier de ce road movie mené tambour battant, la police à leurs trousses. L’ombre de Thelma et Louise plane sur ce récit rock n’roll à souhait qui célèbre les désirs de liberté féminine dans un Maroc ployant sur le poids du patriarcat.

Thierry Chèze
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Rapture

Depuis quand n’avait-on vu pareille nuit filmée au cinéma ? Dès son plan séquence introductif, stupéfiant de maîtrise, Rapture fait de l’obscurité son terrain de jeu, et la questionne sous toutes ses coutures. Le jeune Kasan vit dans un petit village au le nord-est de l’Inde, terrorisé par des étrangers qu’ils accusent de kidnapping d’enfants. La peur de l’obscurité de l’enfant se confond peu à peu avec les dérives obscurantistes de certains adultes, prêts à manipuler la peur du village pour leurs desseins personnels.

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Là où Dieu n'est pas

«Ici, c’est le purgatoire. Ici, vous choisissez entre le paradis et l’enfer.» Sous l’oeil et la caméra et de Mehran Tamadon, le réalisateur de ce documentaire consacré à la torture perpétrée par la République islamique d’Iran, trois réfugiés politiques rejouent, dans une grande restitution de deux heures, les gestes de leurs geôliers.

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La Morsure

À la fois conte nocturne à l’atmosphère fantastique, reconstitution d’une petite ville de province française en 1967 et métaphore du feu transgressif qui brûle chez la jeunesse avant le passage à l’âge adulte, le premier film de Romain de Saint-Blanquat ne manque pas d’allure. On y suit deux amies adolescentes, pensionnaires d’un lycée catholique strict, qui décident de faire le mur pour Mardi gras et vont atterrir dans une fête costumée à l’ambiance lugubre et vampirique.

Damien Leblanc
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Les Quatre âmes du coyote

Une résistance pacifique s’organise autour d’un pipeline qui traverse une réserve amérindienne : un vieil homme raconte à cette occasion le récit de la création du monde, des animaux et des êtres humains, et notamment la création de Coyote, un esprit polymorphe et trompeur. Les 4 âmes du Coyote s’empare de la mythologie pour raconter le monde : rien de bien neuf au programme, mais le film est complètement à rebours des films d’animation balisés et proprets qui arrivent régulièrement sur nos beaux écrans.

Sylvestre Picard
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Les Trois fantastiques

Un trio inséparable, des vélos, un village où tout le monde se connaît… Les Trois fantastiques remplit au premier abord toutes les cases du teen movie à la française, social en ayant gardé son « âme d’enfant ». Quelques signes orienteront rapidement le récit vers une ligne plus dure : la dernière usine s’apprête à fermer, le frère de Max sort de prison, la bande n’a pas encore réuni assez d’argent pour que tous partent en vacances ensemble, en dépit des différences de classes sociales.

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The Palace

Fanny Ardant dansant sur « Mambo N°5 » de Lou Bega pendant que son caniche diarrhéique souille les draps de sa chambre. Mickey Rourke révélant son crâne chauve après avoir fait tomber sa perruque trumpienne jaune paille.

Frédéric Foubert
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La Couleur dans les mains

Une jeune peintre en herbe nouvellement installée dans un studio parisien, se voit obligée de franciser le nom qui apparaît sur sa boîte aux lettres. Yasmine Bellifa devient ainsi Janine Beli. Un “détail” qui la renvoie à la mémoire de parents qu’elle n’a pas connus, victimes du terrorisme en Algérie, et qui transforme son expérience de la bohème en crise existentielle. Pour son troisième long, la romancière Nora Hamdi adapte l’une de ses œuvres dans une littérarité qui ne laisse aucune place aux sous-entendus que permettent les images.

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Super lion

Tout droit venu de Norvège, Super Lion, c’est le coming-of-age d’Evie, issue d’une famille de justiciers. Son rêve ? Prendre la relève. Du moins, c’est ce dont on l’a persuadée. Entraînée par une mamie rock’n’roll, Evie va faire tout son possible pour cocher toutes les cases d’une normalité établie par un papa à la M. Indestructible pas si « super » que ça. Malgré une structure quelque peu redondante, Rasmus A.

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Mon pire ennemi

Mojtaba, Hamzeh, Zar (Amir Ebrahimi, l’héroïne des Nuits de Masshad), ont en commun d’avoir été violemment interrogés par des agents de la République Islamique d’Iran. Entre témoignages et reconstitutions, Mehran Tamadon invite les victimes à se mettre dans la peau des tortionnaires et à faire souffrir les faux interrogés pour nous faire comprendre la violence du régime. Un dispositif qui crée le malaise sans hélas permettre de mieux appréhender l’ampleur de l’horreur en cours dans le pays. 

Emma Poesy

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La Vie selon Ann

Une comédie new-yorkaise sur le monde du travail et le BDSM. La rencontre entre Woody Allen et Lena Dunham ? En partie, la détresse existentielle du premier et l’acidité de la seconde en moins. Toutes les situations visent à souligner quelques malheurs contemporains ; et une vie sexuelle qui déroge un tantinet à la norme passerait presque pour un égarement. Quel dommage que l’actrice-réalisatrice choisisse une résolution si simpliste, alors que le cadre laissait à rêver tellement plus subversif…

Nicolas Moreno

Un homme en fuite (2024)
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Un homme en fuite

La ville de Rochebrune est en colère : le braquage d’un fourgon par un ouvrier contestataire provoque de violentes divisions. Un inconnu ténébreux et une flic tenace mènent l’enquête… Sous influence nordique, ce polar évolue maladroitement entre flashbacks et flashforwards, enchaîne les retournements de situations improbables, et peine à développer un véritable propos politique. Reste l’incroyable Pierre Lottin en voyou flegmatique, qui vole nettement la vedette au reste du casting.

Yohan Haddad

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Neuilly- Poissy

Neuilly Poissy. Bel oxymore géographique, qui résume les tensions de ce film-entonnoir (attrapant toutes les ritournelles sociétales du moment). On commence sur une histoire d’arnaque, on bifurque vers le film de prison façon OZ (la violence, le racisme), avant d’enchaîner sur un traité de cohabitation religieuse (car on est tous frères, au fond) qui s’abolit dans une hypothétique rédemption. Ca ne fonctionne jamais à cause de la caricature, des incohérences mais surtout parce que, à Neuilly comme à Poissy, les bons sentiments n’ont jamais fait de bons films.

Pierre Lunn
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La Mémoire éternelle

Elle, l’actrice et politicienne Paulina Urrutia, entretient la mémoire. Lui, le journaliste chilien Augusto Góngora, la perd. Dans ce documentaire intimiste, Maite Alberdi suit leur couple sur plusieurs années alors qu’Augusto lutte sans relâche contre Alzheimer. Mais plutôt que de dramatiser la maladie, la réalisatrice l’aborde avec légèreté et ausculte le dévouement sans faille de Paulina. Et de ces moments de tendresse et de rire, parsemés d’une affliction déchirante, seul l’amour inconditionnel demeure.

Lucie Chiquer
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Jeunesse, mon amour

Une bande d’amis de jeunesse qui se retrouvent, après des années qui ont peu à peu distendu le lien qui les unissait, le temps d’une après midi où les non- dits d’hier vont remonter à la surface. Pour son premier long métrage, Léo Fontaine a choisi d’arpenter un terrain tellement arpenté par le cinéma qu’il se révèle incapable de faire entendre une petite musique singulière, la faute à des personnages, des situations et des échanges trop enfermés dans des archétypes.

Thierry Chèze
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Comme un lundi

Un film de boucle temporelle, encore un ! Ça commence à devenir un brin répétitif, mais vous nous direz, c’est l’idée… Après des variations en mode horreur (Happy Birthdead), comédie romantique (Palm Springs), SF (Edge of Tomorrow), et on en passe, Comme un lundi décline le concept façon comédie de bureau – logique, la vie en open-space ayant en soi un côté Un jour sans fin… Ici, il est question des employés d’une agence de pub japonaise qui se retrouvent à revivre indéfiniment la même semaine.

Frédéric Foubert
Blaga's Lessons (2024)
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Blaga's lessons

Dans Taxi Sofia sa précédente fiction sortie chez nous le bulgare Stephan Komandarev auscultait l’absurdité et la violence de la société de son pays portant encore en elle les stigmates de sa période communiste. Son héros un chauffeur de taxi pris dans des magouilles se retrouvait acculé de dettes et choisissait d’en finir. Le film dressait le portrait d’un pays sans repère. C’est au tour de Blaga de se retrouver confrontée au chaos.

Thomas Baurez
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Film annonce du film qui n’existera jamais, « drôles de guerres »

La voix de Jean-Luc Godard est intimement liée à ses images depuis les fameuses Histoire(s) du cinéma de 1998, où, positionnée en surplomb, elle véhiculait ses pensées dont la caverneuse diction imprimait un rythme solennel. Godard, homme de mots, de son et d’images-mouvements « qui viendraient de loin » comme on l’entend dans un murmure au début de cette « bande-annonce » d’un film qui n’existera donc jamais.

Thomas Baurez
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Blue & compagnie

Un auteur peut-il se réinventer dès son deuxième film ? Avec le carton de Sans un bruit, John Krasinski était devenu, aux yeux de l’industrie du moins, un cinéaste. Après un Sans un bruit 2 pas trop mal dans le genre -et sorti pile pour la réouverture des salles post-Covid- il essaie déjà de se réinventer, donc pour son troisième film seulement. On pourrait même dire : pour son deuxième film, tant Sans un bruit 2 était une redite efficace du premier.

Sylvestre Picard
L'Esprit Coubertin
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L'Esprit Coubertin

Comédie non-sensique sur les JO, mélange de slapstick, de satire mauvais esprit et portrait hilarant d’un inadapté social, le premier film de Jérémie Sein est un OVNI dans lequel Benjamin Voisin impose ce qu’on appelle une véritable vis comica : il a trouvé son clown. Le jeune acteur incarne Paul, un champion de tir surdoué, un peu gauche et très puceau, qui se retrouve au village olympique pour les JO de Paris. Alors que la délégation Française multiplie les échecs, Paul va devenir la dernière chance de médaille.

Gael Golhen
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Une affaire de principe

En 2012, José Bové, député européen, met le nez dans une conspiration mêlant instances européennes et lobbies du tabac, partant de l’affaire Dalli (un Commissaire Européen accusé à tort de corruption) jusqu’à la directive en préparation des paquets de cigarettes neutres. Antoine Raimbault (réalisateur du remarquable Une intime conviction) décide d’en faire un thriller de bureau où Bouli Lanners arpente les couloirs du Parlement et de la Commission européenne, de Strasbourg à Bruxelles, sous les traits du paysan révolutionnaire.

Lucie Chiquer
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Le Tableau volé

Un Egon Schiele spolié par les nazis réapparait dans un pavillon ouvrier. Pas n’importe lequel, il s’agit des Tournesols fanés vendu - pour de vrai - chez Christie’s 17.2 millions d’euros en 2006. Dans ce film de Pascal Bonitzer on n’en est pas encore là. Il s’agit pour les pros du secteur de mettre la main dessus, de se faire mousser avant d’opérer son dévoilement. Le drame qui se joue non sans malice, est de faire co-exister des mondes qui ne se touchent pas forcément.

Thomas Baurez
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Le Silence de Sibel

Dans un village de Yazidis, un groupe armé de Daech massacre une famille kurde dont la mère refuse de porter l’hijab. Sibel, 13 ans, y est kidnappée et réduite à l’esclavage sexuel. Mais l’atrocité de l’ouverture du film est vite remplacée par un quotidien ordinaire alors que Sibel est recueillie en France par une femme qui tente en vain de lui imposer une vie « normale ». Mais en exploitant à outrance la portée dramatique de son vécu (non sans paternalisme) dans cette fiction, Sibel devient une martyre sans voix ni cible.

Bastien Assié

Petites mains (2024)
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Petites mains

Révélé par le convaincant Placés, Nessim Chikhaoui s’inspire pour son deuxième long de la grève des femmes de chambre externalisées des grands hôtels de 2019 (d’où a émergé la figure de Rachel Kéké, devenue députée). Mais il ne parvient pas cette fois- ci à dépasser le stade des bonnes intentions au fil d’un récit où on ne cesse de penser qu’un documentaire aurait été une forme plus appropriée. Reste toujours un vrai sens du casting, symbolisé par le fait de voir (enfin !!!!) Corinne Masiero dans un rôle aux antipodes de Marleau.

Thierry Chèze
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L'Ombre du feu

Au Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rencontre de trois solitudes dans un bar délabré : une jeune femme vivant en recluse, un soldat traumatisé par les combats et un gamin des rues… Shinya Tsukamoto, le réalisateur de Tetsuo, conclut sa « trilogie de la guerre » (après Fires on the plain et Killing) avec ce film minimaliste et saisissant. Dans une première partie en huis-clos, où l’on sent palpiter très puissamment hors-champ la destruction et le chaos, il brosse des portrais humains touchants, filmant ses acteurs au plus près.

Frédéric Foubert
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Même si tu vas sur la lune

Accueillis par un professeur d’université, quatre étudiants réfugiés syriens racontent leurs vies passées dans un pays en guerre, leurs souvenirs en France et leurs projets d’avenir. Entre les allers-retours du noir et blanc à la couleur et les passages en animation, le documentaire tente de dynamiser leurs témoignages mais peine à dépasser la monotonie des séquences. Laurent Rodriguez compile les bribes de vies quotidiennes de ces jeunes en quête d’une identité politique et culturelle.

Bastien Assié

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La Fleur de Buriti

Au Brésil, la culture du soja entraîne le déboisement de 10 000 km2 de forêt amazonienne par an. Ce film primé à Cannes dans la section Un Certain Regard l’an passé s’intéresse au peuple Krahô qui y vit et dont la culture ancestrale se trouve gravement menacée. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction - parlons plutôt d’un film-rêve - cette Fleur du Buriti nous plonge au cœur du quotidien de ces hommes, femmes et enfants en total symbiose avec leur environnement.

Thomas Baurez