John Carter
Disney

Le film de SF revient dimanche soir sur W9.

En 2011, au moment où la bande-annonce de John Carter arrivait sur le web, Première avait pu rencontrer son réalisateur, Andrew Stanton, le génie du studio Pixar à qui l’on doit Le monde de Némo et Wall-E. Pour son premier projet en live action, l'artiste s'attelait directement à un projet ambitieux : la série de romans signée Edgar Rice Burroughs (Tarzan) a été publiée au début du XXe siècle et raconte les aventures d’un terrien (John Carter) envoyé sur Mars et mêlé à de multiples aventures. 

John Carter : Le film d’Andrew Stanton a un air familier… et c’est normal [critique]

En direct de San Francisco, Andrew Stanton est donc revenu sur sa passion pour ce serial et son projet artistique. Où il est question de pierre de Rosette, de martiens et de pyjamas gris. Extraits.
"A l’origine il y a la série d’Edgar Rice Burroughs. Pour la plupart des gens, Burroughs reste l’auteur de Tarzan ; c’est ce qui l’a rendu célèbre. J'avoue que les singes, la jungle et les animaux sauvages, c’est pas vraiment ma tasse de thé… Non, pour moi, Rice Burroughs, c’est John Carter of Mars. J’avais 12 ans quand j’ai découvert la série et c’est tout de suite devenu mes Harry Potter. J’adorais l’univers, les visions SF et l’ampleur des aventures. Le pitch est d’une simplicité biblique : un étranger découvre une terre étrangère. Mais quand je suis tombé sur cette série à 12 ans, ça m’a transformé. J’aimais surtout la romance entre John et Dejah. Et il faut croire que je n’étais pas le seul. La série (11 livres en tout) a inspiré des générations entières. C’est la pierre de Rosette de la science-fiction. Sans ces livres pas de Star Wars, pas de Buck Rogers, pas d’Avatar même… Il y a eu un projet d’animation dans les années 30 ; Ray Harryhausen voulait s’en emparer dans les années 50. Dans les 80’s John McTiernan devait le faire avec Tom Cruise… Mais rien n'aboutit. Ca m’obsédait. Et au milieu de la production de Wall-E, quand les droits sont retombés, j’ai demandé à Disney de les acquérir. C’était le projet sur lequel je voulais travailler."

"Pourquoi Disney et pas Pixar ? Parce que Pixar s'adresse à tout le monde. Et je savais que pour réussir le film, il fallait que ce soit PG 13. Il y avait deux défis principaux. D’abord le look du film. Sachant que les ¾ de la SF dérivent de John Carter of Mars, je ne voulais pas donner l’impression de recopier Star Wars par exemple. On a donc choisi le réalisme. Il fallait que le spectateur pense que le monde que découvre John, le monde de Mars, existe vraiment. Comme si quelqu’un était allé là-bas. J’ai presque travaillé le design du film comme s’il s’agissait d’un film historique, mais qui traiterait d’une période dont il ne nous reste rien. L’autre défi c’était les personnages. J’avoue : les héros de Rice Burroughs sont un peu archétypaux. Il fallait les approfondir, leur donner un peu de chair. Le casting fut l’étape la plus importante. Pour les deux personnages principaux, pour John et Dejah il me fallait deux acteurs peu connus (pour permettre une identification plus facile au spectateur). Taylor Kitsch et Lynn Collins sont parfaits. Ils ont une réelle alchimie entre eux. Et puis, il y avait les deux Tharks ! Même s’ils n’ont techniquement aucune présence à l’écran, il me fallait des acteurs géniaux pour les rôles. C’est un truc que j’ai appris chez Pixar. Pour avoir un grand personnage il te faut : une bonne voix, des yeux expressif et de l’acting. J’ai tout de suite pensé à Willem Dafoe et Samantha Morton. Ils ont tout de suite accepté ce qui confirmait ce que je pensais. J’ai toujours cru que ce qui te bouleverse à 12 ans est essentiel dans ta construction personnelle. Que c’est quelque chose qui te définit VRAIMENT. Mais ce qui me paraît encore plus fou, c’est que ça fasse écho chez les autres. Finalement, c’est le propre de l’enfance et c’est ce que j’ai essayé de retrouver avec John Carter…" 
Propos recueillis par Gaël Golhen