Affiches Films à l'affiche mercredi 15 février 2023
The Wlat Disney Company France/ Bac Films/ Gaumont

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ANT- MAN ET LA GUÊPE : QUANTUMANIA ★☆☆☆☆

De Peyton Reed

L’essentiel

Marvel a trouvé son nouveau grand méchant en la personne de Kang le Conquérant, qui bénéficie d’une belle introduction dans Ant-Man 3. Brutal physiquement, délicat dans son jeu plein d’ironie, Jonathan Majors montre qu’il a les épaules pour le job. Mais le film de Peyton Reed est loin d’être aussi réussi que son antagoniste. Intrigue convenue, dialogues et personnages génériques, blagues qui tombent souvent à plat, le réalisateur et son scénariste Jeff Loveness (ancien auteur pour Jimmy Kimmel et Rick et Morty) ne se sont pas trop foulés. Le plus embêtant est qu’on se retrouve face à un film où tous les codes qui font habituellement le sel d’Ant-Man ont disparu. Et Paul Rudd se retrouve relégué au second plan, voire au troisième ou au quatrième, de son propre long-métrage. Avant, le souci du MCU était de proposer des super vilains excitants. Aujourd’hui, son problème est qu’il n’a plus de grands héros à mettre en face. Captain America et Iron Man nous manquent cruellement. Jonathan Majors a d’ailleurs lancé un appel du pied à Robert Downey Jr. pour qu’il revienne… 

Edouard Orozco

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA ROMANCIERE, LE FILM ET LE HEUREUX HASARD ★★★★☆

De Hong Sang- soo

Junhee, femme sans âge et romancière reconnue, se promène dans les quartiers tranquilles de la banlieue de Séoul. Elle va d’une librairie à un parc. Se remémore quelques souvenirs heureux. Croise un réalisateur et son épouse, un étudiant en cinéma, un poète. Puis commence à faire un film avec une jeune actrice. Avec La Romancière, le film et le heureux hasard, Hong Sang-soo poursuit son œuvre minimaliste et magistrale, dans les confins des sentiments et des rencontres fortuites. Encore une fois, le réalisateur crée une intrigue ténue, resserrée sur quelques personnages héros, et choisit des plans fixes, épurés, en noir et blanc. Et célèbre avec superbe le fait qu’il vaut mieux admirer qu’être admiré. La première rend possible l’émerveillement, quand la seconde semble gêner et enserrer l’esprit. Ou variante : mieux vaut regarder qu’être regardé.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A AIME

LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI ★★★☆☆

De Kirill Serebrennikov

Après l’univers rock et noir et blanc de Leto puis le trip baroque élégiaque de La Fièvre de Petrov, voici Serebrennikov aux commandes d’une histoire d’amour impossible: l’union entre Piotr Tchaïkovski et Antonina Milioukova à laquelle le compositeur du Lac des cygnes a consenti pour tenter de cacher son homosexualité qui commençait à ternir sa réputation. D’emblée, on n’a peu de doute sur l’issue de cette union mais à travers elle, Serebrennikov signe un magnifique portrait de femme, amoureuse jusqu’à la plus grande des déraisons, prête à tout endurer dans son cœur comme dans son corps pour rester auprès d’un homme qui finit par redouter même de la croiser. Le tout porté par une comédienne immense : Alyona Mikhailova. Le parcours du personnage d’Antonina, ses facettes multiples et par nature contradictoires n’auraient pas la même profondeur sans la manière dont elle les incarne par tous les pores de sa peau.

Thierry Cheze

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LE MARCHAND DE SABLE ★★★☆☆

De Steve Achiepo

Avant de faire du cinéma, Steve Achiepo a été agent immobilier. Et sa connaissance de la question a forcément inspiré ce premier long. On y suit un livreur – encore marqué par ses années de taule – qui vit chez sa mère et voit débarquer une tante ayant fui le conflit sanglant en Côte d’Ivoire avec ses trois enfants. Il se démène alors pour lui trouver un logement sans se douter qu’il met le doigt dans un engrenage infernal, celui des marchands de sommeil, dont il va devenir à ses risques et périls un rouage essentiel pour offrir une vie décente à sa fille. S’appuyant sur cet anti- héros riche en contradictions, Les Marchands de sable transcende le banal film à sujet, par la qualité de son écriture (des situations comme des personnages) et le beau travail à la lumière de Sébastien Goepfert (Petit paysan) qui crée une ambiance très New- York des 70’s sans que rien ne paraisse factice. Un réalisateur à suivre.

Thierry Cheze

UN HOMME HEUREUX ★★★☆☆

De Tristan Séguéla

Jean (Fabrice Luchini) est le maire très conservateur d’une petite ville, réélu sans forcer depuis des années, quui compte bien se présenter à nouveau aux prochaines échéances électorales. Mais sa femme depuis 40 ans, Edith (Catherine Frot), lui annonce soudainement qu'elle ne peut se cacher : elle est et a toujours été un homme, et compte bien aller jusqu'au bout de sa transition de genre. Alors qu'Edith commence à prendre des hormones et à s'affirmer, Jean comprend que sa vie personnelle et sa campagne vont être sacrément chamboulées... Voilà un sujet de comédie casse-gueule que Tristan Séguéla traite pourtant avec un certain talent d'acrobate. Certes, les spectateurs déjà sensibilisés à la question de transidentité s'agaceront de voir le film s'attarder plus longuement sur le personnage du mari étroit d'esprit (Luchini est hilarant) que sur ce que vit son compagnon (Frot, sans une once d'ironie). Mais Un Homme heureux prend le parti de tendre la main à un très large public pour l'amener à s'interroger sur sa propre capacité de tolérance. Ce n'est pas toujours très fin et bien trop didactique par moments pour laisser respirer l'émotion, mais le film met un point d'honneur à ne jamais se moquer de son sujet, en dépit d’un happy end très forcé et bien peu crédible.

François Léger

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L’ASTRONAUTE ★★★☆☆

De Nicolas Giraud

Rarement le sentiment qu’on éprouve devant un film épouse à ce point ce à quoi fait face son personnage principal : une incrédulité totale. Nul ne pense réalisable le rêve de cet ingénieur aéronautique : construire sa fusée pour partir dans l’espace. Et nombreux seront ceux qui se demanderont dans l’entame de son deuxième long où Nicolas Giraud (qui en tient aussi le rôle central) veut nous emmener, ne disposant de fait des mêmes moyens qu’à Hollywood pour parler de conquête spatiale. Et pourtant, son film vous embarque, à son rythme, mû par la certitude que l’extraordinaire naît souvent de l’ordinaire. Fuyant l’esbrouffe, Giraud privilégie les plans serrés, notamment sur ces regards qui en disent plus long que mille mots que ce scientifique échange avec cet ex- astronaute (Matthieu Kassovitz, impérial) seul à croire en lui. C’est en tutoyant l’intime que L’Astronaute décolle vers des cimes insoupçonnées.

Thierry Cheze

PROJET WOLF HUNTING ★★★☆☆

De Kim Hong- sun

Quarante-sept dangereux criminels, menés par un serial killer psychopathe, brisent leurs chaînes et prennent le contrôle d’un cargo-prison censé les transférer des Philippines jusqu’à la Corée du Sud. L’émeute est violente, flics au bout du rouleau versus bouchers prêts à tout pour se faire la malle. On se serait largement contenté de ce défouloir XXL bien raide, bien tendu, bien shooté. Mais Kim Hong Sun (The Chase) a d’autres idées en tête et impose une rupture scénaristique aux frontières du réel, avec l’arrivée au milieu de la bataille d’un féroce gaillard effrayant et quasi invincible - le bien nommé Alpha -, fruit d’une expérience scientifique zarbi. Une toute autre limonade : le surhomme dézingue aveuglément, les chasseurs deviennent chassés et le film multiplie les clins d’oeil à Predator et Terminator, avec une ironie et une malice contagieuses. Kim Hong Sun s’amuse ostensiblement à mettre ce qui reste de ses personnages archétypaux dans une machine à laver, bloquée en mode essorage. Un concentré d’action et de gore qui refuse la chute de rythme. On n’a pas vu grand-chose de plus électrifiant depuis bien longtemps.

François Léger

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

MARLOWE ★★☆☆☆

De Neil Jordan

Le Marlowe nouveau met en scène une version âgée du personnage, sous les traits de Liam Neeson. Mais l’intrigue, elle, se situe en 1939, année de la parution du Grand Sommeil, le tout premier roman de Chandler. Manière de dire qu’on fait du neuf avec du vieux. Mais on est finalement ici moins proche des films noirs de l’âge d’or que du récent Maigret de Patrice Leconte : film fantomatique (façon polie de dire « complètement mou »), au vague parfum Dahlia Noir (le De Palma), situant son intrigue dans le monde du cinéma pour mieux assumer sa nature de trompe-l’œil. Manque au fond une vraie réflexion sur le personnage et son interprète. Neil Jordan n’a en réalité pas grand-chose à dire sur Marlowe ou Liam Neeson, ni d’ailleurs sur le genre lui-même. Dans ce Los Angeles reconstitué du côté de Barcelone, il se contente de dérouler l’intrigue, par ailleurs plutôt pas mal, qui serait divertissante si elle était racontée avec plus de nerf: une riche héritière inquiète (Diane Kruger) vient frapper à la porte de Marlowe pour qu’il l’aide à retrouver son amant porté disparu. Quelques répliques marrantes, bien écrites, réveillent le film par intermittence. Mais pour du L.A. noir à la fois vintage et moderne, référencé mais pertinent, old-school mais excitant, mieux vaut se tourner vers le récent Perry Mason de HBO.

Frédéric Foubert

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UN PORTRAIT D’ARMANDE ALTAÏ ★★☆☆☆

De Anna Medveczky

Armande Altaï est une artiste. Grande, libre, extravertie, extravagante (et elle le sait). Cette ancienne professeure de chant de la Star’Ac, visage des années Palace, boule à facettes à elle toute seule, traverse Paris, rentre dans un taxi, s’émerveille devant une statue, réfléchit à la vie (« J’ai très peur qu’au moment de mourir, la lumière n’existe pas ») accoudée à la rambarde d’un balcon. Un documentaire artisanal, qui se prend hélas un poil trop au sérieux.

Estelle Aubin

DOMINGO ET LA BRUME ★★☆☆☆

De Ariel Escalante Meza

Il n’est pas aisé de passer après le sublime As Bestas, de Rodrigo Sorogoyen. Même thème (l’expropriation), même enjeu (garder à tout prix son lopin de terres), même lumière (vaporeuse). Même tragique. À ceci près que Domingo et la brume d’Ariel Escalante Meza, découvert à « Un certain regard » de Cannes, ose quelques touches oniriques dans les montagnes tropicales du Costa Rica. Pas suffisant pour s’emballer.

Estelle Aubin

LE NID DU TIGRE ★★☆☆☆

De Brando Quilici

Le deuxième film de fiction de ce réalisateur vétéran du docu (National Geographic, Discovery) est porté par l’utilisation de fabuleuses séquences « authentiques » (la récolte du miel d’abeilles géantes sur une falaise) et la présence d’adorables « vrais » tigres à l’écran… le reste, une course-poursuite népalaise aux dialogues et aux personnages creux, fait plutôt pâle figure. A réserver aux enfants, mais c’est tout.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

JUSTE CIEL ★☆☆☆☆

De Laurent Tirard

Il a fallu se frotter les yeux quelques fois après la projection de Juste Ciel ! : était-ce une grossière erreur sur le dossier de presse, ou bien ce petit enfer sur Terre ne durait-il réellement qu'une heure et vingt-six minutes ? En temps ressenti, le dernier Laurent Tirard s'approcherait plus des 4 h 50 (à vue de nez). On ne saura certainement jamais vraiment comment le réalisateur du Discours, d'Un Homme à la hauteur ou du Retour du héros a pu autant se prendre les pieds dans le tapis avec cette comédie sur cinq religieuses qui tentent de sauver un EHPAD local en participant à une course cycliste (Tirard aurait quand même pu se douter de quelque chose, le scénario était déjà un bon indicateur du résultat final). Au casting, Camille Chamoux, Guilaine Londez ou Sidse Babett Knudsen (dont la présence est inexplicable) : personne n'y croit mais tout le monde fait semblant, alors que Valérie Bonneton en est réduite à imiter Louis De Funès pour essayer de tenir la baraque. Les gags (de chutes, beaucoup, beaucoup de chutes) tombent à plat les uns après les autres, et le film finit par ressembler à une comédie d'un autre âge qu'on aurait ressortie du formol.

François Léger

 

Et aussi

Animals, de Nabil Ben Yedir

Le Grand cirque, de Booder et Gaëlle Falzerana

Les reprises

Big guns, de Duccio Tessari

Sois belle et tais- toi, de Delphine Seyrig