Romane Bohringer s’empare du livre de Clémentine Autain pour raconter leurs rapports complexes à leurs mères en mêlant brillamment documentaire et autofiction(s).
Il y a quelque chose d’intriguant de voir une personnalité aussi discrète que Romane Bohringer ouvrir en grand les portes de son intimité dès lors qu’elle passe derrière la caméra. Dans l’irrésistible L’Amour flou, elle racontait sa séparation avec Philippe Rebbot. Et ici, celle dont on connaît ses liens forts avec son père Richard, dévoile son rapport à sa mère Maggy. La pièce manquante de tous les portraits qui lui ont été consacrés car elle l’a abandonnée à 9 mois. Mais le geste d’autofiction est ici moins direct. Il passe par sa découverte du magnifique Dîtes-lui que je l’aime de Clémentine Autain, récit de sa relation non moins tortueuse à sa propre mère, la comédienne Dominique Laffin, disparue en 1985 alors qu’elle n’avait que 12 ans.
Romane Bohringer adapte donc ici ce livre dans lequel elle s’est reconnue tout y entremêlant son propre parcours. Le parti pris est casse-gueule, l’accusation de vouloir se servir de l’histoire d’une autre comme d’un tremplin plane forcément. Sauf que le film est précisément tout l’inverse. Une vraie œuvre à quatre voix – deux filles et deux mères – dont le mélange des genres qui le constitue (images d’archives, scènes fictionnées, lectures en off, confidences émouvantes de Richard Bohringer dans un parc, un extrait de Cendrillon de Joël Pommerat…) raconte le chemin chaotique, riche en allers-retours entre présent et passé entrepris par la réalisatrice pour réparer ce lien abimé avec sa mère, comme Clémentine Autain l’a fait, par le prisme de l’écriture, avec la sienne. Pour un résultat aussi ludique que bouleversant.
De Romane Bohringer. Avec Romane Bohringer, Clémentine Autain, Eva Yelmani... Durée : 1h32. Sortie le 3 décembre 2025







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