AFFICHE
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Une affaire de principe

En 2012, José Bové, député européen, met le nez dans une conspiration mêlant instances européennes et lobbies du tabac, partant de l’affaire Dalli (un Commissaire Européen accusé à tort de corruption) jusqu’à la directive en préparation des paquets de cigarettes neutres. Antoine Raimbault (réalisateur du remarquable Une intime conviction) décide d’en faire un thriller de bureau où Bouli Lanners arpente les couloirs du Parlement et de la Commission européenne, de Strasbourg à Bruxelles, sous les traits du paysan révolutionnaire.

Lucie Chiquer
AFFICHE
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Le Tableau volé

Un Egon Schiele spolié par les nazis réapparait dans un pavillon ouvrier. Pas n’importe lequel, il s’agit des Tournesols fanés vendu - pour de vrai - chez Christie’s 17.2 millions d’euros en 2006. Dans ce film de Pascal Bonitzer on n’en est pas encore là. Il s’agit pour les pros du secteur de mettre la main dessus, de se faire mousser avant d’opérer son dévoilement. Le drame qui se joue non sans malice, est de faire co-exister des mondes qui ne se touchent pas forcément.

Thomas Baurez
GALERIE
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Le Silence de Sibel

Dans un village de Yazidis, un groupe armé de Daech massacre une famille kurde dont la mère refuse de porter l’hijab. Sibel, 13 ans, y est kidnappée et réduite à l’esclavage sexuel. Mais l’atrocité de l’ouverture du film est vite remplacée par un quotidien ordinaire alors que Sibel est recueillie en France par une femme qui tente en vain de lui imposer une vie « normale ». Mais en exploitant à outrance la portée dramatique de son vécu (non sans paternalisme) dans cette fiction, Sibel devient une martyre sans voix ni cible.

Bastien Assié

Petites mains (2024)
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Petites mains

Révélé par le convaincant Placés, Nessim Chikhaoui s’inspire pour son deuxième long de la grève des femmes de chambre externalisées des grands hôtels de 2019 (d’où a émergé la figure de Rachel Kéké, devenue députée). Mais il ne parvient pas cette fois- ci à dépasser le stade des bonnes intentions au fil d’un récit où on ne cesse de penser qu’un documentaire aurait été une forme plus appropriée. Reste toujours un vrai sens du casting, symbolisé par le fait de voir (enfin !!!!) Corinne Masiero dans un rôle aux antipodes de Marleau.

Thierry Chèze
AFFICHE
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L'Ombre du feu

Au Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rencontre de trois solitudes dans un bar délabré : une jeune femme vivant en recluse, un soldat traumatisé par les combats et un gamin des rues… Shinya Tsukamoto, le réalisateur de Tetsuo, conclut sa « trilogie de la guerre » (après Fires on the plain et Killing) avec ce film minimaliste et saisissant. Dans une première partie en huis-clos, où l’on sent palpiter très puissamment hors-champ la destruction et le chaos, il brosse des portrais humains touchants, filmant ses acteurs au plus près.

Frédéric Foubert
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Même si tu vas sur la lune

Accueillis par un professeur d’université, quatre étudiants réfugiés syriens racontent leurs vies passées dans un pays en guerre, leurs souvenirs en France et leurs projets d’avenir. Entre les allers-retours du noir et blanc à la couleur et les passages en animation, le documentaire tente de dynamiser leurs témoignages mais peine à dépasser la monotonie des séquences. Laurent Rodriguez compile les bribes de vies quotidiennes de ces jeunes en quête d’une identité politique et culturelle.

Bastien Assié

AFFICHE
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La Fleur de Buriti

Au Brésil, la culture du soja entraîne le déboisement de 10 000 km2 de forêt amazonienne par an. Ce film primé à Cannes dans la section Un Certain Regard l’an passé s’intéresse au peuple Krahô qui y vit et dont la culture ancestrale se trouve gravement menacée. A mi-chemin entre le documentaire et la fiction - parlons plutôt d’un film-rêve - cette Fleur du Buriti nous plonge au cœur du quotidien de ces hommes, femmes et enfants en total symbiose avec leur environnement.

Thomas Baurez
Etat limite (2024)
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Etat limite

«Moi, je lutte contre une logique…» S’il est contre la logique du rendement, cela n’empêche pas Jamal Abdel-Kader de se donner sans compter. Le jeune psychiatre, qui travaille à l’hôpital Beaujon, enchaîne les entrevues avec ses patients et leurs familles sous l'œil affûté de Nicolas Peduzzi, qui accompagne le médecin à travers les couloirs de l’institution. Le pas du trentenaire est toujours rapide ; les observations sur son métier parfois amères.

Border Line
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Border line

Deux existences suspendues à un simple bout de papier, à la décision de deux agents de la police des frontières de l’aéroport de New- York. Voilà ce que raconte ce premier long où l’on suit donc les (més)aventures de Diego et Elena, un Vénézuélien et une Espagnole en couple qui ont quitté Barcelone pour démarrer une nouvelle vie outre- Atlantique.

Thierry Chèze
AFFICHE
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Jusqu'au bout du monde

Le premier plan déstabilise. On s’assoit devant un western et voilà qu’entre dans le cadre un chevalier à la Lancelot du Lac. Pour son deuxième film de réalisateur, Viggo Mortensen aurait-il choisi de suivre les traces de son compère Lisandro Alonso, avec qui il a l’habitude de tourner des variations westerniennes expérimentales ? Pas franchement, non - Jusqu’au bout du monde est aussi « straight » qu’Eureka ou Jauja sont perchés.

Frédéric Foubert
Artus a Un petit truc en plus : affiche
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Un p'tit truc en plus

Un premier film comme une réponse à ceux qui assurent qu’on ne plus rire de tout par peur de froisser telle ou telle catégorie de la population et d’un bad buzz. Révélé par On ne demande qu’à en rire, auteur- acteur et metteur en scène de théâtre (Duels à Davidéjonatown…), croisé sur le grand (Apaches …) et le petit (Le Bureau des Légendes) écran, Artus se lance dans la réalisation en faisant fi de toute autocensure. Et d’emblée, on comprend qu’il a trouvé le ton parfait - gonflé mais jamais provoc’ - pour cette comédie traitant du handicap.

Thierry Chèze
The Fall Guy affiche
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The Fall Guy

Cascadeur devenu réalisateur, David Leitch s’évertue à envisager le cinéma d’action comme une affaire avant tout humaine, à une époque où le numérique grignote le boulot des stuntmen. C’est donc logiquement qu’il adapte la série L’homme qui tombe à pic, dont il garde le héros cascadeur mais change à peu près tout le reste. The Fall Guy met en scène Colt Seavers (Ryan Gosling), technicien surdoué de la chute, dont la carrière est stoppée net par un grave accident.

François Léger
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Citadel

Dans le remake anglophone de son propre Paranoïa Park, Bruno Mercier déplace l’histoire d’Anna, poupée désœuvrée aux mains du maître-chanteur invisible qui détient sa fille, du Parc des Buttes-Chaumont aux remparts de Besançon. Marionnettiste, le réalisateur l’est tout autant, forçant le regard du spectateur – lui aussi otage de ce huis-clos en plein air – à coup de contrastes colorimétriques qui érigent son film en objet de cinéma bizarre. L’inégal Citadel est un labyrinthe que l’on arpente en temps réel et dont la mécanique répétitive est sauvée par sa durée.

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Les Vieux

C’est avec humilité que Claus Drexel introduit son nouveau long métrage : « Au début des années 2020, nous sommes partis sur les routes de France pour écouter ceux qu’on appelle les “Vieux”. ». Pour son quatrième documentaire après Au bord du monde, America et Au cœur du bois, le réalisateur a choisi une mise en scène dépouillée : sa caméra fixe s’invite chez des personnes âgées qui n’ont d’autre point commun que d’avoir vécu assez de choses pour les raconter.

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Un jeune chaman

Un jeune chaman aussi, peut rencontrer une fille, en tomber amoureux, devenir un peu bê-bête et ne plus penser qu’à ça. La grande qualité de ce premier film récompensé à Venise réside dans le renversement des valeurs qu’il opère entre le chamanisme et un premier amour : le premier est un métier comme les autres, tandis que le second est bien plus empreint de mystère, de mystique. De là en découle une mise en scène épurée du rituel chamanique auquel s’adonne Zé du haut de ses 17 ans, tandis que tout vacillera aux côtés de Maralaa.

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Le Temps du voyage

Vingt ans après son No pasaran consacré à l’internement en France des Espagnols fuyant Franco, Henri- François Imbert s’intéresse aux Tsiganes, dont 6500 d’entre eux, bien que français, furent enfermés dans des camps par le Gouvernement de Vichy jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Et il s’appuie avec subtilité sur ce passé pour tenter de comprendre pourquoi ils suscitent toujours du rejet chez une partie de la population, au fil de témoignages passionnants et de moments musicaux et chantés renversants de beauté.

Thierry Chèze
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Sky dome 2123

La séquence d’intro de cet ambitieux film de SF animé hongrois donne le ton : une traversée de la Budapest du futur, brutalement déshumanisée, figée sous un dôme alors que la Terre est à l’agonie… Et jamais Sky Dome 2123 ne parviendra à se déjouer de l’influence évidente du Mamoru Oshii de Ghost in the Shell -et donc du Tarkovski de Stalker et Solaris- convoquée dès son démarrage et qui écrase tout le reste du film, gentiment planant mais pas assez fou ni fort pour s’en libérer.

Sylvestre Picard
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Que notre joie demeure

Cheyenne- Marie Carron s’attaque à un sujet sensible : l’assassinat du Père Hamel. La cinéaste filme d’abord le quotidien d’Hamel dont l’humilité et la miséricorde en font la réplique de l’évêque Myriel des Misérables. Et puis au milieu du film, on bascule sur le parcours d’Abdel l’un des deux terroristes. Totalement fauché, avançant à la lisière du documentaire et de l’amateurisme, le film réussit pourtant à éviter le prêche et la haine notamment en s’attardant sur la place des femmes.

Pierre Lunn
Première Affaire (2024)
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Première affaire

Lorsque Nora sort de boîte au petit matin, son patron l’appelle. Elle répond, et se retrouve envoyée sur sa première garde à vue en tant qu’avocate : ce sera sa première affaire. Très crédule, encore débutante, les débuts de la jeune avocate interprétée par Noée Abita sont laborieux. Il n’y a pas besoin d’avoir passé le barreau pour la voir commettre des fautes, se faire manipuler par un policier, bref, être une pénible et mauvaise avocate.

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Occupied city

Quelle forme cinématographique donner à l’Histoire et à la mémoire ?

Frédéric Foubert
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Notre monde

Deux ans après son premier long, La colline où rugissent les lionnes, Luàna Bajrami poursuit son exploration de la jeunesse kosovare, son pays natal. Mais elle met ici le cap sur 2007, une année de bascule pour ce territoire avant d’accéder à l’indépendance. Sa belle idée est de faire coïncider l’aspiration à la liberté de tout un peuple avec celle de ses deux jeunes héroïnes (Albina Krasniqi et Elsa Mala, magnétiques) qui quittent leur village pour intégrer la fac de Pristina. De mêler donc récit initiatique et chronique politico- sociétale avec un parfait sens du dosage.

Thierry Chèze
N'avoue jamais (2024) affiche
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N'avoue jamais

Son adaptation transparente de sa propre pièce La Dégustation, Molière de la meilleure comédie 2019, en a apporté la preuve flagrante. Le théâtre est le lieu d’expression privilégié d’Ivan Calbérac, alors que d’Irène à Venise n’est pas en Italie, ses films n’ont jamais imprimé le grand écran. Ce N’avoue jamais, l’histoire d’un septuagénaire dont le sang ne fait qu’un tour quand il découvre que sa femme l’a trompé 40 ans plus tôt, le confirme.

Thierry Chèze
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Marilu- rencontre avec une femme remarquable

Marilù s’ouvre sur les planches, et déjà les regards sont braqués sur l’exubérante Marilù Marini, d’une expressivité folle. Née en Argentine d’une mère prussienne et d’un père italien, elle a toujours été un électron libre. De ses premiers pas de danseuse à Buenos Aires jusqu’à l’exil qui l’amènera sur la scène française, d'abord remarquée chez Alfredo Arias dont elle deviendra l’égérie, avant de passer indifféremment des pièces sulfureuses de Copi aux drames de Siméon ou de Beckett. C’est le théâtre qu’elle a choisi comme pays.

AFFICHE
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Le Mangeur d'âmes

Des enfants qui disparaissent au cœur des Vosges, une légende occulte qui pourrait avoir un lien avec l’affaire, deux enquêteurs rattrapés par leurs traumas… Alors que le cinéma de genre français fait actuellement peau neuve, il y a, dans cette adaptation d’un roman d’Alexis Laipsker, un air de déjà (beaucoup) trop vu, tant dans le récit que sa mise en images, plombés en outre par une direction d’acteurs plus qu’aléatoire. On a hâte que le duo Maury- Bustillo retrouve le mojo de leur premier long, A l’intérieur.

Thierry Chèze
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Bushman

Ce long-métrage de 1971 inédit en France est le prolongement direct du documentaire, Give me a riddle où le cinéaste américain David Schickele faisait la rencontre de Paul Okpodam, un jeune Nigérian bientôt pris dans les rets de la guerre civile de son pays. Bushman est l’errance du même Paul désormais exilé à San Francisco en 1968. On le voit dès les premières minutes une chaussure en équilibre sur sa tête marchant tel un hobo dans les faubourgs du quartier de Fillmore.

Thomas Baurez
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L'Echappée

S’exiler sur une île grecque coupée du monde, chercher à devenir invisible autant aux yeux des autres que de soi-même, voilà le quotidien de Jacqueline (Cynthia Erivo, d’une fragilité ahurissante). Une certaine douceur émane de l’errance de cette femme, ni vraiment touriste, ni vraiment locale, dont les souvenirs qui ressurgissent par fragments tentent d’éclairer progressivement la raison de sa désolation.

Lucie Chiquer
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Le Déserteur

Tourné plusieurs mois avant les attaques meurtrières du 7 octobre 2023, le deuxième long métrage de Dani Rosenberg (déjà réalisateur de La Mort du cinéma et de mon père aussi) fait pourtant puissamment écho à l’actuelle situation de la société israélienne. Avec ce portrait d’un soldat israélien de dix-huit ans qui déserte le champ de bataille pour tenter de rejoindre sa petite amie à Tel Aviv, le cinéaste met en scène le désir propre à sa génération de fuir autant que possible la violence dans laquelle est depuis longtemps plongé le pays.

Damien Leblanc
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Challengers

Depuis Call me by your name, entre un remake en toc de Suspiria et une romance anthropophage indigeste (Bones and all), l’étoile de Luca Guadagnino a pâli. Une chute libre que vient enrayer ce Challengers. On y suit Tashi, ex- prodige du tennis devenue, après une blessure qui a mis fin à sa carrière, la coach de son mari, champion en perte de vitesse, dont la tentative de retour passe par des retrouvailles et une victoire face à son ancien meilleur ami qui n’est autre que… l’ex de Tashi. Deux garçons, une fille, trois possibilités donc.

Thierry Chèze
Back to Black
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Back to black

Amy Winehouse (1983 – 2011) appartient aux fameux Club des 27 (Hendrix, Joplin, Morrison, Cobain…) sans que l’on sache très bien ce que ce signe entend nous dire. Le doc. d’Asif Kapadia sur la chanteuse (Amy, 2015) ayant largement fait le job, on pouvait légitimement se demander ce qu’une mise en fiction allait apporter de plus. D’autant que contrairement à ses collèges des 27, sa vie balisée à l’air des réseaux sociaux avait été suivie en quasi direct.

Thomas Baurez
Monkey Man : affiche française
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Monkey man

L’homme-singe, c’est Dev Patel. Ou plutôt le “Kid”, combattant clandestin qui court après le rêve de voir couler le sang des assassins de sa mère : un flic véreux et un gourou en plein power trip. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil asiatique ; une vendetta comme on en a déjà vu chez Park Chan-wook ou Kim Jee-Woon. Pourtant, Dev Patel fait de ce premier essai le terrain de jeu parfait pour ses expérimentations.