Marina Foïs évoque le manque de diversité et l’opacité au sein des César

L’ex-membre de la troupe des Robins des Bois s’est confiée à Libération, et en a profité pour revenir sur l’affaire Polanski.

Marina Foïs n’a jamais eu la langue dans sa poche. Membre active du collectif 50/50, qui œuvre pour une plus grande égalité entre hommes et femmes dans le milieu du cinéma, l’actrice a participé au renversement de la direction à la tête des César, en signant notamment la tribune pour plus de démocratie au sein l’Académie des Arts et Techniques parue dans Le Monde le 10 février dernier. Interviewée dans Libération, l’ancienne membre de la troupe des Robin des Bois s’est confiée sur sa vision du cinéma français par le prisme de la célèbre cérémonie, à une époque où les choses commencent à bouger.

"On a le droit à notre kermesse (les César) et on peut revendiquer qu’elle nous corresponde, par respect pour le public qui se déplace pour voir les films qui sont nommés et par fidélité aussi à un certain rapport à l’art qui nous rassemble, par-delà les goûts, les opinions et les affinités des uns et des autres.", confie l’actrice, en référence à la fameuse tribune signée par quelques 200 personnalités.

Alors que la 45e cérémonie des César se tient ce vendredi 28 février dans un climat tendu, l’actrice, nommée cinq fois au cours de sa carrière, réclame plus de diversité et la fin de l’opacité sur les votants des César : "Ça fait des années que l’on n’a pas accès à la liste des votants et personne ne comprend cette opacité qui nourrit tous les fantasmes. Je n’ai jamais cru que les césars étaient truqués mais quand on voit que Parasite de Bong Joon-ho remporte l’oscar du meilleur film (…) on peut supposer que ce résultat provient du travail mené par la direction pour renouveler les membres de l’académie, en la féminisant et la diversifiant." Et d’ajouter : "L’idée pour les César n’est pas de couper des têtes ou de rajeunir pour rajeunir (…) mais il faut clarifier qui sont les votants, sans doute ouvrir un peu les fenêtres et réinterroger les règles… Et je ne vois pas ce qu’on pourrait opposer à cette demande simple, imparable que fait la tribune : démo­cratie, transparence. Et parité, mixité, diversité."

Marina Foïs est également revenue sur le malaise qui entoure la cérémonie. Alors qu’Adèle Haenel, qui a récemment porté plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia pour attouchements sexuel, est nommée dans la catégorie de la Meilleure actrice pour son rôle dans Portrait de la jeune fille en feu, J’accuse, le film de Roman Polanski, a décroché 12 nominations. "La question du vote Polanski ramène à la question de la distinction possible entre l’homme et l’artiste. La question est morale, donc la réponse est personnelle et intime, affirme l'actrice. (…) Mais ne pas entendre ce que provoquent ces nominations parmi les victimes, les militantes, ne pas considérer la colère, l’indignation, la douleur, c’est être complètement à côté de la plaque."

La cérémonie se déroulera ce soir, à partir de 21 heures à la salle Pleyel, et sera diffusée en clair sur Canal + mais aussi sur le site de Première.