Festival d'Angoulême 2025- jour 1
StudioCanal/ Jour2Fête/ Haut et Court

Bilan quotidien de la 18ème édition du festival du film francophone d’Angoulême.

Le film du jour : Les enfants vont bien de Nathan Ambrosioni

La compétition angoumoisine démarre tambour battant avec le troisième long métrage de Nathan Ambrosioni après Les Drapeaux de papier (2018) et Toni en famille (2023). Tant à seulement 26 ans, celui-ci ne cesse d’épater par la maturité de son écriture et son talent à signer des portraits de femmes d’une telle acuité. Son film s’ouvre sur une visite à priori banale que Suzanne rend à sa sœur Jeanne. Sauf que le lendemain, Suzanne a disparu sans laisser d’adresse mais un simple mot pour indiquer à Jeanne qu’elle lui confie ses deux jeunes enfants. Où est partie sa sœur ? Pourquoi a-t-elle décidé de s’évaporer sans donner d’explication ? Et surtout comment gérer du jour au lendemain ces deux enfants alors qu’elle- même n’a jamais été mère et n’éprouve spontanément aucun instinct maternel ?

Voici toutes les questions qui se bousculent instantanément dans la tête de Jeanne, à la fois KO debout et dans l’obligation d’agir au plus vite, en s’appuyant sur son ex Nicole, dont le désir de maternité non partagée avait participé à la rupture. Transcendant le sujet des disparitions volontaires, Ambrosioni signe un grand film sur la famille, les liens qui unit ses membres et peuvent à tout moment s’étioler voire se rompre. Un film d’une sensibilité infinie sans cris, ni heurts où les douleurs, les angoisses sont d’abord intériorisées et muettes, pour ne pas affoler encore plus les deux jeunes enfants. On en ressort aussi bouleversé qu’épaté par la qualité de ce scénario et la manière dont ses interprètes s’en emparent : Juliette Armanet (Suzanne) Monia Chokri (Nicole) mais aussi et surtout Camille Cottin (Jeanne) à qui Ambrosioni offre encore un rôle majeur après Toni en famille, confirmant qu’elle s’épanouit comme jamais dans son jeu sous sa direction.

Sortie le 3 décembre

Les enfants vont bien de Nathan Ambrosioni
StudioCanal

L’acteur du jour : Laurent Lafitte dans La Femme la plus riche du monde

Quelques mois après sa présentation à Cannes, La Femme la plus riche du monde a ouvert en beauté hier soir la 18ème édition du festival d’Angoulême. Thierry Klifa s’y empare avec malice et finesse de la fameuse affaire Bettencourt et du lien particulier qui a uni Liliane Bettencourt au photographe François-Marie Banier. En changeant les noms des protagonistes, le cinéaste ne bégaie jamais avec les nombreux articles et documentaires consacrés au sujet. Et prend le parti de la comédie comme prisme de cette histoire de famille aussi déchirante – par les secrets enfouis douloureux et les non-dits qui vont s’y libérer – qu’hilarante – par le cynisme, la cruauté et le sens aiguisé de la répartie que déploient, façon éléphant dans un magasin de porcelaine, le personnage inspiré par François-Marie Banier.

Mais pour camper cet homme qui fascine autant qu’il insupporte et ses variations d’humeur et d’humour extrêmes, il fallait un comédien capable de jouer l’outrance – dans les mots, le regard et le corps – sans précisément en rajouter. En connexion permanente avec ses partenaires (et quels partenaires ! Isabelle Huppert, Marina Foïs, Mathieu Demy, André Marcon, Raphaël Personnaz…) pour ne jamais céder à la facilité du one man show. Laurent Lafitte est de cette trempe-là. Et la voie royale vers une nomination aux César – qui serait une première dans la catégorie meilleur acteur - lui est grande ouverte.

Sortie le 29 octobre


 

La réalisatrice du jour : Erige Sehiri pour Promis le ciel

On a découvert la réalisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri en 2022 avec Sous les figues, son tout premier long métrage de fiction, huis clos à ciel ouvert qui racontait le quotidien et le désir d’émancipation de travailleuses agricoles dans les vergers du nord-ouest de la Tunisie. Et on retrouve dans Promis le ciel tout ce qui en faisait le sel. A commencer par la manière dont son œil de documentariste vient nourrir la fiction. Et même l’inspirer. Puisque c’est en réalisant en 2016 un documentaire sur des étudiants d’Afrique subsaharienne venus étudier en Tunisie qu’est née l’idée de ce Promis le ciel, construit autour d’une pasteure ivoirienne et ancienne journaliste vivant à Tunis et hébergeant sous son toit une jeune mère en quête d'un avenir meilleur et une étudiante déterminée qui porte les espoirs de sa famille restée au pays. Promis le ciel parle de la difficulté à trouver sa place dans un pays qui n’est pas le sien, en dépit d’un racisme qui ne connaît ni frontière, ni latitude. Le tout sans enfoncer de portes ouvertes grâce à une écriture de personnages féminins riches en nuances et paradoxes.

Sortie le 26 novembre

Promis le ciel d'Erige Sehiri
Jour2Fête

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