Toutes les critiques de Lagerfeld confidentiel

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eve Gimenez

    « Un homme dont le quotidien et le savoir-vivre sont en voie de disparition », ironise Karl Lagerfeld lorsqu’on lui demande de se décrire. Le film de Rodolphe Marconi ressemble davantage à un portrait intimiste du grand couturier qu’à un documentaire distancié. Le réalisateur a suivi Karl Lagerfeld partout, sans arrêt. Devant la caméra du réalisateur, l’homme qui cache derrière ses lunettes sombres accepte de les ôter et se livre avec sincérité. L’éclairage naturel et le son immédiat renforce le sentiment de proximité entre le spectateur lambda et l’artiste en proie à une hystérie médiatique permanente. On découvre le mystérieux Karl Lagerfeld : toujours farceur, tyrannique parfois, nostalgique jamais.

  2. Première
    par Didier Roth-Bettoni

    Cent cinquante heures de rushes et des mois de proximité n'ont pas été de trop pour mener à bien ce travail, tant le bavard Lagerfeld s'est toujours employé avec succès à garder secrets ses secrets. Les livre-t-il pour autant à la caméra complice de Marconi? On peut en douter (...), l'homme reste un mystère. D'un point de vue documentaire, la limite du film de Marconi est de ne pas réussir à aller plus loin à la rencontre de son modèle. C'est aussi, paradoxalement, sa qualité cinématographique première.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Louis Guichard

    Le charme du film tient beaucoup à sa ­forme fluide et flottante, configurée selon le mouvement perpétuel de la diva. Ni commentaire en voix off ni témoignages, ni ­dates ni lieux. Toutes les cloisons sont abattues entre l'activité et la rêverie, les relations publiques et les affinités électives, mais aussi entre l'artiste et le patron, la maison Chanel et les villas privées, les cabines d'essayage et la cabine first des avions long-courriers. Le film montre la vie de Lagerfeld comme un manège jamais à l'arrêt, mais tournant à un drôle de faux rythme, en apesanteur.

  2. Fluctuat

    C'est un phénomène qui s'emballe. Après Chanel examiné sous toutes ses coutures par Loïc Prigent dans un film diffusé sur Arte, les films de Mademoiselle Agnès, chroniqueuse cathodique de la mode, qui a également produit quelques oeuvres du genre vu sur Canal +, voici donc Lagerfeld Confidentiel, film remarqué lors du dernier festival de Berlin dans lequel Rodolphe Marconi propose un objet éloigné des enquêtes cliniques sur le style et ses hommes.
    De Paris à New York en passant par Tokyo, Karl est une des icônes de notre société moderne. L'homme aux mille bagues, aux cheveux poudrés, aux lunettes noires, à l'accent distingué et aux propos francs fascine. Créateur d'images multiples qui ne cessent de se mettre en abyme, les magazines féminins répondant aux 4x3, le couturier, bon client des plateaux télés, est également un bon sujet d'enquête. Sollicité et adulé, maintes fois approché par les médias, il a toutefois gardé tout son mystère. Cependant le film proposé par Rodolphe Marconi n'a rien d'un habituel portrait et n'offre pas vraiment de réponses précises sur le couturier et s'il ne s'attachait pas à Karl, il apparaitrait sans doute sans aucun intérêt.Si le réalisateur a souvent le talent d'avoir de la chance et de capter des moments heureux, il prend également le temps de regarder son sujet. Il a d'ailleurs passé près de deux ans à le suivre presque quotidiennement, ramenant finalement 300 heures de rushes. Avec une matière aussi vaste, Marconi a choisi de faire un film kaléidoscopique. Très impressionniste, il montre mille facettes de la vie d'un des grands de ce monde jet-set, le quotidien d'un "artisan", d'un homme issu de et éduqué par la très grande bourgeoisie du début du XXe siècle. Comme rien de tout cela n'est clinique, comme rien n'est jamais ici asséné, si quelques plans paraissent inutiles et frivoles, le tout entre confidences et franches discussions séduit. Des phrases justes et juste des phrases, des proverbes à l'emporte pièce émaillent agréablement le film. Avec la légèreté et la bienveillance d'un homme de l'âge qui a le recul de son talent, Karl Lagerfeld confie à la caméra-amie états d'âmes et réflexion sur le temps qui passe, sans moralisme ni conseils.Ceux qui attendait un film "de l'autre côté du miroir" en seront évidemment pour leur frais. Lagerfeld Confidentiel n'est pas une enquête policière. La preuve. Suivre Karl dans une boutique Dior Homme, voir qu'il s'habille en Hedi Slimane n'explique pas comment il parvient si souvent à toucher si justement l'exactitude de l'air du temps. Marconi n'est pas un scientifique, Lagerfeld, pas un rat de laboratoire. Très indépendant, le couturier solitaire est montré marchant, traversant le si vaste monde pourtant toujours peuplé des mêmes fausses divas. Sans complaisance et avec beaucoup d'humour, il s'amuse des strass et des paillettes. Touche à tout, il jubile de figurer du satin sur les croquis de robes grâce à du tip-ex. Lagerfeld est aussi un manuel penché sur sa table de dessin. Trop poli, bien éduqué, le couturier ne parle jamais de travail, la création parait lui être simplement évidente.Très fin, KL sait ce qu'il veut bien donner de lui-même et son rapport au le réalisateur est loin d'être dupe. Le spectateur, lui, voit un homme qui, de manière très consciente, a construit son personnage et son statut d'icône au point de se nommer lui-même "la créature". Ainsi se corps, ce personnage semble ne jamais cesser d'être un mystère. Pourtant on nous montre Lagerfeld regarder la météo à la télévision et s'attacher à des occupations triviales. On ne le voit pourtant pas manger mais on apprend que les toilettes situées dans un coin de son appartement parisien sont agrémentées d'un écriteau : "si tu pisses partout t'es pas Chanel du tout". Lagerfeld pisse donc avec humour. De tout cela on se serait douté, mais de là à l'évoquer au cinéma, à le figurer à l'image, il y a une marge fascinante. De manière implicite en montrant parfois ce visage sans lunettes, Rodolphe Marconi pose une question à laquelle on aurait aimé qu'il réponde davantage. Quel est le rapport aux corps de l'homme qui habille les formes des femmes ? Cette question infinie à l'ère des temps modernes et de la photo des corps policés se trouve de facto ici posée de manière cruciale si bien qu'on se demande avec envie qui l'explorera.Lagerfeld Confidentiel
    De Rodolphe Marconi
    Avec Karl Lagerfeld, Nicole Kidman, Caroline de Monaco
    Sortie en salles le 10 octobre 2007Illus. © Pretty Pictures
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  3. C’est l’été des docus : après Glastonburry (le rock), A Very British Gangster (la mafia UK), c’est au tour de la mode de passer au rayon X. Le film de Rodolphe Marconi s’attaque à l’univers impitoyable du chic en nous livrant, sans fard, une figure iconique de Chanel : Karl Lagerfeld. Sans fard vraiment ? Pas si sur. On découvre un personnage fantasque mais attachant. Mais trop décontracté et dépassé par labattage de son sujet, le réalisateur laisse les rênes à Lagerfeld qui s’en donne à cœur joie et ne nous laisse voir de lui que ce qu’il veut. Pas très édifiant mais très divertissant.