Dans un Ouest calciné, un homme reconstruit sa vie planche après planche. Un film de cendres et de silence à la densité magnifique.
Comment (se) reconstruire quand tout a brûlé ? C’est la question que posent deux films en apesanteur qui sortent ce mois-ci et se répondent malgré des genres et des époques différentes - Train Dreams sur Netflix et ce Rebuilding. Dans un coin du Colorado dévasté par un incendie, un homme tente de rebâtir ce qu’il a perdu - sa maison, son passé - et, pourquoi pas, de redonner un sens à sa vie. C’est le point de départ de cette chronique d’après-désastre. Pas de drame tonitruant ici : seulement la patience du quotidien, la lente couture des plaies et la renaissance qui passe par la communauté. Max Walker-Silverman filme la reconstruction comme un acte de foi silencieux, à la lisière du documentaire, refusant le pathos au profit d’une vérité nue.
Au centre, dans sa retenue, dans la lenteur de son regard, Josh O’Connor rejoint la lignée des solitaires de l’Ouest : stoïque, pudique, presque spectral. Sa présence donne au film une densité magnifique, comme si l’Amérique se reflétait à travers sa silhouette fatiguée. O’Connor incarne moins un personnage qu’une idée qu’il trimballe depuis quelques mois dans tous ses films (de Mastermind de Kelly Reichardt au Son des souvenirs, découverts à Cannes) : celle d’un pays qui se reconstruit à mesure qu’il s’efface. Face à lui, le réalisateur pousse le minimalisme jusqu’à l’ascèse. Chaque plan semble taillé dans le bois, chaque son respire la poussière. Rebuilding rejoint cette famille de films qui croient encore à la beauté du réel - une americana des décombres, tendre et sans emphase. Peu de choses s’y passent, et pourtant tout s’y joue : la dignité d’exister malgré la perte. La lumière revient toujours après le feu.
De Max Walker-Silverman. Avec Jack O’Connor, Meghan Fany, Kali Reis... Durée 1 h 35. Sortie le 17 décembre 2025







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