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Caroline Champetier, la plus grande chef opératrice du cinéma français partage ses souvenirs émouvants du réalisateur décédé.

Caroline Champetier a éclairé Jacquot, Carax, et Rivette donc. On lui doit aussi la lumière divine de Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois) et bientôt des Innocentes d'Anne Fontaine.  Elle est une des plus grandes directrice de la photographie du cinéma français ; on lui a appris la mort de Jacques Rivette.

Voici son témoignage :

« Jacques, c’est mon enfance cinématographique. J’ai commencé comme assistante de William Lubtchansky, son directeur photo attitré, sur Merry-go-round et, surtout, sur Le Pont du Nord qui est un film un peu dingue. Jacques c’était quelqu’un d’assez étonnant pour moi, très féminin, entre le jeune garçon et la jeune fille. Je veux dire qu’il avait une masculinité qui n’était pas lourde du tout. C’est sans doute pour ça qu’il a aussi bien filmé les actrices. C’était un danseur du cinéma. En l’observant, j’ai appris la très grande nervosité des metteurs en scène. Je me souviens parfaitement de ses irritations, de ses emportements, de ses fous rires… Quand j’ai fait La Bande des Quatre, il était immergé dans un bain de jeunes filles, je crois que ça l’a beaucoup amusé. Sa très bonne réception a été une sorte de deuxième ou troisième souffle pour Jacques. Je n’ai plus jamais retravaillé avec lui car il a continué ce compagnonnage très étroit avec Lubtchansky.
Rivette fait partie de ces cinéastes qui ont protégé les auteurs français. J’ai l’impression que quand le dernier sera parti, et vous voyez de qui je veux parler, on ne sera plus protégé de rien. »