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C’est la directrice de la galerie d’art An -que l’actrice possédait- qui vient d’annoncer la mort de Danièle Delorme. Celle-ci se battait contre la maladie depuis plusieurs années.Née le 9 octobre 1926, Danièle Delorme entame sa carrière d’actrice au début des années 40 grâce à Marc Allégret qui a repéré son joli minois. Joli minois qui vaudra un grand succès à la jeune actrice à l’amorce de la décennie suivante : Miquette et sa mère d’Henri-Georges Clouzot et, surtout, Gigi de Jacqueline Audry, tous deux sortis en 1949, en font la starlette à la mode, promise aux rôles d’ingénues qu’elle enchaîne à un rythme métronomique jusqu’au milieu des années 50. Le couple qu’elle forme alors avec le séducteur Daniel Gélin renforce la fascination qu’elle exerce sur les foules. En 1956, la nouvelle Danièle Delorme arrive. Remariée au rigolo Yves Robert, elle tient peut-être son plus beau rôle (et le plus troublant) dans Voici le temps des assassins de Julien Duvivier (ci-dessus) où elle manipule odieusement le pauvre Jean Gabin. Fini l’ingénue, place à la femme forte !  Elle joue aussi bien chez Georges Lautner (Le Septième juré) que chez Agnès Varda (Cléo de 5 à 7), chez Raoul Coutard (Hoa-Binh) que chez Claude Lelouch (Le Voyou). Mais les rôles qui la rendront à nouveau réellement populaire sont ceux que lui offre son mari dans le dyptique Un éléphant…/Nous irons tous au paradis : elle est épatante en épouse bafouée mais conquérante de Jean Rochefort. Indissociable d’Yves Robert, Danièle Delorme fondera avec lui la maison de production La Guéville qui, outre les films de monsieur, donnera sa chance à de nombreux talents comme Jean-Paul Rappeneau (La vie de château), Pierre Richard (Les malheurs d’Alfred), Bertrand Tavernier (Que la fête commence) ou Jacques Doillon (La drôlesse). Les exigeants Alain Cavalier et Guy Gilles leur doivent aussi beaucoup. Inutile de préciser que le cinéma français vient de perdre une grande dame.Christophe Narbonne