Toutes les critiques de Ni juge, ni soumise

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Elle est marrante la juge. Elle conduit une vieille 2CV, tance un voyou en lui expliquant que, désolée, mais cette fois-ci elle va être obligée de le foutre en taule parce qu’on ne peut pas agresser les gens à répétition comme ça. Elle s’amuse avec les flics en leur demandant de mettre le pimpom dans les embouteillages bruxellois, questionne une prostituée sur ses meilleures techniques de branlette. La musique fanfare, le générique dessinée, le principe mi-voyeur mi-roublard. Dès le début, on  sait où on met les pieds : Ni Juge ni soumise est un épisode de Striptease étendu sur la durée d’un film. Les principes fondateurs de l’émission belge sont tous là : le refus de l’objectivité, le droit pour les auteurs d’imposer leur toute-puissance et de faire de cette juge, de ces flics, de cette prostituée ou de ces familles immigrés disloquées tout ce qu’il veulent. Avec tout ce qui fait qu’on a toujours trouvé cette émission aussi fascinante que malaisante comme le montage arbitraire ou le droit de briser les gens. Et puis, tout à coup, dans la dernière demi-heure, survient un coup de théâtre sidérante. Une séquence atomique. La juge se retrouve face à une jeune femme qui a commis l’irréparable. On bascule en un plan dans la folie et le monstrueux. Et tout s’arrête : les gentilles conneries de la juge comme le regard amusé des documentaristes. Sidérés, aussi stupéfaits que leur héroïne, ils enregistrent sans filtre la parole effroyable de cette mère. En quinze minutes de logorrhée, le réel a repris ses droits. Le cinéma et la morale aussi. Le dispositif est mort, la juge sonnée, le spectateur bouleversé. Tout le monde se retrouve à poil, comme dans un vrai… Striptease.