Affiches Sorties de la semaine du 19 novembre 2025
Paramount/ Universal/ Haut et Court

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
RUNNING MAN ★★★☆☆

De Edgar Wright

L’essentiel

Le réalisateur de Baby Driver livre un spectacle imparfait mais musclé et engagé, où Glen Powell tente de reprendre le flambeau des icônes du cinéma d’action.

Running man n’est ni une saga, ni une franchise. Et certainement pas un monument du cinéma indépassable. On parle d’un petit film culte des années 1980, réalisé par Paul Michael Glaser, où Arnold Schwarzenegger participe à un jeu télévisée macabre dans un futur dystopique où les Etats-Unis sont devenus une dictature totalitaire. Ce film un peu oublié était donc un terrain de jeu idéal pour un cinéaste débridé qui ne demandait qu’à s’amuser avec un beau joujou. Et on sent bien que le réalisateur de Baby driver vait envie de s’éclater comme un petit fou. Mais sans se compromettre totalement. Avec Glen Powell dans le rôle central - un ouvrier opprimé par le système à cause de sa grande gueule qui se retrouve sans emploi alors qu’il doit payer les frais médicaux de sa fille malade- ce Running Man assume totalement la portée politique du roman de Stephen King et affiche même un discours anti-corporation - dénonçant les fakes news, la concentration des pouvoirs et la manipulation de l’opinion par les grandes entreprises à travers les médias - assez osé quand on prend un peu de recul. Brouillon, bordélique, parfois cacophonique, mais toujours sincère et généreux, le Running Man version 2025 est l’antithèse du récent Tron : Legacy. Un vrai film de réalisateur avec une âme, tout ce que le public réclame des blockbusters, et malheureusement le genre de blockbuster qui ne trouvera peut-être pas son public. E

Edouard Orozco

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

WICKED : PARTIE II ★★★★☆

De Jon M. Chu

L'an passé, la première partie de Wicked, l’adaptation du célèbre musical de Broadway, inspiré du Magicien d’Oz, avait conquis le public (surtout américain mais aussi mondial), avec son super duo d’actrices (Ariana Grande et Cinthya Erivo) et ses hits imparables. Mais encore fallait-il transformer l’essai avec la suite. Tourné en même temps que le premier film, Wicked : Partie 2  reprend l’intrigue là où on l’avait laissé et se révèle un pur spectacle, une master class de production et de scènes musicales, un grand film sur l’amitié, l’amour et la tolérance, mais aussi un divertissement qui n’omet pas de raconter quelque chose.  Car, difficile, en effet, de ne pas avoir une parabole de la politique anti- immigration de Donald Trump dans l’arc des animaux, ostracisés et chassés d’Oz par le Magicien. Mais là où la partie 2 surpasse la partie 1, c’est par son rythme et sa concision  De l’entertainment, du vrai, qui prouve que l’histoire d’amour entre Broadway et Hollywood, entamée il y a près d’un siècle, a encore de beaux jours devant elle.  

Edouard Orozco

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DES PREUVES D’AMOUR ★★★★☆

De Alice Douard

Céline et Nadia sont en couple et attendent la naissance de leur premier enfant que Nadia porte. Et le récit, inspiré par ce qu’a traversé la cinéaste, nous entraîne dans l’intimité de ces deux femmes et leur quotidien bouleversé par cette naissance à venir et les questions qu’elle pose à Céline en quête d’une légitimité et d’une place. Des preuves d’amour évolue dans un parfait équilibre entre le concret et le ressenti des choses, forcément différents pour deux femmes aux personnalités aussi dissemblables. On est ici aux antipodes du banal film à sujet. Grâce à la qualité de l’écriture d’Alice Drouard mais aussi à la complicité et l’incarnation de leurs personnages par Ella Rumpf et Monia Chokri. Emanent d’elles une énergie, une générosité qui rendent les moments plus rudes poignants sans jamais forcer le trait. Irrésistibles de bout en bout.

Thierry Cheze

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POMPEI, SOTTO LE NUVOLE ★★★★☆

De Gianfranco Rosi

En l’an 79, l’éruption du Vésuve recouvre entièrement Pompéi, la figeant à presque jamais. Aujourd’hui, cette ville serait presque enchaînée à son passé, muséifiée jusqu’à l’étouffement. Toute la beauté de la mise en scène de Gianfranco Rosi réside dans cette ambivalence des temps : un noir et blanc au présent, un cinéma de patrimoine qui diffuse de grands films à une salle vide aujourd’hui… À l’image des multiples corps pétrifiés de l’éruption qui donnent une image fragmentée de ce que pouvait être la vie à l’époque, le documentaire propose une retranscription cinématographique de cette méthode, en filmant le quotidien en 2025 de Pompéi, Naples et du Vésuve. Le titre du film, « Sous les nuages », évoque avec toute la poésie contenue dans le film, comment ici- bas sur Terre, très peu de choses ont finalement changé en 2000 ans d’histoire. À commencer par notre besoin de garder des traces, avant que la catastrophe ne recommence.

Nicolas Moreno

 

PREMIÈRE A AIME

ELEANOR THE GREAT ★★★☆☆

De Scarlett Johansson

Première réalisation de Scarlett Johansson, Eleanor the Great a la modestie d’un film qui ne la ramène pas - mais aussi, parfois, la fadeur d’un téléfilm un peu trop sage. On y suit Eleanor, nonagénaire au verbe piquant (June Squibb e), qui à la mort de sa meilleure amie, s’approprie des fragments de l’histoire de celle- ci, ancienne rescapée des camps. Cette imposture va la mettre sur la route de Nina, étudiante qui devient progressivement à la fois sa ligne de vie et son miroir moral. Douceur de ton, sujet sensible, le film exhale un petit parfum allénien, avec son mélange de sarcasme sec, d’humour à froid et de mélancolie voilée. Chaque fois que la caméra s’attache à Eleanor, Johansson trouve le tempo et June Squibb électrise l’écran. Mais dès que le récit se concentre sur l’amitié réparatrice entre Nina et Eleanor, les péripéties se déroulent de façon mécanique, et la vibration s’étiole. Et si le final lacrymal déçoit un peu, la chronique garde suffisamment de délicatesse pour émouvoir.

Pierre Lunn

 

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JEAN VALJEAN ★★★☆☆

De Eric Besnard

Du Goût des merveilles à L’Esprit de famille, on a suffisamment critiqué dans ces colonnes le cinéma d’Eric Besnard pour ne pas saluer la manière dont il s’empare des Misérables de Hugo (en attendant pour fin 2026 la version de Fred Cavayé avec Vincent Lindon). Il choisit ici de se concentrer sur la genèse du héros de cette œuvre monumentale et raconter comment cet homme, ravagé par la colère et la rancune nés de ses 20 ans de bagne, va se métamorphoser. Un plaidoyer pour la seconde chance qui résonne fort avec notre époque où elle n’est guère en cours. La puissance inouïe de Grégory Gadebois – digne de celles de ses glorieux prédécesseurs, Gabin ou Ventura – hisse Jean Valjean sur des bases hautes et offre de vraies grandes scènes, dont toute l’impressionnante séquence du bagne. Il y a certes ici et là des défaillances dans la direction d’acteurs et des plans de drone inutiles, en contradiction avec la simplicité sèche et rude de l’ensemble. Mais il s’agit d’évidence de son meilleur film.

Thierry Cheze

FRANZ K. ★★★☆☆

De Agnieszka Holland

Un an après le très scolaire Kafka, le dernier été, revoici l’auteur de La Métamorphose au cœur d’un nouveau biopic… qui en constitue le contrepoint parfait. Décidément en verve après L’Ombre de Staline et Green Border, Agnieszka Holland y dynamite cet exercice souvent réduit aux figures imposées. En s’amusant avec sa forme– des personnages qui brisent le quatrième mur et expriment face caméra ce qu’ils pensent de Kafka – et en multipliant les aller- retour entre hier et aujourd’hui avec des scènes se déroulant dans un musée de Prague, témoignant de la monétisation de son œuvre, dans une forme de surréalisme qu’il n’aurait pas renié. La cinéaste choisit donc le kaléidoscope, les ruptures de ton, de rythme, de mise en scène pour embrasser la complexité d’un homme qui garde intacte sa part de mystère en dépit de tout ce qui a été dit et écrit sur lui. Tout n’est pas parfait mais cet aspect ludique bouscule avec talent l’idée reçue d’un homme aux idées aussi noires que ses œuvres.

Thierry Cheze

L’ARBRE DE LA CONNAISSANCE ★★★☆☆

De Eugene Green

Un ado tombe entre les mains d’un homme, surnommé l’Ogre, ayant fait un pacte avec le Diable, qui l’utilise comme rabatteur de touristes qu’il transforme en animaux pour les manger ! Voilà pour le pitch bien allumé du nouveau Eugene Green (Le Pont des Arts, Le Fils de Joseph…) qui révèle un sens certain de la comédie peu mise en lumière jusque là dans une œuvre exigeante et pointue. Et, entre farce et fantastique, sa charge contre les méfaits combinés du tourisme et des dérives du capitalisme dans la société portugaise touche juste.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

DOSSIER 137 ★★☆☆☆

De Dominik Moll

Après La Nuit du 12, Dominik Moll mélange à nouveau les coulisses de l’institution policière et le fait divers. Il adopte cette fois le point d’une enquêtrice de l’IGPN (Léa Drucker), confrontée à une potentielle bavure de la BRI : un tir de LBD ayant blessé grièvement un jeune homme, dans le contexte d’une manifestation tendue. Alors que les flics impliqués plaident la légitime défense, elle tente de faire toute la lumière sur cette affaire, quitte à ses mettre ses collègues à dos. Une affaire fictionnelle qui s’inspire évidemment de la réalité, et que Dossier 137 s’obstine à traiter avec une froideur administrative. Et si le spectateur aura peu de doute sur la culpabilité des agents, le film joue à l’évidence la prudence pour éviter de se faire taxer d’anti-flics. Moll remet donc la balle au centre, refuse une opinion claire et force Dossier 137 à tenter d’embrasser une fonction de réconciliation entre la France des ronds-points et celle des flash-balls. Un costume bien trop grand à porter.

François Léger

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TRANS MEMORIA ★★☆☆☆

De Victoria Verseau

Il n’en a peut-être pas l’air, mais Trans Memoria est orienté vers la vie : la réalisatrice y filme son expérience de transition et fait revivre par ses propos son amie Meril, la seule avec qui elle a partagé cet événement. Dommage alors que sa mise en scène tende vers la nature morte : les plans fixes inanimés et le recours à la voix off réduisent la portée de cette mémoire, préservée par les images.

Nicolas Moreno

 

Et aussi                                                                                                                    

7 jours en juin, de David Aboucaya

La Fonte des glaces, de François Péloquin  

Premières neiges, programme de courts métrages

Shelby Oaks, de Chris Stuckmann    

Thelma du pays des glaces, de Reinis Kalnaellis                                                            

La reprise

Les Derniers jours de Mussolini, de Carlo Lizanni