Doublement primé à Gérardmer, un premier film de genre bourré d’idées et de références, dans lesquelles il se perd parfois, mais diablement efficace.
C’est un film construit comme un puzzle qui laisse aux spectateurs la place pour compléter les vides que son réalisateur a volontairement laissé un chemin. Un film fantastique – récompensé au festival de Gérardmer par les prix de la critique et de la jeunesse – qui, dans la même logique, préfère jouer sur les contre- champs mystérieux que sur le gore dégoulinant d’hémoglobine au fil d’un récit qui se déploie entre deux pays (l’Espagne et l’Argentine), deux époques (aujourd’hui et vingt ans plus tôt) et trois héroïnes. Les fameuses « maudites » du titre victimes d’un même étrange phénomène : une présence menaçante autour d’elle, invisible à l’œil nu et dont elles sont les seules à entendre les cris terrifiants. Venu de l’univers du clip, Pedro Martin-Calero porte à l’écran pour son premier long un scénario co-écrit par Isabel Peña, complice de longue date de Rodrigo Sorogoyen (As Bestas, Madre…).
Sa mise en scène fourmille au son comme à l’image de mille idées (dont celle que le « monstre » ne devienne visible que par le prisme des objectifs d’un appareil photo, d’une caméra de surveillance ou d’un téléphone) et d’autant de références, de Lost Highway à Tesis en passant par Le Locataire. Ce foisonnement assumé joue parfois contre le film et pollue ce que cette transmission toxique d'une malédiction ancestrale entend symboliser : la violence faite aux femmes qui se transmet de génération en génération sans qu’elles soient entendues ou crues. Sans cependant jamais abimer la tension qui s’y déploie jusqu’à sa dernière image.
De Pedro Martin- Calero. Avec Ester Exposito, Mathilde Ollivier, Malena Villa... Durée 1h47. Sortie le 21 mai 2025
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