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James Wan emballe un deuxième opus conçu comme un pur exercice de style, un poil trop mécanique mais quand même très plaisant.

Le sympathique stakhanoviste du cinéma d’horreur James Wan s’y entend comme personne pour vous faire sursauter en faisant surgir le croquemitaine pile au bon moment. Vous serrez les fesses, vous retenez votre souffle, vous savez qu’il va apparaître et… BOUH ! James vous a encore bien eu. C’est le seul horizon de Conjuring 2, son unique promesse : s’envisager comme un pur exercice de style, un petit ride décomplexé, un enchaînement de figures imposées naviguant entre grosses montées de stress et mini-morceaux de bravoure. Après les 318 millions de dollars récoltés à l’international par le premier volet, puis un spin-off (Annabelle) qui a foutu les pétoches aux exploitants de salles français et réussi à faire parler de lui jusque sur BFM TV, la franchise dépêche cette fois-ci les gentils époux Warren dans le nord de Londres et « reconstitue » une célèbre affaire d’esprit frappeur qui avait fait les gros titres des journaux à sensation en 1977. Quelque chose comme un Amityville british.

Conjuring 2 : quatre choses à savoir sur l'histoire vraie (?) derrière le film

Arrimé à sa feuille de route, le film ne cherche même pas à surpasser le premier épisode : juste à prolonger ses agréables effluves old-school, à se caler sur son tempo néo-classique, tout en en délocalisant la recette sous la grisaille britannique. On retrouve le talent de James Wan pour quadriller l’espace d’une maison hantée, faire vibrer une menace diffuse à l’arrière-plan, caractériser efficacement ses personnages. Le charme désuet du duo Patrick Wilson-Vera Farmiga marche à plein… C’est carré, solide, élégant, souvent bien pensé et exécuté. Sans génie ni surmoi. Trop propre et mécanique, bien sûr, pour faire flipper autrement que superficiellement – le wonderboy Wan a déjà des réflexes de vieux briscard. Manque surtout LA scène – celle dont on parle à la sortie, susceptible de faire vaciller les résistances des cyniques et des blasés. L’équivalent de la fameuse « clap scene » de Conjuring 1.

Un Indien "meurt de peur" devant Conjuring 2

Mais le charme entêtant de la saga est quand même là, tout entier contenu dans le carton « d’après une histoire vraie », très premier degré, qui ouvre le film. C’est complètement idiot, franchement n’importe quoi, mais ça marche. La foi de charbonnier que met James Wan a essayé de vous faire gober que vous êtes devant la reconstitution fidèle et 100% authentique d’un fait divers seventies justifierait presque à elle seule le ticket d’entrée. Si le précédent volet dévoilait un peu trop ouvertement l’arrière-fond bigot qui sous-tend l’entreprise Conjuring (le Diable existe ? Alors ça veut dire que Dieu aussi…), cette fois-ci, la question du vrai et du faux, de la croyance et du bidonnage, du paranormal et du bullshit, est envisagée comme un réel enjeu de l’intrigue, garantissant un minimum de frisson théorique entre deux jump scares. Bon, « théorique », façon de parler, hein… James Wan n’est là pour prendre la tête de personne. Mais il n’est sans doute pas non plus infiltré dans le cinéma mainstream pour faire de la retape pour l’Eglise catholique. Il semblerait que cet homme ambitionne juste de vous vendre un énorme seau de pop-corn. Et comme, faute de concurrence, c’est lui qui a la meilleure recette du marché, vous pouvez prendre votre place dans la file d’attente. Dépêchez-vous, le train fantôme va démarrer…

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