Passe-Passe

Et si le vrai fleuron de la comédie française, ce n'était pas Les Ch'tis, mais Passe-passe ? Tonie Marshall a réussi le film qu'on n'attendait plus, drôle, intelligent, émouvant, précis, admirable en tout.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaOn n'attendait rien de Tonie Marshall, pas trop emballé par Vénus Beauté (Institut) et encore moins par France boutique, pourtant Passe-passe s'impose, avec une aisance déconcertante, comme l'une des meilleures comédies françaises de ces dernières années. A quoi ça tient ? A tout. Pas une minute n'est à jeter, pas une seconde le film baisse en intensité, Tonie Marshall a réalisé son chef d'oeuvre. Dès les premières images elle pose sa mécanique, et rien ne l'arrête, c'est un toboggan, elle maîtrise chaque détail avec un sens du rythme et de la narration dont beaucoup devrait prendre de la graine. Et plus que son scénario, aussi simple que génial et abracadabrant (un magicien au chômage pique la BMW de son beauf et en chemin rencontre la maîtresse d'un ministre fuyant une affaire de vente d'armes à des Coréens), Marshall déploie une mise en scène d'une élégance incroyable. Elle passe de la comédie à l'émotion avec une alchimie digne de ernst Lubitsch, elle cerne à la perfection chaque situation tout en mélangeant le loufoque et l'absurde à une grande acuité des sentiments, et surtout navigue en permanence à des extrémités a priori inconciliables.C'est une des forces de Passe-passe (beau titre), de sauter, imprévisible, d'un genre à l'autre, de faire coexister le thriller politique modèle réduit avec la comédie catastrophe. Plus encore, Marshall réunit des images disjointes, elle s'accapare presque des plans du polar coréen pour les replacer dans son cinéma, et ça marche. Mais il faudrait des pages pour raconter et commenter le nombre de scènes, tout aussi hilarantes qu'admirables, que compte le film. Chose d'autant plus impossible que chacune est autant visuelle que jouée par un tandem de comédiens, Nathalie Baye et Edouard Baer, absolument parfaits (sans parler de Joey Starr, inoubliable). C'est beaucoup d'éloges, mais il en faut pour Passe-passe, comédie légère mais immensément intelligente, qui traite la politique d'un sourire sans pourtant dire la moindre bêtise. Tout le film est un réservoir d'idées coquasses et inventives, il est aussi improbable que généreux, d'une tendresse infinie et d'une précision méticuleuse, sans une once d'ironie et encore moins de cynisme. Tonie Marshall a réussi, en France, avec son paysage, sa langue, à faire ce qu'on croyait Hollywood seul encore capable de faire. C'est beau. Passe-passe
De Tonie Marshall
Avec Nathalie Baye, Edouard Baer, Joey Starr, Guy Marchand
Sortie en salles le 16 avril 2008

Illus. © Warner Bros. France
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