Martin Scorsese réunit Leonardo DiCaprio et Robert de Niro à Cannes [photos]
Abaca

Alors que l’acteur américain légendaire s’apprête à recevoir une Palme d’or d’honneur, retour sur cinq de ses plus mémorables séjours sur la Croisette.

La Palme d’or de Taxi Driver (1976)

Robert De Niro et son réalisateur alter ego Martin Scorsese étaient venus en repérage à Cannes dès leur premier film en commun, Mean Streets, qui avait électrisé la Quinzaine des Réalisateurs en 1974. Deux ans plus tard, ils rejoignent la sélection officielle avec la bombe Taxi Driver, qui finit par arracher la Palme d’or après des débats houleux. Le président du jury Tennessee Williams avait en effet déclaré publiquement qu’il n’aimait pas le film, mais celui-ci fut ardemment défendu par le juré Costa-Gavras et un fan nommé Sergio Leone – tous deux apparemment très convaincants. De Niro ne faisant à l’époque rien à moitié, il était aussi venu cette année-là avec un autre chef-d’œuvre,1900, de Bernardo Bertolucci, présenté hors compétition.

Robert de Niro et Martin Scorsese sur le tournage de Taxi Driver
Masheter Movie Archive / Alamy / Abaca

Il était une fois en Amérique hors compétition (1984)

Tiens, encore un chef-d’œuvre… Revenu à Cannes en 1983 pour ouvrir le festival avec La Valse des Pantins de l’ami Scorsese (finalement reparti bredouille de la compétition), l’acteur accompagne l’année suivante, hors compète, le Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Accueilli par le public cannois comme le monument qu’il est, le film sera charcuté par ses distributeurs américains, qui le sortent aux USA dans une version tronquée de 2h19 – alors que l’originale fait 3h49. De Niro organisera néanmoins une projection du director’s cut au Museum of Modern Art de New York pour des amis à lui et… les parents de Martin Scorsese ! Avant de revenir présenter à Cannes une version encore plus longue, augmentée de 20 minutes inédites, en 2012.



Une autre Palme pour Mission (1986)

Dix ans après Taxi Driver, De Niro et Scorsese sont de nouveau à Cannes, mais séparément. Le cinéaste présente After Hours – qui lui vaudra le Prix de la mise en scène. L’acteur, de son côté, est au générique de Mission, l’épopée historique de Roland Joffé sur les missionnaires jésuites dans l’Amérique du Sud du 18ème siècle – une Palme d’or (remise par Sydney Pollack) qui fera elle aussi beaucoup parler, mais pour des raisons inverses de Taxi Driver : le film est jugé trop académique, trop grand public, trop commercial. De fait, ce sera un gros succès en France : avec 2,5 millions d’entrées, c’est chez nous la 11ème Palme la plus populaire de l’histoire. Ce qui ne l’a pas empêché de finir par être un peu oubliée.



Président du jury (2011)

Des acteurs présidents du jury cannois ? On n’en compte que 8 en 78 éditions : Kirk Douglas, Dirk Bogarde, Yves Montand, Gérard Depardieu, Clint Eastwood (qui est à moitié cinéaste), Sean Penn, Vincent Lindon… Et Robert De Niro, donc, qui officia en 2011, et fit du bon boulot, en décernant l’une des plus belles Palmes d’or de récente mémoire, celle de The Tree of Life, de son compatriote Terrence Malick. Jean Dujardin en profita, en venant chercher son prix d’interprétation pour The Artist, pour se prosterner devant "le plus grand acteur du monde". Et fila jouer dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, histoire d’acter l’adoubement par De Niro.



Killers of the Flower Moon hors compétition (2023)

De Niro et Scorsese à Cannes ? Les sélectionneurs du festival tentent de les inviter dès qu’ils en ont l’occasion. Gilles Jacob raconte dans un livre de souvenirs les tractations infernales pour faire venir Les Affranchis sur la Croisette, tractations qui échouèrent car le producteur Irwin Winkler avait été vexé que Cannes n’ait pas retenu un film de son fils l’année précédente… En 2023, Thierry Frémaux réussit à convaincre le duo (et Apple Studios) de venir présenter Killers of the Flower Moon hors compétition – 40 ans tout rond après La Valse des Pantins. Les deux vétérans étaient cette fois-ci flanqués de leur héritier spirituel Leonardo DiCaprio. En conférence de presse, De Niro, souvent plus disert sur la vie politique US que sur son art, expliqua incarner dans le film un visage de "la banalité du mal", et compara son personnage de patriarche capitaliste maléfique à son ennemi juré Donald Trump.

Martin Scorsese réunit Leonardo DiCaprio et Robert de Niro à Cannes [photos]
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