Le Transperceneige
Le Pacte

Le film de Bong Joon-ho revient ce soir à la télévision.

Adapté de la bande-dessinée de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette parue en 1983, le Le Transperceneige, de Bong Joon-Ho, est un ambitieux film de science-fiction, sorti en 2013 au cinéma. Bonne nouvelle : il revient ce soir sur Arte. Le réalisateur à qui on doit notamment The Host, Mother ou encore Memories of Murder, tournés avant celui-ci, mais aussi Parasite, le film événement du festival de Cannes 2019, a pris des libertés avec l'univers des BD, pour mieux transposer son message fort à l'écran. 

L'action se déroule dans un gigantesque train qui sert de refuge à ce qu'il reste de l’humanité. Suite à une catastrophe climatique qui a plongé le monde sous la neige, les seuls survivants de l’espèce humaine se retrouvent à vivre sur cette sorte d’arche sur rails condamnée à rouler sans cesse. A l’intérieur, les habitants sont répartis par rangs sociaux. Ainsi, on retrouve l’aristocratie en tête de train dans de somptueux wagons dorés, quand les pauvres vivent eux dans de vielles voitures en fin de convoi.

Pour ce film, Bong Joon-Ho s’est entouré d’un casting haut en couleur : Chris Evans (Captain America), John Hurt (Melancholia, La Taupe), Tilda Swinton (Moonrise Kingdom, L’Etrange Histoire de Benjamin Button), Jamie Bell (Les Aventures de Tintin, Billy Elliot), Alison Pill (Minuit à Paris), Octavia Spencer (La Couleur des sentiments) et Song Kang-Ho (Le Bon, La Brute et Le Cinglé). Après un tournage intense, il a ensuite dû se battre contre son distributeur américain, Harvey Weinstein, pour conserver son montage initial. Une histoire folle à lire ci-dessous.

Snowpiercer : comment Bong Joon-ho a floué Harvey Weinstein

Voici notre critique du Transperceneige, à ne pas rater ce soir sur Arte : 
Snowpiercer – Le Transperceneige devrait marquer l’histoire du cinéma SF. À dire vrai, le film ne ressemble à rien de connu. Les séquences liminaires peuvent évoquer des standards comme Soleil vert
(Richard Fleischer, 1974), la suite, plus du tout. La représentation cauchemardesque du futur que proposait la bande dessinée d’origine faisait déjà froid dans le dos. Bong Joon-ho lui apporte un traitement unique. De Memories of Murder à Mother, en passant par The Host, le réalisateur a déjà prouvé par le passé qu’il savait véhiculer des émotions contradictoires dans une même scène. Il offre ici un film somme jamais sur des rails qui, au gré des différents compartiments, fait voyager d’une tonalité à une autre (du bouffon au tragique, du gore à la farce), d’un pays à un autre. Le cinéaste sud-coréen sidère autant par sa direction d’acteurs (Tilda Swinton, démentielle en créature-sbire) que par ses idées de mise en scène (mouvements de caméra, gestion de l’espace). La seule faiblesse réside peut-être dans le twist final, qui nous renvoie à des digressions verbeuses façon Matrix Reloaded sur le Créateur, le sens de la vie, notre condition de Sisyphe, etc. Mais pas d’accident ferroviaire pour autant : à l’instar des superproductions SF de Paul Verhoeven dans sa période hollywoodienne, les moyens colossaux ne brident jamais la folie baroque, le goût du mystère, les visées poétiques et la liberté d’un artiste qui, derrière les oripeaux du genre, balance une méchante parabole politique. 


Tilda Swinton déclare sa flamme à Bong Joon-ho