Toutes les critiques de 9 jours à Raqqa

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Après deux films centrés sur la jeunesse (Enfants valises et Les Pépites), le documentariste Xavier de Lauzanne se lance dans une trilogie consacrée à la reconstruction en Syrie et en Irak des territoires regagnés sur Daech. Le premier épisode suit les pas d’une écrivain, Marine de Tilly, s’envolant en 2019 pour Raqqa, l’ex capitale syrienne de l’ Etat Islamique, rencontrer celle qui sera le sujet de son nouveau livre : Leila Mustapha, jeune trentenaire kurde qui partage avec un homme arabe le poste de maire de la ville. La caméra de De Lauzanne accompagne ce périple de 9 jours sans donner naissance à un geste cinématographique renversant mais en réussissant l’essentiel : adapter la forme de son récit à son sujet. Posée, pédagogique, où l’engagement n’est jamais brandi comme étendard et pourtant présent à chaque instant. Raqqa a été détruite à 80% et après le départ des troupes américaines, la peur de l’attentat et de mourir à chaque coin de rue est présente dans les mots comme dans les silences de cette musulmane non voilée, aussi fonceuse que prudente, embarquée dans un chantier impossible : réintroduire de la vie dans un lieu où la mort règne en maître depuis des années. Ses échanges avec Marine de Tilly, le témoignage de sa famille aussi fière qu’inquiète pour elle dessinent avec la poignante BO de Ibrahim Maalouf un film incroyablement enveloppant malgré une situation terriblement chaotique. « Si on se bat au côté des hommes, pourquoi ne se battrait- on pas devant eux ? » Tel est le mantra de Leila Mustapha, parfait symbole de ce documentaire puissamment féministe.