Affiches Films à l'affiche semaine du 23 avril 2025
StudioCanal/ Ad Vitam/ KMBO

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
L’AMOUR C’EST SURCOTE ★★★★☆

De Mourad Winter

L’essentiel

Le duo Hakim Jemili- Laura Felpin fait des étincelles dans cette comédie romantique survitaminée. Le premier film de Mourad Winter n’a peur de rien, et surtout pas de l’émotion ou de la vanne impudique.

Anis (Hakim Jemili, immédiatement attachant), dragueur nul, tétanisé par sa peur de l’engagement et les constantes injonctions au coït de ses potes, tombe raide dingue de Madeleine (Laura Felpin, hilarante séductrice), solaire et solide, préposée au vestiaire d’une boîte où Anis tentait d’oublier le décès de son meilleur ami, survenu trois ans auparavant. Sans se douter que la jeune femme va le forcer à se confronter à ce blocage émotionnel qui régit sa vie en sous-main. Primée à l’Alpe d’Huez, L’Amour c’est surcoté est une comédie romantique comme on en voit peu, à l’affût de l'émotion mais multipliant les vannes piquantes à un rythme pas croyable. Il y a là-dedans une précision chirurgicale du dialogue et un oeil, un vrai, celui du chef opérateur André Chemetoff (Le Monde est à toi), qui donne au film des airs d'épopée urbaine. Cette ambition formelle traverse une histoire peuplée de second rôles impayables (dont Benjamin Tranié, pote intarissable sur les vannes racistes) autour desquels règnent Jemili et Felpin, évident couple de cinéma.

François Léger

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA CHAMBRE DE MARIANA ★★★★☆

De Emmanuel Finkiel

Ukraine, 1943. Hugo, 12 ans, tout juste extirpé du ghetto juif est confié par sa mère à une prostituée installée dans une maison close (Mélanie Thierry, impressionnante) qui voit passer des bottes allemandes. Caché dans un placard, l’enfant observe un monde en décomposition depuis cette vigie. Les images « directes » que voient l’enfant se substituent à celles du souvenir. Au cinéma, c’est aussi par le son que peut s’opérer cette suture. Ainsi confiné, Hugo comprend sans broncher qu’un refuge n’est pas un havre de paix. Les menaces extérieures feront sûrement sauter les parois. Dès lors l’enfant devra investir ce qu’il avait fini par concevoir comme un décor. A partir du texte d’Aharon Appelfeld, Finkiel signe un film à la fois âpre et romanesque dont la précision créait une tension avec les pulsations aléatoires du chaos. Puissant.

Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

NE ZHA 2 ★★★★☆

De Yu Yang

Vous avez sûrement entendu parler du film d’animation qui a explosé le box-office avec 2 milliards de recettes à son compteur, volant au passage la vedette à Vice-versa 2. Inspiré de la mythologie chinoise, Ne Zha 2 a su séduire petits et grands (pas de favoritisme). Imaginez un monde fantastique aux couleurs explosives dans lequel Ne Zha, un enfant démon à la force herculéenne et Ao Bing, prince des dragons, vont remuer ciel et terre pour préserver leurs clans respectifs. En défiant les lois de l’animation, le film offre au public une expérience unique à travers des paysages aux designs époustouflants, magnifiés par des effets visuels de grande qualité. La profondeur des personnages accentuée par une narration détaillée, dans un univers graphique à couper le souffle, stimule tous nos sens à l'écran. Rythmé, le récit insuffle une effervescence émotionnelle qui reflète et questionne avec justesse nos rapports humains.

Marie Janeyriat

Lire la critique en intégralité

SIMON DE LA MONTANA ★★★★☆

De Federico Luis

À l’issue de la magnifique séquence d’ouverture de Simón de la montaña, il est impossible de prédire dans quelle direction le film va se diriger. Ce jeune homme de 21 ans, est-il handicapé ou fait-il semblant ? Si oui, pour quelle raison ? Pour toucher une allocation ? Pour profiter sexuellement des filles de ce groupe ? Toutes ces questions mettent mal à l’aise, et amplifient la portée du non-dit du film : on ne saura jamais pourquoi Simon agit ainsi mais on le verra s’épanouir auprès de personnes vulnérables, que la société cherche pourtant à mieux inclure…  Le réalisateur donne une matière en or à son acteur principal (Lorenzo Ferro), jouant un jeune homme usant de mimétisme pour se faire passer pour un handicapé. En cela, Simon est un personnage profondément subversif, et qui fonce dans cette impasse pour en révéler ses profondes et désagréables contradictions.

Nicolas Moreno

PROMESSE ★★★★☆

De Thomas Hug de la Larauze

Avant de décéder en 2016 des complications d’une greffe de poumons, Lauren fait promettre à ses proches de transformer en un véritable film les vidéos accumulées avec sa petite caméra. Et qui de mieux que son frère jumeau, Thomas, pour raconter son histoire. Au-delà de lui rendre un dernier hommage, Promesse s’attache à décrypter ce que les liens familiaux impliquent de soutien, de réconfort, et de responsabilité. L’occasion d’évoquer la maladie par le prisme de ceux qui ne la portent pas mais la subissent malgré tout, parents et fratrie confrontant leurs expériences respectives. La pudeur s’efface alors au profit d’une foudroyante vulnérabilité, de sorte que l’on s’attache ardemment à cette jolie famille. Mais si le chagrin se lit sur chacun des visages, ne vous attendez pas à un documentaire larmoyant : lorsque le générique de fin apparaît, seule la joie de vivre de Lauren demeure.

Lucie Chiquer

PREMIÈRE A AIME

THE GAZER ★★★☆☆

De Ryan J. Sloan

C’est un premier long fauché, réalisé par un inconnu, tourné à l’arrache le week-end, quand lui et son actrice et co-scénariste Ariella Mastroianni avaient un peu de temps et d’argent devant eux. Le tout en 16mm, granuleux à souhait. The Gazer raconte l’histoire d’une jeune femme souffrant de dyschronométrie, maladie dégénérative qui l’empêche de percevoir correctement le temps et la plonge régulièrement dans des pertes de conscience. Eloignée de sa fille suite à la mort mystérieuse du père de celle-ci, Frankie va bientôt se retrouver paumée dans une énigme labyrinthique… La dyschronométrie du personnage lui interdit par ailleurs d’utiliser des smartphones, et l’oblige à se promener partout avec un vieux walkman sur lequel elle a enregistré des balises auditives l’aidant à garder le contrôle. Ce gimmick tient lieu de manifeste analogique pour le réalisateur, qui paye ici son tribut aux thrillers paranos des 70’s type Conversation secrète. Dans les scènes oniriques qui trouent le récit, c’est à Lynch et Cronenberg qu’on pense, mais cette avalanche de références n’empêche jamais le film de tenir debout, grâce à un suspense policier vraiment bien construit, jamais prétexte ni passéiste.

Frédéric Foubert

Lire la critique en intégralité

LA LEGENDE D’OCHI ★★★☆☆

De Isaiah Saxon

Dans la lignée du clip de Wanderlust qu'il a réalisé pour Björk, Isaiah Saxon arpente, pour son premier long, l'univers du film d’aventures hybride façon Gremlins et de Dark Crystal. L’histoire nous propulse dans un village des Carpates dans les pas d’une petite fille élevée dans la crainte des mystérieuses créatures de la forêt aux alentours, les Ochi. Jusqu’au jour où elle va découvrir un bébé Ochi et décider de braver tous les interdits pour le ramener auprès des siens. Rien de révolutionnaire dans ce récit initiatique d’une jeune fille s’émancipant d’un monde dominé par les hommes. Mais le charme opère par le côté suranné de la réalisation, y compris dans son rendu imparfait où, à la différence du travail remarquable sur les créatures, celui sur les matières même de la nature dans lequel tout ce petit monde évolue pique parfois les yeux. Mais comme ce côté too much épouse la prestation en roue libre tout en cabotinage de Willem Dafoe dans le rôle du méchant, on finir par y trouver une cohérence espiègle.

Thierry Cheze

Lire la critique en intégralité

MEXICO 86 ★★★☆☆

De Cesar Diaz

Alors que l’homme qu’elle aime vient d’être tué sous ses yeux, Maria, une militante révolutionnaire guatémaltèque dans le viseur du régime autoritaire en place, doit fuir sans perdre une seconde vers le Mexique. Et sans son bébé que sa mère accepte de garder. Pour son deuxième long, Cesar Diaz va nous faire vivre ce récit en totale immersion, dans la tête de cette militante qu’il connaît bien puisqu’elle lui a été inspirée par sa mère. Et Mexico 86 avance en s’appuyant en permanence sur deux motifs de haute tension : la paranoïa de Maria qui a la sensation qu’elle peut être retrouvée et flinguée à tout moment et le dilemme quant à son attitude à tenir quand, sa grand- mère tombée malade, son fils vient vivre avec elle à ses 10 ans. Il n’y a ni artifice ni temps mort dans ce film qu’on suit au rythme de son héroïne sans cesse sur le qui- vive. La force tranquille de la réalisation offre un écrin parfait à Bérénice Bejo qui livre une de ses belles compositions avec The Artist, Le Passé et L’Economie du couple dans le rôle le plus passionnant qu’elle ait eu à incarner.

Thierry Cheze

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

DROP GAME ★★☆☆☆

De Christopher Landon

Violet, veuve et mère de famille, se rend à un rencard Tinder dans un restau chic de Chicago. Là, elle va être bombardée sur son téléphone de messages menaçants, lui intimant d’obéir aux consignes qui lui seront données, sous peine de voir son petit garçon et sa baby-sitter être tués… Ce jeu mortel se déroulant via AirDrop, le méchant est forcément dans la pièce. Est-ce le serveur blagueur ? Le pianiste dragueur ? Ce type chelou rivé sur son smartphone ? Drop Game, c’est Phone Game version 2025 – avec aussi un peu de Red Eye et de Trap dedans. Une sucrerie Blumhouse qui fait mine de parler d’un sujet grave (les violences conjugales) mais s’intéresse surtout à son concept ludique et improbable. Bien tenu au début, un peu mou au milieu, le film devient complètement fou dans ses vingt dernières minutes, risibles, grand-guignolesques, dignes de Mel Brooks… Tellement délirantes que le film pourrait bien finir par devenir culte.

Frédéric Foubert

FAMILIA ★★☆☆☆

De Francesco Costabile

Il y a peu notre Lindon national tentait de ramener au bercail un de ses enfants égaré dans des groupes néo-fascistes (Jouer avec le feu) C’est ici en Italie que ça se passe et la famille - une mère solitaire fragilisée, un père brutal encombrant, un frère mal-aimé – ne peut pas grand-chose face à la dérive sectaire d’un bambin qui porte des frustrations en héritage. Le récit se veut une descente aux enfers dans la Rome prolo du début 2000 où le patriarcat éteint toute possibilité de révolte face à un bloc de tension brut. Que faire sinon baisser la tête, ronger son frein et chercher des dérivatifs pour éponger sa soif de vengeance ? Le label « inspirée d’une histoire vraie » ne saurait dédouaner le réalisateur de se complaire dans cette noirceur programmatique. Car si la claustration du film traduit l’enfermement psychologique et physique, elle ne cherche jamais à âtre démentie par une force contraire. Dommage.

Thomas Baurez

ALTERLOVE ★★☆☆☆

De Jonathan Taïeb

Un (jeune) homme et une (jeune) femme. Une rencontre impromptue. Et une première nuit en duo riche dans les rues parisiennes. Pour son premier long, Jonathan Taïeb s’aventure sur le terrain de la comédie romantique avec une envie de cinéma évidente, un vrai sens du casting et de la direction d’acteurs (Kim Higelin et Victor Poirier, le Jean- Edouard de la série Culte, y sont épatants de complicité). Mais le format moyen métrage aurait été plus approprié à ce récit qui a tendance à bégayer et à tirer à la ligne pour atteindre 90 minutes.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

DES JOURS MEILLEURS ★☆☆☆☆

De Elsa Bennett et Hippolyte Dard

Un matin de gueule de bois sévère, Suzanne (Valérie Bonneton), alcoolique buvant en cachette de sa famille, a un accident de voiture avec ses trois enfants. La justice lui retire la garde et la force à se soigner dans un centre de désintoxication. Elle y fait la rencontre de Diane (Michèle Laroque) et Alice (Sabrina Ouazani), deux femmes au caractère bien trempé et dans le déni de leur dépendance. Pour les réunir autour du même objectif et tenir la sobriété, Denis (Clovis Cornillac), éducateur sportif de l’établissement, les fait participer au rallye des Dunes dans le désert marocain… Ennui poli devant cette comédie dramatique vue et revue, vrai/faux feel-good movie. Si le film n’a que de bonnes intentions et parvient à faire parler du tabou de l’alcoolisme féminin, le scénario programmatique à l’extrême et ses personnages caricaturaux ne rendent pas justice à un sujet autrement plus complexe.

François Léger

LE CLAN DES BÊTES ★☆☆☆☆

De Christopher Andrews

La présence au générique de Barry Keoghan (Mise à mort du cerf sacré, Bird…) suffirait presque à notre bonheur, tant sa force tellurique fait vibrer le cadre. Légèrement en retrait dans la première partie, il en devient le centre dans la seconde, le scénario jouant la carte du double point de vue. Il faudra donc se coltiner les mêmes évènements mais à des distances différentes. Le procédé n’est pas neuf et pas toujours utile. Ici, à part repositionner Koeghan, on ne voit pas bien. Dans une ferme sise au milieu de la campagne perdue irlandaise, un élevage de béliers est décimé brutalement. Tout ça pue l’embrouille de voisinage à plein nez. L’essentiel est ailleurs, il s’agit d’un duel à distance entre deux corps qui ne parviennent pas à se rencontrer. Koeghan d’un côté, Christopher Abbott (vu aussi chez Lanthimos !), de l’autre. Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à s’intéresser à cette foutue histoire ? Peut-être parce qu’elle n’a rien à offrir que son propre ressassement.

Thomas Baurez

UN MEDECIN POUR LA PAIX ★☆☆☆☆

De Tal Barda

Passons sur l'insupportable musique pourtant éliminatoire. Même si on peine à comprendre comment Tal Barda a cru en avoir besoin pour émouvoir devant la tragédie vécue par Izzeldin Abuelaish, premier médecin palestinien à travailler dans un hôpital israélien, qui a vu sa maison bombardée et trois de ses filles et une nièce tuée sous ses yeux Le vrai souci de ce docu se situe ailleurs. Pour raconter cet homme résilient à la parole si puissante, militant sans relâche pour la paix entre Israël et Palestine malgré ce qu’il a vécu, on se demande en effet pourquoi Barda a fait appel à des témoins extérieurs qui n'apportent rien. Et plus encore pourquoi on n’entend qu’un seul son de cloche. L’absence de témoignages directs de membres du gouvernement israélien ou une phrase signalant qu'ils ont refusé de répondre déséquilibrent le récit. Et créent un contre- sens coupable par rapport à la personnalité d’Abuelaish. Un film aussi léger qu’un éléphant dans un magasin de porcelaines.

Thierry Cheze       

 

Et aussi

Copiapo, de Alexis Righetti

Le Temps des ogres, de Simon Gillet

Until dawn- La Mort sans fin, de David F. Sandberg

Les reprises

Star wars- épisode 3 : La Revanche des Sith, de George Lucas