Remake par Guy Ritchie du Convoyeur de Nicolas Boukhrief, où brille une fois encore Jason Statham.
« Who is a man that is not angry ? » demande Alcibiade aux Sénateurs. C’est dans la pièce de Shakespeare, Timon d’Athènes : quel est l’homme qui ne se mette en colère ? Certainement pas Statham dont c’est depuis vingt ans le fond de commerce : volonté de destruction massive, boule de rage qui débarque dans les films avec l’intention de multiplier les pains, et de tout ravager. Statham incarne au fond une certaine idée du film noir qu’on aime beaucoup par ici : flegme pulp, règlements de comptes kaboom, vie à mort et brutalité fracassante. C’est une esthétique. Ca tombe bien, elle fonctionne à plein régime dans le nouveau Guy Ritchie. Plus qu’un acteur, il est ici un concept. Sanglé dans son costard anglais, avec sa carrure implacable, Statham est fabuleux dans cette revenge story taillée sur mesure. Un Homme en colère est le remake du Convoyeur mais ressemble finalement plus à un tombeau pour le Stath’. En déconstruisant le récit, en multipliant les ellipses et les syncopes narratives, Ritchie souligne la sauvagerie du héros dont on ne comprend que très tard les motivations. Stress, bastons, poursuites et vandalisme, n’ont aucun sens avant qu’on ne pige pourquoi cet homme est aussi fou que mystérieux.
Très british, très burnée, avec ce côté frimeur qu’on affectionne parfois (les « têtes de chapitres » des différentes sections du film) la mise en scène de Ritchie transforme le polar social de Boukhrief en tragédie pseudo-shakespearienne (on y revient) entièrement dévouée à son héros granitique.
De Guy Ritchie. Avec Jason Statham, Jeffrey Donovan, Josh Hartnett… Durée 1h58. Sortie le 16 juin 2021
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