Les Liaisons dangereuses
Warner Bros

Ce soir à la télévision, la formidable adaptation de Choderlos de Laclos signée Stephen Frears est rediffusée sur Arte. Plus qu'un classique, un chef d'œuvre. "Et, pour une fois, le mot n'est pas trop fort" écrivait Première dès sa sortie en salle.

Le livre de Pierre Choderlos de Laclos (publié en 1782) n'en finit pas d'être porté à l'écran, de Sexe Intentions jusqu'à sa version moderne made in Netflix. Mais bien évidement, l'adaptation des Liaisons dangereuses qu'il faut avoir vue, c'est celle de Stephen Frears, qui sera rediffusée ce soir sur Arte.

L'histoire de deux aristocrates brillants et spirituels, la marquise de Merteuil (Glenn Close) et le séduisant Vicomte de Valmont (John Malkovich), qui signent un pacte d'"inviolable amitié" à la fin de leur liaison. C'est au nom de celui-ci que la marquise demande à Valmont de séduire la candide Cecile de Volanges (Uma Thurman) qui doit prochainement épouser son ex-favori, M. de Bastide (Keanu Reeves). Mais Valmont a entrepris de séduire la vertueuse Mme de Tourvel (Michel Pfeiffer).



À sa sortie en mars 1989, le film a bluffé la rédaction de Première, comme l'écrivait Jean-Paul Chaillet dans sa critique de l'époque.

Rappelant qu'il s'agissait d'une adaptation de "la pièce du dramaturge anglais Christopher Hampton, elle-même inspirée du célèbre roman épistolaire de Choderlos de Laclos", celui-ci écrivait "Les Liaisons dangereuses, c'est d'abord une saisissante galerie de portraits dont les masques tombent, révélant la douloureuse prise de conscience du désarroi insondable de leurs existences."

Puis il détaillait le talent de chacun, de Glenn Close à Michelle Pfeiffer en passant par Uma Thurman, avec une "mention spéciale à John Malkovich, éblouissant de self-control, en constant équilibre sur le fil du rasoir périlleux d'un rôle qu'il habite de manière unique." Il concluait sa critique "coup de foudre" ainsi : "réunissant la rare alchimie d'une mise en scène étourdissante de virtuosité inventive et d'une direction d'acteurs à couper le souffle (…), Stephen Frears, aidé par le magnifique travail à la photo de Philippe Rousselot, fait de ses Liaisons dangereuses non seulement un film éminemment personnel mais le testament d'une époque. Jamais Frears ne se regarde filmer. La caméra est économe, l'objectif scrute les visages, cherchant à deviner les véritables sentiments des personnages pour exposer leur décrépitude ultime avec une indécence presque cruelle. La mise à nu est totale et frontale. Et le message douloureux – les tricheries de l'âme ne sont jamais récompensées et on meurt sans doute à chaque fois un petit peu plus de ne pas faire la différence entre le sexe et l'amour – est intemporel. Les Liaisons dangereuses est un chef-d'oeuvre à cause de ce télescopage en apothéose. Et, pour une fois, le mot n'est pas trop fort."

Chéri : Michelle Pfeiffer amoureuse et romantique