Toutes les critiques de Speed Racer

Les critiques de Première

  1. Première
    par Veronique Le Bris

    Ils étaient fans de la série japonaise de Tatsuo Yoshida dans leur enfance. Devenus adultes les Wachowski lui rendent hommage en live en inventant une nouvelle intrigue. A leur manière, extrêmement spectaculaire et dopée d'une étonnante esthétique de bonbonnière dont on se délecte avec gourmandise. Passé les animations du premier quart d'heure, dans lesquelles les effets de maquette sont beaucoup trop visibles, le reste du film se savoure à pleines dents, les yeux grands ouverts et sans plaisir régressif coupable. Et cela même si l'histoire est, au moins jusqu'au twist final, cousue de fil blanc.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Attendus depuis Matrix, les frères Wachowski font un retour étonnant avec Speed Racer. Ils réussissent un film unique au parti pris esthétique déroutant mais génial : un cartoon live, pop et psychédélique dopé au digital.- Exprimez-vous sur le forum cinéma Dans Matrix les frères Wachowski n'avaient jamais caché leur faveur : à la réalité crasseuse ils préféraient la perfection du simulacre, l'espace de la matrice, ce monde des possibles que Néo et ses camarades arpentaient de leurs tenues de cuir rutilantes. Le virtuel y était beaucoup plus sexy et le réel une déception, malgré la lutte contre les machines et la victoire de l'homme. Mais dans Matrix, quelque chose arrivait encore à résister, à s'immiscer : la technique, les effets spéciaux étaient encore visibles, trop perceptibles. La fusion n'étant pas parfaite, les films ne pouvaient être que le récit de ce combat entre le réel et sa simulation, il fallait s'en sortir même au prix d'un désaveu. Avec Speed Racer, les Wachowski ont franchi la limite, ils ont atteint le point d'absorption totale, désormais plus rien ne s'oppose à la création d'un monde de synthèse absolu et enfin débarrassé de tout plaisir coupable. Un univers où le moindre plan est le résultat d'un nombre incalculable de bidouilles numériques, où les personnages y existent sans résistance, au contraire, ils y sont chez eux. Plus aucun contrepoint théorique n'est là pour les en sortir, ils vivent pleinement l'orgie.Une oeuvre mutante et inclassable Avant de continuer, il faut d'abord lever un malentendu : à sa sortie aux USA, et ailleurs, Speed Racer s'est crashé. Le film à 100 millions de dollars réalisé par ceux qui avaient affolé les compteurs des box office avec la trilogie Matrix a eu du mal à se tailler une part du gâteau face à Iron Man et Indiana Jones. Aujourd'hui, à sa sortie en France, on peut dire que c'est un échec. Financièrement, Joel Silver, producteur légendaire d'Hollywood et éternel partenaire des Wachowski doit être aux bords de la dépression. Plusieurs raisons à cela : le contexte bien sûr, dur de lutter contre deux blockbusters pareils, mais surtout un film insituable. Speed Racer est une oeuvre mutante, un drôle de bidule que les distributeurs et les salles tentent de vendre comme un film familial (ce qu'il est aussi), alors qu'il s'agit, sans galvauder le terme, du premier film expérimental à grand spectacle. Malentendu donc : trop barré pour un public familial et trop familial pour un public adulte ou cinéphile, Speed Racer ne s'adresse qu'à une petite catégorie de spectateurs qui veulent bien accepter son pari démentiel et unique.Comme un rouleau sans couture Cette adaptation d'un anime japonais des années soixante (Mahha GoGoGo), à l'origine initiée par Vince Vaughn, est en effet un objet hors du commun. Si son parti pris esthétique du presque tout digital a des précédents - Stormriders d'Andrew Lau, La Légende de Zu de Tsui Hark, Spy kids 3 de Robert Rodriguez (celui à qui il ressemble le plus et à la fois le moins), Speed Racer crée autre chose, de plus méticuleux, ordonné, différent. Le scénario racontant les aventures d'un jeune coureur automobile dans un univers futuriste est évidemment un prétexte nourri aux vertus d'une morale claire et simpliste (la beauté du sport pervertie par l'argent, en gros). Mais si les Wachowski ne négligent pas pour autant complètement leur récit, ce qui les intéresse est ailleurs, dans la possibilité de faire vivre ce cartoon géant et live, d'exploser et de réinventer toutes les règles de mise en scène en restant cohérent, homogène et fluide. Ici le digital n'est plus une limite, une contrainte, un effet, il est la matière même du film. Il n'est donc plus visible puisqu'il est partout, dans le moindre cadre aux perspectives vertigineuses, l'ivresse du plus petit mouvement, chaque raccord du montage quasi invisible, comme si le film était un rouleau sans couture. Des couleurs sous acide à la profondeur de champ aux multiples couches, des courses automobiles hallucinantes aux intérieurs travaillés avec un sens du détail et de la profusion invraisemblable, tout est faux, artificiel, une expérience visuelle et sensorielle d'une richesse sans précédent.Spectacle total Il faut donc accepter ce cocktail psychédélique qui multiplie les embardées à cent à l'heure, mélangeant les cartoons déjantés de la Warner aux découpages des anime japonais où il est né. Avec Speed Racer les Wachowski sont tels deux geeks à qui l'on aurait donné le jouet dont ils ont toujours rêvé en leur disant d'y aller à fond, plus de limites pour s'amuser et customiser. Entre hommage au serial, aux comics, aux mangas, ils créent un film composite à la superficialité assumée, voulue ; ils retrouvent avec honnêteté et générosité une impression juvénile où l'émotion naît de ce plaisir naïf des formes, des gadgets, des situations loufoques et des héros transparents (le récit vante par ailleurs les joies et la valeur du bricolage). Et si Speed Racer est un film plein de vide à faire hurler une critique en quête de sens, on dira que c'est pour cette raison qu'il est singulier, si fou, qu'il peut tout se permettre. C'est un peu comme si [people rec="0"]Fritz Lang[/people] avait réalisé une version pop de Metropolis dont il aurait confié la direction artistique à "andy warhol" rec="0" et le montage à Tsui Hark. Il faut voir les décors s'animer de mille détails, ces superpositions incessantes qui mitraillent une image qu'on aura tort de comparer trop vite au jeu vidéo, ces personnages au volant de bolides luisant sur des routes imaginaires. Les Wachowski ont abandonné la lecture transversale de "jean baudrillard" rec="0" dont ils étaient obsédés dans Matrix, ils n'en ont plus besoin : le spectacle est total, magie digitale.Speed RacerDe andy wachowski et Larry WachowskiAvec Emile Hirsch, Christina Ricci, John GoodmanSortie en salles le 18 juin 2008Illus. © Warner Bros. - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils adaptation, animation, réalisateur sur le blog cinéma- Lire les critiques de Matrix, Matrix Reloaded, Matrix Revolutions

  2. Télé 7 jours
    par Philippe Ross

    (...) Les Wachowski s'éloignent de la SF complexe de leur trilogie Matrix pour nous adresser un film destiné avant tout aux jeunes. Mais ce bolide rutilant, tourné à un rythme frénétique, risque fort de provoquer quelques haut-le-coeur. Sans compter un risque d'assoupissement vu la longueur de la course. Et de se retrouver en rade au bord de la piste.