Ça chapitre 2
Warner Bros France

Ce retour à Derry n’a plus vraiment la même saveur.

Vingt-sept ans après avoir vaincu Grippe-Sou, le Club des Ratés est rappelé à ses obligations lorsque le terrifiant clown fait son retour à Derry. Tous ont oublié les événements traumatisants de leur passé, à l’exception de Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place. Cette fois, il va falloir en finir pour de bon… Blockbuster accidentel ayant largement surpassé son objectif au box-office (700 millions de dollars engrangés), Ça mélangeait assez finement le récit d’initiation et l'angoisse pure, une respiration bienvenue au milieu du tout-venant horrifique. Malheureusement, cette suite au casting cinq étoiles (James McAvoy, Jessica Chastain…) ne suit pas le même chemin que son aîné et s’embarrasse d’une structure narrative maladroite : le premier volet faisait l’impasse sur les allers-retours temporels du roman de Stephen King, préférant se focaliser sur les enfants, là où Ça - Chapitre 2 multiplie les voyages entre passé et présent.

D’une longueur franchement déraisonnable (2 h 50), le film enchaîne mécaniquement les passages obligés et les contorsions délirantes pour justifier de s’attarder un par un aux membres du Club des Ratés. En résultent des scènes anecdotiques de flashbacks censées donner un peu de substance aux personnages, mais qui peinent à faire exister chez les adultes les traumas hérités de l’enfance. D’autant plus frustrant que le casting est globalement irrésistible, à l’instar de Bill Hader, aussi formidable en comic relief que quand il entre sur le terrain de l’émotion.


De retour aux affaires, Andy Muschietti manque cette fois d’une vision claire (Vrai film d’horreur psychologique ? Adaptation pour fans de King ? Réflexion méta sur son statut de suite ?) et ne parvient que rarement à trouver de nouveaux mécanismes pour instaurer le malaise - à l’exception de quelques scènes, dont la première, l’absence du chef opérateur Chung Chung-hoon se fait énormément ressentir. Le réalisateur argentin se repose souvent sur le jump scare et n’est pas aidé dans son entreprise par des effets numériques souvent à côté de la plaque, qui détricotent la tension lors des nombreuses apparitions de Grippe-Sou (Bill Skarsgård, toujours aussi bon dans le rôle). On se prend désormais à rêver d’un nouveau montage resserré, qui fusionnerait les deux films et les ferait dialoguer plus efficacement. Mais Muschietti a plutôt l'air parti pour rallonger la sauce

Ça - Chapitre 2, actuellement en salles.