Date de sortie 23 avril 2025
Durée 131 mn
Réalisé par Emmanuel Finkiel
Avec Mélanie Thierry , Julia Goldberg
Distributeur Ad Vitam
Année de production 2025
Pays de production France
Genre Drame historique
Couleur Couleur

Synopsis

1943, Ukraine, Hugo a 12 ans. Pour le sauver de la déportation, sa mère le confie à son amie d’enfance Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville. Caché dans le placard de la chambre de Mariana, toute son existence est suspendue aux bruits qui l’entourent et aux scènes qu’il devine à travers la cloison…

Critiques de La Chambre de Mariana

  1. Première
    par Thomas Baurez

    On avait découvert Emmanuel Finkiel en 1999 avec son formidable Voyages, récit polyphonique qui interrogeait la mémoire de la Déportation. L’errance des corps et des âmes accompagnait les vertiges du souvenir. Son adaptation de La Douleur de Marguerite Duras (2017) poursuivait ce travail sondant de façon encore plus viscérale la survie des sentiments dès lors qu’ils sont recouverts d’une odeur de mort. Voici La Chambre de Mariana. Ukraine, 1943. Hugo, 12 ans, tout juste extirpé du ghetto juif est confié par sa mère à une prostituée installée dans une maison close (Mélanie Thierry, impressionnante, en ukrainien dans le texte) qui voit passer des bottes allemandes. Caché dans un placard, l’enfant observe un monde en décomposition depuis cette vigie. « Dans le réduit, on ferme les yeux et on rêve… » Les images « directes » que voient l’enfant se substituent à celles du souvenir. Au cinéma, c’est aussi par le son que peut s’opérer cette suture. Raccord ainsi osé entre les gémissements de plaisir feint de sa logeuse en plein coït et un soldat allemand avec le cri de douleur de la mère de l’enfant en flash-back. C’est qu’ici tout est prêt à se confondre. Ainsi confiné – spectateur dissimulé – Hugo comprend sans broncher qu’un refuge n’est pas un havre de paix. Les menaces extérieures feront sûrement sauter les parois. Dès lors l’enfant devra investir ce qu’il avait fini par concevoir comme un décor. A partir du texte d’Aharon Appelfeld, Finkiel signe un film à la fois âpre et romanesque dont la précision créait une tension avec les pulsations aléatoires du chaos. Puissant.