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Découvrez dès maintenant la couverture de ce super-numéro, ainsi qu’un extrait de notre interview exclusive avec Shane Black. Scénariste mythique de L’Arme fatale, metteur en scène du méga culte Kiss Kiss Bang Bang, Black prend la suite de Jon Favreau aux commandes de ce troisième épisode dans lequel Tony Stark croise enfin le fer avec son ennemi juré des comics, Le Mandarin (Ben Kingsley). Lorsqu’il promet « un film plus culotté que les précédentes productions Marvel », on ne peut que lui faire confiance… Première : Quelle a été votre réaction lorsqu’on vous a appelé pour diriger Iron Man 3 ?Shane Black : J’étais content d’avoir des nouvelles de Robert Downey Jr., qui a joué un rôle déterminant dans le fait qu’on me propose ce job. J’ai eu plusieurs entretiens chez Marvel, et me suis finalement mis très vite au boulot. Je développais plusieurs projets à l’époque, qui, même s’ils étaient prometteurs, avaient du mal à se concrétiser. Mon dernier long métrage (Kiss Kiss Bang Bang, 2005) commençait en plus à dater… Et me voilà soudain avec une offre pour diriger un film déjà greenlighté, avec un planning de tournage établi et une sortie fixée. Vous n’êtes pas seul au scénario, ce qui est inhabituel pour vous…Quand Marvel engage un metteur en scène, le script du film est en général déjà écrit. Sauf que là, ils avaient quelqu’un qui est scénariste à la base… Ce qui a posé un problème au début, car ils avaient déjà embauché Drew Pierce pour écrire Iron Man 3. J’étais là : « Mais je n’ai pas besoin de ce Drew Pierce, c’est quoi cette histoire ? » (Rires.) J’ai finalement accepté de le rencontrer, et on s’est tout de suite entendu. Aujourd’hui, je ne suis pas seulement fan de Drew Pierce, c’est aussi devenu un ami. Il venait tous les jours chez moi, on se posait avec notre feuille et notre crayon, et brainstormions du matin au soir. Le scénario a vraiment été écrit à quatre mains. Une excellente collaboration. Vous avez abordé le film comme le troisième volet d’une trilogie ?C’est toujours complexe de s’attaquer à une troisième partie. Votre boulot consiste en premier lieu à répondre à cette question : qu’est-ce qu’il reste à raconter dans cette histoire ? Le défi, c’est que votre film ne soit pas juste un nouvel épisode des aventures d’Iron Man, mais la continuation de quelque chose, un nouveau chapitre qui se devait d’être raconté. C’est le problème que j’avais ressenti avec L’Arme Fatale 3 et 4. Arrivé au quatrième, on sentait qu’ils n’avaient plus rien à raconter. Le film ressemblait plus à un épisode de série télé. J’ai la sensation que l’intrigue que nous avons développée pour Iron Man 3 conclut effectivement une trilogie. Tout en laissant la porte ouverte à un quatrième… C’est une des grosses interrogations du moment, car le contrat de Robert Downey Jr s’arrête après Iron Man 3.Il y a eu pas mal de discussions à ce sujet : « Est-ce qu’il s’agit du dernier Iron Man pour Robert ? ». Quelque chose me dit que ce ne sera pas le cas, et qu’on le verra dans un quatrième volet, voire un cinquième… Mais je m’emballe peut être un peu. C’est la première fois que vous vous aventurez dans un univers qui ne vous appartient pas. Et pourtant, votre présence sur Iron Man apparaît comme une évidence…C’est surtout celle de Robert qui vous fait dire ça, je pense. J’y suis allé en toute humilité, je n’ai pas la prétention de me considérer comme un « auteur ». Je me vois plus comme un ouvrier, heureux d’aller bosser avec ses collègues. Ce que j’ai appris en allant construire un blockbuster à 200 millions de dollars est inestimable. Et si ça impliquait de sacrifier une partie du contrôle dont je dispose habituellement, tant pis. J’étais heureux de collaborer. Bon, j’espère quand même que vous trouverez le film un peu plus culotté que les précédentes productions Marvel… (Rires.) Vous avez retrouvé le même Robert Downey Jr. qu’à l’époque de Kiss Kiss Bang Bang ?C’est exactement le même acteur, qui vient toujours vous voir dans votre caravane, débordant d’enthousiasme et de propositions. Sur Kiss Kiss Bang Bang, on était vraiment deux potes qui se balançaient sans arrêt des idées en se demandant : « Qu’est-ce qui vient après ? Qu’est-ce que les gens auront envie de voir dans cette scène ? » J’ai retrouvé cette ambiance sur Iron Man 3. Il y a plein de moments dans le film, vous verrez, où Robert s’affranchit du scénario pour inventer des choses complètement inattendues. Il est resté ce comédien hyper intuitif, fun et imprévisible. La seule chose qui a changé, c’est qu’il est aujourd’hui une des plus grandes stars au monde, et que je ne peux plus traverser la rue avec lui pour aller au resto sans qu’il soit assailli par des dizaines de personnes… Je connais des acteurs qui font des blockbusters mais vous disent en même temps qu’ils ne pensent qu’à leur prochain film d’art et d’essai. La différence avec Robert, c’est qu’il aborde les deux avec autant d’exigence. Il n’y a aucun cynisme dans sa démarche. Son implication est la même, qu’il tourne Iron Man 3 ou Kiss Kiss Bang Bang. Interview Mathieu Carratier