L’histoire vraie et déroutante d’un Catalan qui s'est fait passer pendant des années pour une victime de l’Holocauste. Un grand film sur le mensonge.
C’est une de ces histoires qu’aucun scénariste n’aurait osé inventer. Trop peu crédible tant dans la personnalité de son personnage principal que dans les rebondissements scénaristiques que son jusque-boutisme engendre. L’histoire de Enric Marco, un Catalan qui, des années durant, fut le président très actif, très efficace et très médiatisé de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste avant qu’on découvre qu’il avait tout inventé et n’avait jamais été déporté. Pour la raconter, le duo Aitor Arregi et Jon Garano (Une vie secrète) a longtemps hésité sur la forme. Documentaire (ils ont longuement rencontré et filmé Marco), docu-fiction… avant de pencher pour la fiction. Sans doute le meilleur des choix car le plus en phase avec cette idée d’un homme qui n’a cessé d’inventer son histoire et leur parti-pris à eux de ne jamais penser leur film comme un suspense.
On comprend ainsi d’emblée que Marco n’a pas dit toute la vérité. Et on vit ce récit dans la fascination totale de voir jusqu’où il peut aller dans le mensonge, alors qu’il se sait à terme condamné à être démasqué. Mais encore fallait- il un acteur capable d’endosser les habits de Marco, d’en embrasser toutes les facettes, les paradoxes : roublard, charmeur, charismatique… De parvenir même parfois à nous faire douter alors que toutes les preuves de sa supercherie sont sous nos yeux. Ce que fait Eduard Fernandez tient ici du prodige et permet à ce film sans temps mort de montrer que l’heure des fake news et de la post- vérité n’a pas commencé avec Internet ou les années Trump !
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