Affiches Films à l'affiche semaine du 2 avril 2025
Warner/ Diaphana/ ARP

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MINECRAFT, LE FILM ★☆☆☆☆

De Jared Hess

L’essentiel

L’adaptation en live-action tant attendue de Minecraft par Jared Hess tombe à plat à cause d’un scénario mal construit et de personnages trop peu attachants.

Jared Hess s’empare du jeu vidéo le plus vendu de l’histoire et nous plonge dans l’univers cubique de la Surface, dimension dans laquelle chaque joueur commence son aventure. Quatre protagonistes - Sebastian Eugene Hansen, Emma Myers, Danielle Brooks et Jason Momoa - vont être propulsés dans ce monde fantastique menacé par la terrible Malgosha (Laura Felpin dans la version française), reine Pigling du Nether. Aux côtés de Steve, le Mr. Minecraft originel au polo turquoise interprété par Jack Black, ils feront tout pour que la lumière triomphe. Mais c’est la mauvaise pioche pour Minecraft, Le film qui livre un live-action peu divertissant au scénario mal construit, où rien ne prend le temps d’exister. Encore moins les personnages, qui ne bougent jamais réellement de leurs représentations caricaturales. Dommage pour un film dont la créativité est le mot d’ordre. 

Lisa Gateau

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

AU PAYS DE NOS FRERES ★★★★☆

De Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi

Ce premier long primé à Sundance aborde un sujet rarement mis en avant : les cinq millions d’Afghans venus se réfugier en Iran. Et ce à la manière d’une fresque construite en trois parties, racontant trois temps différents des membres d’une même famille, au sens élargi du terme. D’abord 2001 où Mohammad, jeune étudiant prometteur est mis sous pression par un policier qui lui fait comprendre qu’il encoure de graves problèmes s’il ne couche pas avec lui. Puis en 2010 où Leila, la jeune femme que Mohammad aimait mais n’a pas pu épouser à cause d’un mariage arrangé est, elle, confrontée à la mort soudaine de son mari. Et enfin en 2021 où Qasem, le frère de Leïla, apprend une terrible nouvelle au sujet de son fils et ne sait comment l’annoncer à sa femme. Un film gigogne donc qui raconte, au fil de ces personnages aux prises avec des situations kafkaïennes, la fragilité de la situation du réfugié en à peine 1h30 incroyablement intenses et fluides. Un tour de force.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

JEUNESSE (LES TOURMENTS) ★★★★☆

De Wang Bing

Nous voilà donc au milieu du gué. Deux ans après la présentation cannoise de Printemps et en attendant la sortie le 9 juillet de Retour au pays, voici le deuxième volet de la trilogie Jeunesse que Wang Bing consacre au quotidien de Zhili, cité entièrement dédiée à la confection textile, où de jeunes Chinois viennent travailler jour et nuit en espérant s’offrir une vie meilleure. Le principe reste le même: format au long cours (3h45) et absence de voix- off venant surligner les choses. Mais Les Tourments se révèle encore plus puissant que Le Printemps. Parce que la violence subie par ces esclaves des temps modernes paraît encore plus insoutenable. Et parce que les tentatives de révolte contre leurs patrons s’éteignent aussi vite qu’elles ne s’allument, racontant de manière implacable l’absence totale d’horizon de ces jeunes gens et la déshumanisation ultra- capitaliste à son extrême. Un chef d’œuvre.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE A AIME

DEUX SOEURS ★★★☆☆

De Mike Leigh

Abandonnant les fresques historiques (Peterloo ou Mr. Turner), Mike Leigh revient à l'étude de caractère intimiste avec ce drame familial ramassé qui rappelle ses premiers succès. Au centre du film, on retrouve Marianne Jean-Baptiste presque 30 ans après Secrets et Mensonges. Elle livre une interprétation spectaculaire dans le rôle de Pansy, femme brisée incapable d'exprimer sa détresse autrement que par la colère qui s’abat sur ses proches. La seule étincelle de chaleur dans sa vie vient de sa sœur Chantelle qui tente de l'intégrer dans son univers familial aimant… Pourquoi ne peux-tu pas profiter de la vie ?", demande à un moment Chantelle à Pansy - qui ne pourra pas répondre et se recroquevillera un peu plus sur elle-même comme si elle souhaitait disparaître. Son portrait pourrait être insoutenable, mais le cinéaste évite le piège du voyeurisme par sa tendresse sincère envers ses personnages. Jamais cynique ni caricatural, il offre un regard aussi lucide qu’humain sur les dégâts invisibles d'une âme en souffrance.

Pierre Lunn

Lire la critique en intégralité

THE GRILL ★★★☆☆

De Alonso Ruizpalacios

Dans les entrailles de "The Grill", proche de Times Square, s'agite une micro-société en ébullition. Ici les commandes s’empilent comme les tensions s'accumulent. Pedro est un cuisinier mexicain ambitieux qui entretient une liaison secrète avec une serveuse américaine enceinte qui envisage d'avorter. Autour d'eux gravite Estela, la nouvelle recrue fraîchement arrivée du Mexique, Rashid, le patron manipulateur, et une constellation d'employés aux origines diverses, unis par la cadence infernale des cuisines. La caméra d’Alonso Ruizpalacios virevolte dans un ballet technique éblouissant qui transforme cette cuisine en champ de bataille où s'entrechoquent les langues, les cultures et les ambitions. Mais The Grill n’est pas seulement une chronique sociale; c’est surtout une allégorie sur l'Amérique contemporaine. Ces travailleurs invisibles, souvent sans-papiers, font mijoter la machine américaine tout en restant dans la vapeur des fourneaux.

Pierre Lunn

Lire la critique en intégralité

LADS ★★★☆☆

De Julien Menanteau

Les lads sont ces apprentis jockey qui constituent la face cachée du monde des courses en sachant que sur cent d’entre eux qui s’engagent dans une formation sport- études pour en faire leur métier, un seul touchera le Graal. Ils forment la classe ouvrière de ce milieu. Julien Menanteau porte un regard extrêmement documenté sur ce qui constitue la classe ouvrière de ce milieu mais révèle aussi ici un vrai sens de la fiction, un goût pour le romanesque. Et ce à travers le destin mouvementé de son jeune héros, découvrant le monde des courses avec une passion qui va de pair avec la frustration qu’il ressent au fur et à mesure de son ascension de jockey quand il comprend qu’il court certes pour gagner mais d’abord et avant tout comme un pion qui sert avant tout les intérêts de ses patrons et ceux qui les financent. Et dans ce rôle, Marco Luraschi épate pour sa vraie première grande composition sur grand écran, primée au festival d’Angoulême.

Thierry Cheze

CASSANDRE ★★★☆☆

De Hélène Merlin

Voilà un premier long étrange, peuplé d’ambiances disparates et pourtant au final, totalement cohérent. On y suit en 1988 une ado de 14 ans (Billie Blain, impressionnante) au moment de sa puberté. Un récit initiatique en apparence classique où le basculement se fait le temps d’un été passé à fréquenter un centre équestre qui la sort d’un cercle familial étouffant. Hélène Merlin semble d’ailleurs charger la mule sur cette famille faite de membres dont l’extravagance flirtant avec le grotesque masque de plus en plus en mal une vraie brutalité pour certains, un refus de voir la réalité en face pour d’autres. Et c’est précisément par le prisme de ce tragi- comique malaisant que la cinéaste fait peu à peu naître le cœur de son film : l’inceste mais aussi les processus de silenciation et de déni qu’il engendre. Le geste, audacieux, souffre de quelques imperfections mais celles- ci participent au sentiment d’inconfort qui constitue l’ADN de ce projet.

Thierry Cheze

SONGE ★★★☆☆

De Rashid Masharawi

En quête de son pigeon voyageur, un Palestinien de 12 ans entreprend un périple du camp de réfugiés où il vit jusqu’à Haïfa en passant par Jérusalem. Et Rashid Masharawi s’appuie sur cette colonne vertébrale de récit relativement classique pour multiplier les embardées, au gré des mini- histoires de chacun des personnages croisés sur la route qu’il prend le temps de développer. Le tout avec une douceur espiègle et un désir de montrer les ponts encore possibles entre Israéliens et Palestiniens qui en font un vrai geste politique car à rebours du climat ambiant.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

FANON ★★★☆☆

De Jean- Claude Barny

La mécanique du biopic battant son plein, il convient de déceler ici et là, ceux qui cherchent à ouvrir des brèches. Ce Fanon s’y emploie mais n’y parvient pas toujours, la faute au ton parfois sentencieux de certaines répliques dont la puissance se retrouve dévitalisée par l’outil cinéma. Voici l’histoire algérienne de Frantz Fanon (Alexandre Bouyer convaincant), médecin chef d’une division de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville en Algérie. 1953, le pays est français, tout comme Fanon qui prend fait et cause pour le colonisé. Cela donnera l’ouvrage fondamental Les Damnés de la terre. En attendant par ces méthodes « révolutionnaires » entendues qu’elles ne considèrent pas le nord-africain comme un sous-homme, l’homme va s’ériger en humaniste visionnaire. L’arrivée dans le cadre d’un Stanislas Merhar en militaire blessé imprime peu à peu une tension mystérieuse qui déstabilise le récit pour mieux l’emmener sur un terrain moins conventionnel.

Thomas Baurez

CE N’EST QU’UN AU REVOIR/ UN PINCEMENT AU COEUR ★★★☆☆

De Guillaume Brac

Deux documentaires pour le prix d’un film qui questionne la fin des illusions adolescentes. Une façon de le dire vite mais c’est un peu ça. Quand à la fin du lycée, les chemins sont censés se décroiser que reste-t-il de nos amours ? Guillaume Brac (A l’abordage) filme des jeunes gens, principalement des filles au crépuscule de leur vie de lycéennes dans un internat de la Drôme. Ce n’est qu’un au revoir. Place ensuite à une virée dans le Nord à Hénin-Beaumont pour Un pincement au cœur. Soudain le ton se veut moins insouciant, les deux héroïnes au background familial pas simple, tentent de rester souder face à l’adversité mais la vie, c’est bien connu, sépare ceux qui s’aiment. Du Nord au Sud, le cinéaste n’a pas son pareil pour saisir une vérité nue par la force d’une mise en scène toujours à bonne distance de ses sujets. Un diptyque cohérent et fort.

Thomas Baurez

OZI, LA VOIX DE LA FORÊT ★★★☆☆

De Tim Harper

Une jeune orang-outan orpheline, recueillie par des humains, devient influenceuse YouTube… OK, au début, Ozi est marrant mais fait un peu peur : mais sans prévenir le film se transforme en huis clos carcéral comme L’Age de glace 2 ou Toy Story 3, avec une corpo qui rase la jungle en se faisant passer pour une œuvre de bienfaisance. Pas bête du tout, en fait, et très engagé côté écolo : le générique de fin, qui informe sur le réchauffement climatique, est, dans le genre, le truc le plus flippant de l’année.

Sylvestre Picard

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

HYACINTHE ★★☆☆☆

De Bernard Mazauric

Un arnaqueur beau parleur et un colosse introverti sont pris en chasse par des gangsters… Variation méditerranéenne sur Des Souris et des hommes, Hyacinthe réécrit Steinbeck façon polar à papa, avec l’aide d’un casting de gueules – le champion de boxe thaï Patrice Quarteron y croise Michel Jonasz sous le regard de Denis Lavant. C’est souvent maladroit, mais ceux qui aiment flâner sur les routes de campagne, loin des autoroutes du ciné hexagonal, pourront trouver une sorte de charme déglingué à cette curiosité.
Frédéric Foubert

WET MONDAY ★★☆☆☆

De Justyna Mytnik

Dans une petite ville de Pologne, Klara, 15 ans, a développé une phobie de l’eau à cause d’un traumatisme subi lors des dernières célébrations du lundi de Pâques. Une amie va l’aider à comprendre ce qui s’est passé ce jour-là… Entre éloge de la sororité et touches (timides) de folk horror, Justyna Mytnik brasse pas mal de lieux communs du cinéma contemporain. Mais l’originalité du contexte culturel dépeint et l’énergie des jeunes comédiennes permettent d’excuser certaines approximations stylistiques.

Frédéric Foubert

 

 

Et aussi

La Marseillaise des ivrognes, de Pablo Gil Rituerto

Natacha (presque) hôtesse de l’air, de Noémie Saglio

Nous voilà grands !, programme de courts métrages

Le Routard, de Philippe Mechelen et Julien Hervé

Les reprises

Astérix et les vikings, de Jesper Molle et Stefan Fjeldmark

Le Voyage d’Anton, de Mariana Loupan

A lire aussi sur Première