Toutes les critiques de Un Millier D'Années De Bonnes Prières

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Un millier d’années... se révèle d’une justesse renversante. Yilan, la quarantaine, divorcée, reçoit son père, venu lui rendre visite après douze ans de séparation. Entre ces deux-là, tout a toujours été compliqué. Un gouffre les sépare, que l’aspiration de Yilan pour la culture, le langage et le mode de vie américains a encore creusé. Cette banale histoire de retrouvailles familiales devient une subtile chronique de l’incommunicabilité à la fois dense et épurée. Les cadres rigoureux stigmatisent l’impossibilité, le silence résonne de non-dits, et les personnages, figés dans des postures anciennes, ne parviennent qu’à peine à se rapprocher.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Un millier d'années de bonnes prières et La Princesse du Nebraska sont liés, comme l'étaient Smoke et Brooklyn Boogie, un autre diptyque sans action, attentif aux rapports humains. Ce retour de Wayne Wang vers une forme intime, tout à fait anti-spectaculaire, est plutôt sympathique. Quand M. Shi rejoint sa fille aux Etats-Unis, l'émotion reste contenue, les mots se font rares. Malgré la gentillesse paternelle, maladroite et touchante dans son désir d'assumer à nouveau un rôle protecteur, le dialogue s'avère impossible. Un millier d'années de bonnes prières est le récit modeste et sans effet de ses retrouvailles entre deux étrangers.Autour de M. Shi, personnage par lequel passe le point de vue, il y a beaucoup de silence. Les seules vraies conversations ont lieu avec une dame immigrée, sur un banc public. Eux, paradoxalement, font l'effort de se comprendre. Malgré un langage rudimentaire, sorte d'espéranto basique, ils parviennent à exprimer l'essentiel car ils partagent un vécu commun : ils sont étrangers dans un pays dont ils ne maîtrisent ni les codes ni la langue. Et, pour Wayne Wang, ce socle d'expérience identique rapproche bien plus qu'une origine et un passé trop lointains.Fort de sa double culture sino-américaine, le natif de Hong-Kong se concentre sur quelques points essentiels qui permettent d'évoquer, sans jugement, deux mondes aux antipodes. En particulier le langage, qui s'avère ici libérateur quand il est acquis sur le tard, avec une conscience déjà formée. Il faut tout de même un minimum de patience avant de se laisser gagner, doucement mais sûrement, par le charme de ce récit minimaliste. Heureusement, la délicatesse de la mise en scène fait éclore, sur le tard, des sensations indicibles puis une fragilité émouvante qui touchent juste. Autour de conversations qui achoppent avec régularité, le vide s'habille de signes discrets qui deviennent autant de témoignages de la difficulté à trouver une place, un ton juste ou un mode de communication qui n'agresse pas l'autre. Mis en avant par l'absence de faits saillants, ces petits riens finissent par constituer une agréable mosaïque, humble et attachante, qui évite tout symbolisme lourdaud. Un joli petit film, américain donc, mais épuré comme une estampe.Un millier d'années de bonnes prièresRéalisé par Wayne WangAvec Henry O, Faye Yu, Pavel LychnikoffDurée : 1h 23min  Illus. © Diaphana FilmsExprimez-vous sur le forum cinémaLire le fil réalisateur sur le blog ciné  

  2. Paris Match
    par Christine Haas

    D'origine chinoise, né à Hongkong et résident américain depuis l'âge de 18 ans, Wayne Wang connaît intimement la question de la double identité et de la communication. A travers un scénario solide adapté d'une nouvelle de Yiyun Li, le cinéaste suggère de façon bouleversante que l'intégration passe souvent par le rejet. Un ton détaché, des silences, des couleurs froides, une mise en scène épurée et un vrai sens de la présence humaine rendent l'émotion perceptible. La solitude et la résignation offrent une conclusion lucide à ce film aigre-doux.