Argo Oscars
Abaca

En 2013, Michelle Obama annonçait la victoire d'Argo, de Ben Affleck. Le film reviendra dimanche sur W9.

Argo, réalisé par Ben Affleck et produit par George Clooney, reviendra à la télévision ce week-end, plus précisément dimanche à 21h05. C'est Michelle Obama, alors première dame des Etats-Unis, et Jack Nicholson, qui étaient chargés de remettre ce prix. Ben était très ému en recevant la statuette.

Voir la vidéo de l'Oscar du meilleur film 2013 ici

Pourtant, remettre l'Oscar du meilleur film à Ben Affleck, ce n'était pas une évidence. Après cette victoire, Première été revenu en détails sur l'ascension progressive de ce film et la "revanche" de son créateur.

Pourquoi Argo a gagné l'Oscar du meilleur film ?
Parce qu'on l'avait trop snobé

Après l'annonce des nominations, personne n'y croyait. Argo en meilleur film ? Ca ressemblait presque à une mauvais blague et d'ailleurs, l'Académie s'était bien gardée de nommer Affleck dans les autres catégories. Comme une anomalie relevée par tous les médias. Sauf que... progressivement, Argo va rafler tous les prix : DGA, BAFTA, César, CCA : "you name it". Et le film d'Affleck passer du snobisme des nominations ("vous rigolez, pas l'acteur de Gigli aux Oscars"), à un enthousiasme galopant qui a pavé de rose le chemin d'Argo jusqu'aux Oscars.  

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Parce que Ben Affleck avait réussi son comeback
L'Oscar de cette nuit ne récompense pas seulement Argo. C'est surtout le triomphe de Ben Affleck le réalisateur, la rançon de son comeback réussi. Avec Argo, on est loin, très loin de l’idéal wasp dont l’absence totale de personnalité permettait aux réalisateurs de blockbusters 00's d’en faire à peu près ce qu’ils voulaient. Loin très loin également du naufrage Gigli et autres bourbiers de la période "Bennifer". Depuis quelques années, Affleck est passé du statut du clone kid d'Harrison Ford à un "mini-me" de George Clooney (sujet socio tendance Pakula et mise en scène solide). D'ailleurs, c'est lui le producteur d'Argo. Il fallait voir Ben sur scène, cette nuit là, arriver et ne jamais dépareiller surtout quand l'un des producteurs, rigolard, expliquait que les trois hommes les plus sexy de la planète étaient enfin réunis. Si Argo a gagné, c'est parce que l'Amérique aime les comebacks et ses underdogs. Sans Gigli pas d'Oscar.

Malheureusement pour lui, les honneurs furent de courtes durées. Peu après son Oscar, Ben Affleck a sombré dans l'alcool, son mariage avec Jennifer Garner a échoué et il a subi les foudres d'une partie du public en acceptant le rôle de Batman. Il tente cependant de remonter la pente, parlant ouvertement de son addiction et de ses nombreux regrets.

Parce que Spielberg ne pouvait pas gagner
A y regarder de plus près, il n'y avait pas beaucoup de VRAIS concurrents dans la catégorie. Le Zero Dark Thirty de Bigelow était trop polémique pour pouvoir espérer empocher l'Oscar. Happiness Therapy trop fragile, Amour trop étranger et L'Odyssée de Pi trop concept. Restait donc le Lincoln de Spielberg. Mais comme le remarquait récemment le magazine Entertainment Weekly, les votants sont toujours réticents à l'idée de faire triompher Spielberg (remember 1986 ? 11 nominations pour La Couleur pourpre et aucune statuette à l'arrivée). Simplement parce que lui remettre un Oscar "revient à nommer employé du mois le propriétaire du magasin". Argo était du coup, le choix le plus raisonnable.

Parce que c'est le film de l'ère Obama
Ce fut la surprise de la cérémonie : Michelle Obama en direct de la Maison Blanche annonçait les 9 nommés pour le meilleur film. Une apparition surprenante, mais qui correspond bien au film de Ben : cool, démocrate et avec l'imagination au pouvoir (Argo est un film Yes he can). Au-delà de tout cela, Argo adresse surtout un message clair. "Le film parle aussi de la confusion grandissante entre information et divertissement. Il est devenu très difficile de faire la distinction entre les deux tant la politique a été complètement contaminée par Hollywood" confiait Ben à Premiere à la sortie du film.

Lire notre critique d'Argo

Parce que c'était consensuel
Et pas dans le mauvais sens du terme. Argo cumulait plusieurs des grandes tendances cinéma de l’année écoulée. C’est un film politique, mais sympa – soit Lincoln en moins barbant. Un film sur l’interventionnisme US, mais avec la prudence d’un regard rétrospectif – Zero Dark Thirty sans le waterboarding. Une tranche d’histoire américaine, mais politiquement correct – Django Unchained en moins potache. Surtout, surtout, c’est un film sur Hollywood –The Artist en couleurs 70’s (tiens, on retrouve même John Goodman). Sachant à quel point l’Académie aime se raconter sa propre légende, Argo était le choix idéal : fédérateur, cool, nostalgique et politique (mais pas trop).