Le Discours d'un roi
Wild Bunch

W9 rediffusera le long métrage oscarisé à 21h05, ce dimanche, à l'occasion des festivités organisées au Royaume-Uni tout le week-end autour du Couronnement de Charles III.

Le Discours d'un roi de Tom Hooper, sorti en salles en 2010, revient ce soir à la télévision. Rappelons qu'il a été couronné de quatre Oscars majeurs : celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour Colin Firth (un après son échec pour A Single Man de Tom Ford), et celui du meilleur scénario, venu récompenser le script de David Seidler. Si cette dernière récompense ne fut pas la plus médiatisée et commentée de toutes, elle a récompensé l'acharnement de ce qui fut le projet d'une vie pour le scénariste et dramaturge britannique.

Si l'histoire, bien réelle, de la lutte du roi George VI pour surmonter ses problèmes de bégaiement a touché le monde entier à l'écran, celle de la genèse du film de Hooper est toute aussi romanesque, pleine de rebondissements et de secrets jusqu'au plus haut sommet de la monarchie britannique. Cette histoire, longue et tumultueuse, qui a lié David Seidler au Discours d'un roi a duré plus de trente ans, et s'est soldée heureusement pour lui par un film applaudi par la critique et par un couronnement dans la plus prestigieuse cérémonie de récompenses. Un happy ending dont Hollywood raffole.

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Le veto de la Reine-Mère
La naissance du projet du Discours d'un roi remonte à beaucoup plus loin qu'on ne pourrait l'imaginer puisqu'elle débute à la fin des années 1970. Seidler s'installe à l'époque à Hollywood avec une idée en tête : écrire le scénario de la vie de George VI et de sa relation avec Lionel Logue, son orthophoniste australien aux méthodes peu orthodoxes. Lui-même atteint de bégaiement dès son plus jeune âge, David Seidler admirait George VI qu'il érigeait en modèle pour avoir surmonté ce trouble pour devenir un leader charismatique. Bloqué par le manque d'informations à sa disposition, le scénariste prit alors contact avec la fille de Lionel Logue, Valentine. Celle-ci accepta de lui raconter l'histoire de son père à une unique condition : il lui fallait l'accord préalable de la Reine-Mère en personne.

Mais le couperet tombe en 1982 : par une lettre de la secrétaire personnelle de la Reine-Mère, il est demandé à Seidler de ne pas mener son projet du vivant de la reine. La mort dans l'âme, l'écrivain décide de remiser le projet au placard et de se concentrer sur d'autres. Il avait déjà co-signé en 1978 le scénario de Tucker pour Francis Ford Coppola et écrira notamment celui du film d'animation Le Roi et moi en 1999.

À la mort de la Reine-Mère en 2002, Seidler semble néanmoins avoir tourné la page et décide de ne pas reprendre l'écriture du Discours d'un roi. Ce n'est que trois ans plus tard que le projet repartira de l'avant. Atteint d'un cancer, l'écrivain replonge dans le sujet au cours d'une séance de traitement et décide de reprendre ses recherches avec l'accord de la fille de Logue. Il découvre au passage qu'un de ses oncles, lui aussi bégayant étant enfant, avait été traité par le même Lionel Logue en personne, lui offrant quelques informations précieuses sur les méthodes de traitement du médecin. Seidler termine son premier jet fin 2005 mais Valentine Logue lui conseille alors de le retravailler, car trop cinématique, afin d'en faire une pièce de théâtre.

Une succession de signes du destin
Seidler propose alors son script à des compagnies théâtrales londoniennes, mais c'est un petit studio indépendant, Bedlam Productions, qui se montrera le plus intéressé par le texte. Un nouveau miracle se produit à l'occasion d'une lecture publique du scénario organisée pour un groupe d'expatriés australiens. Parmi eux se trouve la mère de Tom Hooper, née en Australie. C'est cette dernière qui convaincra le cinéaste de réaliser le projet pour le grand écran. Un autre membre du groupe se chargera pour sa part de délivrer en mains propres le script à Geoffrey Rush pour le convaincre d'incarner Logue dans le film, court-circuitant au passage son agent qui leur répondit par un mail incendiaire... avant de leur proposer de rencontrer son client.Alors que le scénariste avait envisagé de donner le rôle du roi George VI à Paul Bettany et que Hooper l'avait pour sa part proposé à Hugh Grant, c'est finalement Colin Firth qui héritera du rôle après les refus des deux premiers, qui peuvent encore s'en mordre les doigts.

Mais puisqu'il était écrit que l'histoire du Discours d'un roi serait riche en rebondissements, alors que le scénario était déjà terminé, la production du film a mis la main sur un véritable trésor à peine neuf semaines avant le début du tournage. Un cahier de notes appartenant à Logue est en effet retrouvé dans ses archives personnelles, évoquant notamment ses séances avec le roi. Le scénario est alors re-modifié pour incorporer quelques répliques réellement prononcées par Logue, notamment au cours de la scène finale où l'orthophoniste et son patient discutent du discours historique de l'entrée en guerre du Royaume-Uni que ce dernier vient de prononcer. Le tournage du Discours d'un roi débuta en décembre 2009 et dura une quarantaine de jours. La suite, ce sera un énorme succès mondial (400 millions de dollars de recettes, plus de trois millions d'entrées en France) et le triomphe aux Oscars de Tom Hooper, Colin Firth, mais aussi celui de David Seidler, qui avait enfin pu rendre hommage à l'idole de sa jeunesse.

Le synopsis du Discours d'un roi : D’après l’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Elizabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI (Colin Firth), suite à l’abdication de son frère Edouard VIII (Guy Pearce). D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et d’affronter ses peurs avec l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles (Geoffrey Rush). Il devra vaincre son bégaiement pour assumer pleinement son rôle, et faire de son empire le premier rempart contre l’Allemagne nazie.