Affiches Films à l'affiche semaine du 30 avril 2025
Walt Disney Company France/ Pyramide/ Le Pacte

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THUNDERBOLTS* ★★☆☆☆

De Jack Schreier

L’essentiel

Plus intéressé par l’intériorité de ses super (anti-)héros que par l’action pur jus, plus simili-Pixar que Douze Salopards, le nouvel épisode du MCU brosse un portrait de groupe attachant, propulsé par la toujours excellente Florence Pugh.

C’est la fin de la phase 5 du MCU. Un soulagement, celle-ci ayant surtout été marquée par les déceptions commerciales et les bérézina artistiques. Thunderbolts* tient d’ailleurs moins lieu de bouquet final que de contre-programmation, en faisant le portrait d’une bande de super-misfits pas spécialement identifiés du grand public, héros d’un long-métrage teasé par la comme un "film indé façon A24". Et il impose d’emblée son ton, à la fois ironique et mélancolique, en s’arrimant aux idées noires et aux pulsions de mort de Yelena Belova (Florence Pugh), super-assassine endeuillée par la mort de sa sœur Natasha Romanoff (la Black Widow précédemment jouée par Scarlett Johansson). La façon dont le film tient sa note intime et bluesy est en grande partie due à l’investissement de Florence Pugh, qui fait exister son personnage au-delà des figures imposées. Et Jake Schreier, à travers elle, parvient à signer un film qui s’insère harmonieusement dans sa propre filmo, faite de gentilles fables SF (Robot & Frank) et de produits Netflix sachant capter l’air du temps (Acharnés). Quand, dans le dernier acte du film, New York est menacé par le grand méchant, voilà même soudain les Thunderbolts propulsés dans un labyrinthe mental mi-Eternal Sunshine of the Spotless Mind, mi-Everything Everywhere All At Once. Le problème, comme souvent chez Marvel, est qu’à peine esquissée cette sortie de route esthétique un peu "audacieuse", le film revient aussitôt sur ses rails. On en sort en ayant le sentiment d’avoir encore une fois vu un épisode intercalaire du MCU, certes élégamment troussé, mais qui sert surtout à rafistoler l’univers et annoncer le film suivant.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LITTLE JAFFNA ★★★★☆

De Lawrence Valin

Tout démarre par une manchette. Au coeur de Paris, deux gangs s'affrontent en pleine rue sans retenir leurs coups. Bienvenue à Little Jaffna, quartier tamoul de la capitale, où, après cette entrée coup de poing, la caméra va suivre Michael, jeune flic infiltré dans un groupe criminel pour tenter de faire tomber son boss, Aya (Vela Ramamoorthy) accusé de détourner de l'argent vers le Sri- Lanka afin de nourrir un conflit trentenaire. A la mise en scène, Valin développe le mélange des genres et des cultures. Il puise dans le meilleur des thrillers italo-américains ou coréens pour les mixer aux couleurs et au rythme exagérément intense du cinéma sri-lankais. S'en dégage une vitalité impressionnante. Et si certains rebondissements peuvent sembler trop gros pour être vrais, on se laisse embarquer dans ce monde qu'on connaît peu, en collant au plus près de ce personnage-éponge, qui s'exprime peu mais ouvre grands ses yeux et ses oreilles, observant cette communauté avec un mélange de crainte et de curiosité.

Elodie Bardinet

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CE NOUVEL AN QUI N’EST JAMAIS ARRIVE ★★★★☆

De Bogdan Muresanu

Ce premier long métrage roumain entremêle six histoires, six destins différents pour raconter 24 heures à part dans l’histoire de la Roumanie. Celles qui conduiront à ce 21 décembre 1989, quand Ceaușescu est hué pour la toute première fois en public, dans un meeting retransmis à la télé, précipitant la chute de sa dictature. Un kaléidoscope ciselé avec soin mû par cette idée- force de gens ordinaires plongés dans une situation extraordinaire sans se douter du happy end qui les attend. C’est fin, dominé par un sens de l’absurde imparable et accompagné par une réalisation au format 4 :3 traduisant l’enfermement de ces personnages avant de s’élargir au 16 :9 comme une métaphore de la liberté, dans une ultime ligne droite de 20 minutes au rythme du Boléro de Ravel où images d’archives et fiction ne font plus qu’un. Un vrai feu d’artifice final !

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LES LINCEULS ★★★☆☆

De David Cronenberg

Sorte de double à l’écran de son réalisateur, Vincent Cassel joue un entrepreneur de pompes funèbres futuristes ayant inventé une technologie qui permet à ses usagers d’observer en temps réel la décomposition des corps de leurs proches décédés. L’idée de ces linceuls connectés lui est venue après la mort de son épouse adorée Becca (Diane Kruger)… L’idée des Linceuls, elle, a également été inspirée à Cronenberg par le décès de sa femme, Carolyn, en 2017. C’est un film romantique, mais dont la charge émotionnelle, et les flambées érotiques, sont constamment tempérées par une forme de sécheresse spectrale. Touchant dans la manière dont son auteur nous invite obstinément dans son intimité, Les Linceuls finit à force de détachement, d’épure fantomatique, presque lui-même par ressembler à une chair exsangue, un membre fatigué manquant de se disloquer à tout moment. Mais Cronenberg l’assume, dans un mélange assez touchant de gravité, d’humour noir et d’ironie dandy.

Frédéric Foubert

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LES REGLES DE L’ART ★★★☆☆

De Dominique Baumard

Inspiré du véritable cambriolage du Musée d'art moderne de Paris en 2010, ce film primé à l’Alpe d’Huez met en scène Yonathan, expert en montres de luxe au quotidien monotone (Melvil Poupaud), qui fait la connaissance d’un receleur et escroc au charisme fou (Sofiane Zermani) et qui, charmé par le bagou de cet homme et attiré par l’argent facile, se retrouve embarqué, un peu malgré lui, dans une affaire de vol de tableaux de maîtres. Melvil Poupaud excelle dans ce rôle de pigeon en quête d’adrénaline et de chaos, sur le fil entre touchant et ridicule. Sofiane Zermani, lui, prend en charge le rythme du film, s’assurant que chaque scène où il apparaît sera relevée par son énergie et sa faconde. Les Règles de l’art aurait pu pousser sans trop d’effort les curseurs de la comédie, mais choisit de privilégier une certaine forme d’élégance à la drôlerie. Un angle malin pour raconter la folie latente prête à jaillir de chacun de nous, pour peu que notre boussole morale n’indique plus tout à fait le Nord.

François Léger

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GHOSTLIGHT ★★★☆☆

De Kelly O’Sullivan et Alex Thompson

Dan, ouvrier sur des chantiers de voirie à Chicago, qui paraissait de prime abord si calme pète un plomb devant l’incivilité d’un type odieux au volant d’une bagnole hors de prix. Une explosion de violence, fruit de mois passés à ruminer en silence. Pourquoi ? Comment ? Tout cela, on va le découvrir au fil d’un récit tout en dans les pas de ce personnage qui, par hasard et en cachette de sa famille à qui il n’a pas osé dire qu’il a été viré, va intégrer une troupe de théâtre amateur mettant en scène Roméo & Juliette. Cette expérience va soudain entrer en résonnance avec sa vie. Et va alors peu à peu remonter à la surface la source de son cette rage intériorisée qui a fait voler en éclats l’équilibre de sa famille. Un deuil impossible que le théâtre va lui permettre de faire sous les yeux de sa femme et de sa fille qui vont finir par découvrir à quoi il passe ses journées. Ghostlight est une ode au théâtre et plus largement à l’art comme un vecteur de reconstruction des âmes.

Thierry Cheze

LES FLEURS DU SILENCE ★★★☆☆

De Will Seefried

Les premières images bucoliques sont trompeuses. Ce premier long débute en effet dans une ambiance dont l’esthétique sensuelle rappelle le Maurice de James Ivory pour raconter la naissance du désir entre un romancier (Fionn O’Shea, révélé par Normal people) et un de ses amis de longue date, médecin, dans l’Angleterre des années 20. Mais très vite l’horreur surgit. En flashbacks. Au fil des confidences de cet écrivain à une infirmière dans l’établissement médical où il est hospitalisé pour « guérir » de son homosexualité… sur la suggestion de son amant, jugeant leurs sentiments contre- nature. Parfois, le classicisme formel enferme les récits dans du formol. Ici, la délicatesse qui l’accompagne se révèle le meilleur écrin pour dépeindre ce que traverse son personnage principal, dont on finit par se demander si chacun des souvenirs remontant à la surface n’est pas enjolivé pour en supporter l’inhumanité. Un film tout sauf scolairement démonstratif.

Thierry Cheze

UNE POINTE D’AMOUR ★★★☆☆

De Maël Priou

Pour son premier long, Maël Piriou a donc choisi de s’essayer au remake d’Hasta la vista (2011) qui narrait avec un art certain de la comédie émouvante les aventures de trois jeunes hommes en situation de handicap partant en Espagne perdre leur virginité dans un bordel. Un remake orchestré en s’appuyant sur la même idée du road movie et la question taboue de la sexualité des handicapés mais en changeant les personnages. Ce sont ici une avocate et son meilleur ami, tous deux en fauteuil roulant, qui entreprennent ce voyage, conduits bien malgré lui par un client de cette avocate. Et la force d’Une pointe d’amour tient dans l’écriture de ce personnage féminin, chef de troupe assez autocentrée et peu sympathique d’emblée dont l’apparentes assurance va se fracasser sur son rapport complexe à son corps et sa manière d’envisager la sexualité. Julia Piaton y est encore remarquable et le trio qu’elle forme avec Quentin Dolmaire et Gregory Gadebois constitue l’atout majeur du film.

Thierry Cheze

LA PEUR AU VENTRE ★★★☆☆

De Léa Clermont- Dion

Le scénario de The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate n’est peut-être pas que de la fiction… Après l’annulation en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade, qui a permis à certains États américains d’interdire l’avortement, l’auteure et réalisatrice québécoise Léa Clermont-Dion se confronte au mouvement « pro life ». Elle en ressort avec un documentaire simple dans la forme mais tout à fait frappant dans sa démonstration : l’idéologie prend de l’ampleur et a déjà contaminé le Canada… Édifiant et terrifiant.

François Léger

LES ESPRITS LIBRES ★★★☆☆

De Bertrand Hagenmüller

« Je nous souhaite de nous envelopper dans la beauté », écrit Françoise lors d’un atelier d’écriture, sans savoir que c’est précisément la sensation que procurera ce documentaire. Dans un manoir en Bretagne, patients d’un EHPAD atteints d’Alzheimer et soignants se livrent pendant deux semaines à la thérapie par l’art. La hiérarchie imposée par la structure médicale disparaît alors en faveur d’un accompagnement basé sur le partage. Au fil de sessions de théâtre et de danse, la résidence se transforme peu à peu en une joyeuse colonie de vacances où ces drôles de vieux déploient leurs personnalités. On se retrouve ainsi face à une version EHPAD d’Un p’tit truc en plus où le franc-parler involontaire des résidents offre des instants stupéfiants de drôlerie. En prouvant que la maladie d’Alzheimer peut rimer avec joie et sérénité, le sociologue Bertrand Hagenmüller signe un film d’une grande tendresse.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES INDOMPTES ★★☆☆☆

De Daniel Minahan

C’est l’histoire d’un triangle amoureux, qui deviendra un quintet. Muriel a épousé Lee mais succombe bientôt au charme du frère de celui-ci, le beau Julius. Qui lui-même tombe amoureux d’un as du poker mexicain. Avant que Muriel ne s’intéresse aussi à sa voisine Sandra, une artiste aux mœurs libres… Pour le réalisateur Daniel Minahan, il s’agit de dépeindre des passions contrariées, des élans homosexuels étouffés par la gangue de l’Amérique conservatrice. Il capture bien la tristesse de lieux où la vie semble mécanique, voire absente. Mais Les Indomptés a aussi, paradoxalement, la raideur d’un drame 50s corseté. Tout y est très écrit, trop souligné, comme ce parallèle entre les jeux de hasard que pratiquent les personnages et ceux de l’amour. Les comédiens (plein de visages bien-aimés, de Daisy Edgar-Jones à Jacob Elordi) composent des personnages attachants mais, à cause de cette mise en scène cadenassée, échouent en partie à faire ressentir la passion censée flamber en eux.

Frédéric Foubert

TU NE MENTIRAS POINT ★★☆☆☆

De Tim Mielants

Devant la caméra de Tim Mielants qui l’a déjà dirigé dans la troisième saison de Peaky Blinders, Cillian Murphy est Bill le patron d’une modeste entreprise de charbon, au cœur de la campagne irlandaise du mitan des années 80. Le ciel est sale comme les mains de Bill qu’ils essuient chaque soir avant de rejoindre la table familiale. Un sas de (dé-)compression autant qu’un rituel où l’homme face à la glace regarde ses démons bien en face. Voilà pour le territoire dont on se demande qui va bien pouvoir rentrer dedans tant la place semble prise par tout un tas de névroses. Le problème de Mielants et donc du film en son entier, tient paradoxalement à la force de son acteur principal qui refuse de s’allumer pour rien. Il faut attendre un face à face à la Rembrandt avec la grande Emily Watson pour qu’une émotion surgisse enfin du cadre.  

Thomas Baurez

ASCQ 44- LES MARTYRS DU NORD ★★☆☆☆

De Germain et Robin Aguesse

Au cœur de ce documentaire, témoignages de survivants et images d’archives fusionnent pour retracer un événement survenu en 1944 : le massacre d’Ascq, au cours duquel 86 civils furent assassinés par des SS. Si le devoir de mémoire ne cessera évidemment jamais d’être essentiel, il s’avère ici paralysé par une narration rigide et des séquences de reconstitution désuètes, nous éloignant d’émotions concrètes.

Lucie Chiquer

UN PAYS EN FLAMMES ★★☆☆☆

De Mona Convert

A défaut d’un pays parlons d’une famille. Ne pas se tromper sur la marchandise, le présent film n’est pas un documentaire sur une peuple en colère mais des hommes, des femmes, des enfants, plutôt calmes qui passent leur temps à éclairer la nuit. Ils sont artificiers. Le film assume la pénombre voire le noir total transpercés ici et là de fulgurances lumineuses. La cinéaste fait le pari de l’immersion et donc de l’envoûtement. Perso, on a passé le plus clair de notre temps à tâtonner pour trouver notre chemin.

Thomas Baurez

 

Et aussi

Coursier de nuit, de Ali Kalthami

Les Oiseaux de pluie de Ariel Neo

La reprise

Le Joli mai, de Chris Marker et Pierre Lhomme