Affiches sorties de films du 30 novembre 2022
Gaumont/ Memento/ Diaphana

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
FUMER FAIT TOUSSER ★★★☆☆

De Quentin Dupieux

L’essentiel

Quentin Dupieux transpose Bioman en France mais parasite la parodie avec des histoires d’horreur absurdes. Un film à sketches aussi court qu’amusant.

Dans la foulée du macabro-délirant Incroyable mais vrai, Dupieux revient avec une parodie de sentai, où après avoir atomisé une tortue démoniaque, les Tabac Force, cinq justiciers aux costumes très moulants, sont envoyés en retraite à la campagne pour renforcer la cohésion du groupe. Fumer fait tousser est construit sur une succession de courts métrages qui viennent parasiter les péripéties des Tabac Force (impeccables Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, Vincent Lacoste… et Alain Chabat au doublage de leur boss, Chef Didier, rat en mousse libidineux et répugnant). Du Dupieux 100 % rigolard, tendance Mandibules, débarrassé de l’inquiétante étrangeté du Daim ou d’Au Poste ! Toujours surprenant dans sa folie furieuse et sa volonté de se court-circuiter lui-même, ce film à sketches réunit l’absurdité signature de son réalisateur et l’esprit de la TV parodique des années 90, Les Nuls, L'émission et La Télé des Inconnus en tête.

François Léger

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PREMIÈRE A AIME

LE LYCEEN ★★★☆☆

De Christophe Honoré

Après avoir mis en scène son histoire familiale au théâtre (Le Ciel de Nantes), Christophe Honoré poursuit dans cette veine autobiographique en racontant l’histoire de Lucas, adolescent homosexuel que l’on va suivre dans les semaines suivant le décès de son père qui seront à la fois le temps du deuil et de l’entrée dans l’âge adulte. Honoré n’a aucune complaisance envers le deuil, ni envers l’adolescence, ni envers les automatismes du récit coming of age. Le Lycéen est un film sincère et frontal qui ne s’excuse de rien et semble directement faire corps avec son personnage, avec la violence, l’hétérogénéité, la confusion des sentiments propre à un garçon de cet âge-là frappé par une tragédie qui le dépasse. Et le résultat se révèle souvent poignant et toujours juste.

Théo Ribeton

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ANNIE COLERE ★★★☆☆

De Blandine Lenoir

Blandine Lenoir (Zouzou) revient à la source d’un combat qu’on croyait à tort gagné à jamais. Et nous replonge donc en février 74 où l’Annie qui donne son titre, ouvrière et mère de deux enfants, tombe enceinte accidentellement et entre alors en contact puis devient partie prenante, en dépit du quand dira t’on, du MLAC (le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) qui pratique les avortements illégaux. Ce qui pourrait n’être qu’un film à sujet va bien au- delà. Grâce à la qualité de ses interprètes (Laure Calamy en tête). Mais surtout grâce à la qualité du scénario co- écrit avec Axelle Ropert qui va au- delà des archétypes, soigne tout autant les personnages masculins que féminins et surtout raconte les « petites » histoires derrière l’histoire officielle. Le tout avec une sororité joyeuse et contagieuse qui rend Annie Colère si attachant.

Thierry Cheze

SHE WILL ★★★☆☆

De Charlotte Colbert

Adoubé par Dario Argento et salué par Alfonso Cuarón, ce premier long met en scène une actrice star sur le déclin (Alice Krige, absolument démente) qui, après avoir subi une double mastectomie, part en convalescence au fin fond des Highlands écossais, dans un manoir entouré d’une forêt où, des siècles plus tôt, des femmes accusées de sorcellerie, y furent brûlées vives. Un lieu où en s’y aventurant, elle va tout à la fois voir un traumatisme du passé ressurgir – le comportement abusif dans sa jeunesse, d’un cinéaste pygmalion – et y trouver les moyens de s’en venger grâce aux forces mystérieuses qui prennent possession d’elle. Dans She will, l’horreur est psychologique, jamais gratuite ou gore. Charlotte Colbert signe un rape & revenge fantasmagorique, s’inscrivant pleinement dans l’ère post #metoo sans pour autant marteler scolairement les choses. Une expérience sensorielle, où les dialogues s’effacent devant les fulgurances visuelles imaginées par une réalisatrice qui est aussi une plasticienne reconnue.

Thierry Cheze

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COW ★★★☆☆

De Andrea Arnold

Changement de registre pour Andrea Arnold. Après quatre fictions célébrant des héroïnes d’hier (Les Haut de Hurlevent) et d’aujourd’hui (Red road, Fish tank et American honey), la Britannique s’essaie au documentaire en s’intéressant au destin d’une vache laitière séparée brutalement, juste après sa naissance, de son veau pour être conduite de force vers une machine à traire. Cette scène inaugurale donne le la de ce qui va suivre. Le choc permanent entre la beauté de la nature et son exploitation par l’homme (la scène ultime du film, d’une brutalité glaçante, vous hante longtemps). Comme Skolimowski et l’âne de son Eo, Arnold raconte notre monde du point de vue de cette vache qui donne son titre au documentaire. Nulle trace de discours verbeux, le cinéma d’Andrea Arnold – en docu comme en fiction – passe par les sensations qu’elle crée par la puissance tranquille de sa mise en scène. Et le résultat en impose.

Thierry Cheze

REVOLUTION SIDA ★★★☆☆

De Frédéric Chaudier

« Aujourd’hui, 37 millions de personnes ont le SIDA dans le monde, mais encore 20 millions d’entre eux n’ont pas accès à un traitement antirétroviral ». Le documentaire débute (et saisit) par ces mots-ci et pointe du doigt les États. Ceux qui regardent ailleurs, négligent leurs promesses (éradiquer la maladie d’ici 2030) et se désengagent financièrement. Frédéric Chaudier (Les Yeux ouverts) capte le combat, officiel ou intime, contre cette « injustice sociale ». Révoltant, important.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

MES RENDEZ- VOUS AVEC LEO ★☆☆☆☆

De Sophie Hyde 

Nancy, une femme d’une soixantaine d’années (Emma Thompson) attend dans une chambre d’hôtel. Elle fait les cent pas, cherche dans le minibar de quoi se détendre. « Ding dong ! » Arrive Leo Grande, un nom de pornstar et un physique ad hoc. Leo est un escort boy. Elle, est toujours un peu stressée. Lui, beaucoup moins (c’est son taff !) En attendant les choses sérieuses, chacun se raconte un peu. Surtout Nancy, veuve, un mariage tristoune… Unité de lieu et quasiment de temps, le processus narratif a un dimension théâtrale assumée que la cinéaste parvient toutefois à dynamiser. Pour le reste, le scénario, enfonce beaucoup de portes ouvertes (poids des conventions sociales, souci du qu’en-dira-t-on...) Résultat : à partir d’une situation singulière, Sophie Hyde trouve le moyen de signer un film d’une sagesse rédhibitoire.   

Thomas Baurez

LE TORRENT ★☆☆☆☆

De Anne Le Ny 

Un homme découvre l’infidélité de sa femme. Une dispute éclate. La seconde s’enfuit et fait une chute mortelle avant que des pluies torrentielles emportent son corps. Et le premier va pousser sa fille à le couvrir par de faux alibis dès que les soupçons se portent sur lui. Anne Le Ny s’essaie au thriller sans jamais parvenir à faire naître le suspense qu’elle ambitionne de distiller. La faute à un scénario trop cousu de fil blanc et à des personnages manquant de nuances et de trouble.

Thierry Cheze

DAYS ★☆☆☆☆

De Tsai Ming- Liang 

« J’ai arrêté d’écrire des scénarios, cependant, je n’ai jamais arrêté de faire des films... », revendique Tsaï Ming-Liang. Days suit une double errance, celle de deux hommes pris dans la solitude de leur existence. La caméra, sensuelle, reproduit in extenso des situations à priori banales (préparation d’un repas...) ou pas (un massage intime). Tsaï Ming-Liang fait, encore une fois, le pari de l’hypnose.  Mais ça ne marche pas à tous les coups…

Thomas Baurez

 

Et aussi

Columbia in my arms, de Jenni Kivistö

Dsp, de Ponram

Enzo le Croco, de Josh Gordon et Will Speck

Gatta Kusthi, de Chella Ayyavu

Holy Emy, de Araceli Lemos

Museum, de Yonathan Levy

Neil Young : Harvest time, de Bernard Shakey

Violent night, de Tommy Wirkola

 

Les reprises

Le Bal, de Ettore Scola

Meurtre dans un jardin anglais, de Peter Greenaway

Les Rebelles du Dieu Néon, de Tsai Ming- Liang

La Rivière, de Tsai Ming- Liang

Un petit cas de conscience, de Marie- Claude Treilhou

Vive l’amour, de Tsai Ming- Liang