GALERIE
Metropolitan Filmexport / Kador / Reia Film / Agora Films / Eagle / Happy Moon Productions

Caroline Fourest signe un premier film explosif et spectaculaire à mille lieues de ce qu’on pouvait attendre d’elle.

Il y a ici deux histoires qui avancent en parallèle avant de se rejoindre. D’abord, le récit de Zara, une jeune Kurde qui voit son père exécuté par les djihadistes, devient l’esclave sexuelle d’un converti barbu et décide de prendre sa revanche. Puis, il y a le parcours de quelques combattantes internationales kurdes, françaises, italiennes, israéliennes et même américaines. Elles sont engagées volontaires et n’ont qu’un seul point commun : la haine du djihadiste qu’elles vont éliminer par tous les moyens (kalach, couteau, lance-roquettes ou grenade). Il y a deux histoires parce qu’il y a deux cinéastes : une militante, qui fait un film sur une cause qu’elle connaît bien (les femmes victimes de la domination patriarcale), la « laïcarde » enflammée qui veut faire passer son message. Mais aussi une vraie réalisatrice qui, pour son premier film, a décidé de sortir les flingues et de filmer la violence de la manière la plus impactante et jouissive qui soit. Le cinéma français compte encore trop peu de réalisatrices. Et aucune ne s’était aventurée sur le terrain de chasse d’ordinaire réservé aux hommes. Aucune n’avait eu le culot de s’en emparer pour y injecter une telle frénésie d’images spectaculaires. C’est parfois maladroit (certains dialogues lourdauds), foutraque, on n’évite pas toujours le prêche, mais Fourest pratique un vrai cinéma de contrebande, un cinéma de genre qui veut penser, ose des idées de mise en scène (la fuite en hijab) et lorgne vers le film d’action politique hollywoodien. Elle prend un plaisir contagieux à filmer des femmes belles et puissantes qui en imposent. Comme elle.

Soeurs d'armes, en salles le 9 octobre 2019.