Si dans l’espace, personne ne vous entend crier, qu’en est-il sur Terre ? Oui, la série Alien fait peur, mais pas que ! Une passionnante réflexion SF se cache derrière les créatures. À voir sur Disney Plus.
Noah Hawley métamorphe le Xénomorphe !
Avec Alien : Earth, le créateur s’attaque à l’un des monuments de la science-fiction horrifique, et le fait avec la même audace qui avait marqué son Fargo — hommage virtuose et réinvention de l’univers des frères Coen — puis son Legion, relecture psychédélique et anti-conventionnelle de l’univers X-Men, loin des tropismes marveliens. Ici encore, il impose son style, rigoureux, réfléchi, ancré dans une vision et un sens des personnages rare.
Dans Alien : Earth, l'histoire se déroule en l'an 2120. La Terre a entamé sa conquête des étoiles, et la science n'en finit plus de progresser. Si bien qu'on trouve désormais des cyborgs (des humains augmentés) ou des Synthétiques (des androïdes) au sein de la population. Mais cette course au progrès a eu un coût : les démocraties se sont effondrées laissant place à une ploutocratie corporatiste. En clair, 5 grosses compagnies de la Tech se partagent désormais le pouvoir sur Terre et dirigent les peuples. Il n'y a plus de citoyens. Que des salariés, avec des contrats à respecter, un travail à effectuer, en échange d'une vie plus ou moins confortable. Parmi ces entreprises, la Weyland-Yutani Corporation - bien connue des fans de la saga - a entrepris une mission spatiale pour ramener sur Terre des organismes extraterrestres à exploiter. Mauvaise idée. Les espèces collectées s'échappent, provoquant le crash du vaisseau sur notre planète. Evidemment, il y a un Xénomorphe dans le lot...
Pour donner du corps à Alien : Earth, Hawley ne se contente pas de rejouer les partitions connues. Le showrunner s’intéresse autant à la créature reptilienne — légende absolue du 7e art, prédateur parfait et hôte cauchemardesque — qu’au monde qui l’entoure. Il creuse le sous-texte politique et social de la franchise : un futur dévoré par le corporatisme, où la vie humaine ne pèse rien face au profit. Fidèle à la culture SF, il pose mille questions sur l’avenir et sur l’humanité, sans jamais prétendre apporter de réponses définitives. Ridley Scott, figure tutélaire de la saga, n’a été consulté qu’à titre purement symbolique. Le maître a pu donner son avis, mais cette vision, c'est bien celle de Hawley.
Avec ses 8 épisodes, Alien : Earth a le temps d’installer un nouveau décor, et surtout des personnages passionnants, à commencer par Wendy, jouée par une Sydney Chandler au regard hypnotique ou l'affreux Boy Kavalier - le garçon génie de la tech qui titille astucieusement les figures à la Elon Musk. Ce format long permet d’aller plus loin que la tension brute d’un Alien : Romulus (dernier volet cinéma, sorti en 2024). Là où le film jouait la carte de la survie pure et dure, Alien: Earth explore la lutte des classes, le désespoir d’une humanité broyée par les multinationales.
L’idée maîtresse d'Alien : Earth, presque subversive pour la franchise, c’est donc de ramener l’action à notre niveau. Pour la première fois, un Alien se joue intégralement sur Terre. Et si, dans l’espace, personne ne vous entend crier, qu’en est-il ici-bas ? Pas d'inquiétude à avoir. Noah Hawley assume pleinement l’héritage horrifique de la franchise. Les Xénomorphes y sont omniprésents, au moins aussi terrifiants qu'à l'époque. Mais ils sont rejoints - en bonus - par d’autres abominations venues d’ailleurs, tout aussi glaçantes. Mention spéciale à cette créature oculaire hyper-intelligente, qui s'installe dans l'orbite de son hôte pour mieux en prendre le contrôle... Avec son budget colossal avoisinant les 250 millions de dollars estimés, Hawley a eu les moyens de ses ambitions XXL. Il réussit à régénérer la saga, en mêlant effroi viscéral et réflexion sociale. Peut-être ce que la franchise a fait de mieux depuis James Cameron.
Alien : Earth, saison 1 en 8 épisodes, diffusée sur Disney Plus du 13 août au 23 septembre 2025.







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