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Les Films du Losange

Ce film poético-fantastique, inspiré librement d’une nouvelle d’Henry James, dégage une sensualité vénéneuse. Il est présenté en compétition.

La Bête est partout. Le hasard veut que le président du jury de ce 12e Champs-Elysées Film Festival, Bertrand Bonello, aura à juger de cette Bête dans la jungle de Patric Chiha, adaptation de la même nouvelle de l’écrivain américain que l’auteur de L’Apollonide a lui-même transposé dans son prochain long-métrage, La Bête (sortie prévue en décembre prochain). Nul ne sait si Bonello cherchera à trouver des points d’attache entre ce film et le sien. Pas sûr cependant qu’ils soient nombreux tant ladite adaptation par Patrick Chiha semble libre. Voyez plutôt: l’intrigue se passe dans une boîte de nuit parisienne entre 1979 et 2004, à priori, bien loin de l’univers de l’auteur de Portrait de femme.

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Inamovibles vampires

La Bête dans la jungle donc. L’amour est ici envisagé comme pacte faustien qui promet une traversée du temps sous les néons protecteurs des nuits factices d’une discothèque. May (Anaïs Demoustier) et John (Tom Mercier, le Synonymes de Nadav Lapid) voient ainsi les rythmes et modes se succéder tels d’inamovibles vampires attendant le grand soir. L’arrivée de Mitterrand au pouvoir, les ravages du Sida, les attentats du World Trade Center..., autant de bornes temporelles qui défilent et s’éclipsent dans le hors-champ d’un réel savamment tenu à distance sous les fumées blanches d’un dance-floor.

Le film de l’autrichien Patrick Chiha (Brothers of the Night, Si c’était de l’amour…), est habité par la présence – et le voix suave – de Béatrice Dalle en formidable conteuse. On pense beaucoup au cinéma poético-fantastique de Yann Gonzalez, Bertrand Mandico voire même Bertrand Bonello, qui maintient les êtres et les choses dans un espace-temps totalement reconfiguré.

Sensualité

La bête dans la jungle, est surtout un film au romantisme noir, à la poésie ténébreuse, qui sous ses volutes baroques déploie une sensualité revendiquée. Et s’il se heurte parfois à ses propres limites (redondances narratives et afféteries stylistiques), cet objet singulier, séduit. T.B          

De Patric Chiha. Avec : Anaïs Demoustier, Tom Mercier, Béatrice Dalle... Dist. Les films du Losange. Durée : 1h43. Sortie le 16 août.

Présenté au CEFF le vendredi 23 à 20h15 au Publicis Cinema et le samedi 24 à 16h00 au Lincoln (salle 1)


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