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"Coralie ne déteste pas les hommes, elle déteste les abrutis – tout comme moi."

En 2021, Julia Ducournau remportait la Palme d’Or avec Titane, un film de genre réalisé par une femme. Elle devenait ainsi la deuxième réalisatrice à obtenir ce prix. A son discours d’acceptation, elle a déclarait une phrase qui a marqué les esprits : "Merci au Jury de laisser entrer les monstres." Trois ans plus tard, les monstres se sont accommodés à la Croisette et pourront peut-être espérer repartir avec un nouveau prix grâce à The Substance, le deuxième long-métrage de la réalisatrice française Coralie Fargeat.

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Pour ce film, elle désirait une icône – elle obtient la célèbre Demi Moore montant les marches hier soir avec une robe imposante qui l’aobligée à laisser un siège vide à sa gauche. Alors que cette 77ème édition du Festival de Cannes manquait de souffle – malgré un bon démarrage avec Furiosa suivi d’Emilia Perez, c’est finalement The Substance qui réveille et stimule les esprit cinéphiles. Avec une standing-ovation oscillant entre neuf et treize minutes selon les sources – soit la plus longue de la compétition à ce jour – et 100% de critiques positives sur Rotten Tomatoes, The Substance est acclamé par tous comme "le plus grand film de body-horror."

C’est donc avec beaucoup d’émotion et après la pluie de superlatifs qui s’est abattue, que l’équipe du film – en l’absence de Margaret Qualley, peu à l'aise en conférence de presse, comme on a pu le voir lors de celle de Kinds of Kindness, de Yorgos Lanthimos– s’est retrouvée en petit comité pour parler féminisme, horreur et violence.

Un film hyper-référencé

Entre ses deux acteurs, Coralie Fargeat répondait aux journalistes curieux de percer chaque référence présente dans The Substance. En commençant par Le Portrait de Dorian Gray, le célèbre roman d’Oscar Wilde dans lequel le personnage principal admiré pour sa beauté cache au monde que ses vices entachent son portrait. Une réflexion sur la beauté et l’immoralité à travers cette présence d’un alter-ego que certains ont retrouvé dans le film. S’il ne s’agit pas d’une source d’inspiration directe, la réalisatrice apprécie néanmoins ce parallèle.

Mais alors, de quoi s’est-elle inspirée ? Elle cite La Mouche de David Cronenberg, Shining de Stanley Kubrick (source également de son premier film, Revenge), et même Paul Verhoeven connu pour son cinéma sulfureux.

"J’ai grandi avec ce genre de films qui donnent une sensation de liberté et en disent beaucoup, et j’ai toujours apprécié les films de genre dans leurs excès. Ce sont des films qui dégagent de la folie et une certaine énergie et on ne voit pas cela toujours dans notre vie quotidienne, toutes ces questions qui sont liées au corps."

The Substance
Universal Pictures / Working Title Films

More of Demi Moore

Avec une telle carrière, on pourrait croire que l’actrice de Ghost est déjà venue à Cannes présenter un film. Pourtant, The Substance est sa première fois sur le tapis rouge en tant qu’actrice. Elle n’était pas revenue depuis plus de vingt ans. Alors forcément, pour les journalistes, la présence de Demi Moore est une célébration à sa renaissance.

Dans The Substance, elle interprète une actrice sur le déclin par son âge. Virée de l’émission qu’elle présente, elle se retrouve à prendre « la substance » et fait face à une meilleure version d’elle-même, une version plus jeune jouée par Maragaret Qualley. Vulnérable tant sur le plan émotionnel que physique dans ce film de genre, Demi Moore se confie sur son rôle :

"Je l’ai perçu comme un défi dans le bon sens du terme. Il s’agissait d’un script qui me faisait sortir de ma zone de confort. Quand une chose me fait peur, je sais qu’il y a une opportunité qui va m’améliorer en tant que personne et qu’actrice. Cela touche à de nombreux thèmes auxquels nous faisons face, nous cherchons la validation et le sentiment d’appartenance. […] Grâce à ce film, je m’accepte beaucoup mieux."

Elle ajoute qu’elle avait du mal à se reconnaître avec les prothèses maquillages – mais son chien, lui, la reconnaissait ! "Il était ma référence à la réalité." D’ailleurs, avant ce panel, Demi Moore a posé pour les photographes avec son chien Pilaf !

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A History of violence… towards women

Comme souvent, le body-horror sert à un propos politique. Avec The Substance, Coralie Fargeat pointe du doigt l’horloge hollywoodienne dont sont victimes les actrices qui, passé un certain âge, sont évincées du système ainsi que la représentation des corps féminins vus par les hommes. Ainsi, la nudité est omniprésente. L’actrice de soixante et un an évoque ces scènes avec Margaret Qualley et salue sa partenaire de jeu :

"J’étais avec une personne qui était une incroyable partenaire, avec qui je me sentais en sécurité. Nous étions bien évidement proches – nues – et nous avons aussi eu beaucoup de recul dans ces moments là quant à l’absurdité de certaines situations. Finalement, il s’agit simplement de bien orienter votre communication et votre confiance mutuelle."

Trop de scènes de nu ? Une journaliste s’interroge sur la manière de représenter les corps féminins. Pourrait-on accuser Fargeat d’objectifier les femmes ? : 

"J’espère que le film n’est pas une exploitation du corps. Le corps des femmes montre vraiment comment nous sommes perçues dans la société et la violence que l’on se porte à soi-même. Cela reflète la violence qui nous entoure dans tous les domaines de la société."

A travers le gore et l’extrême, le film s’attaque à la violence que les femmes subissent et se font subir elle-même dans l’espoir de correspondre à un idéal – une meilleure version d’elle-même selon des critères imposés par les hommes. On questionne son poids, sa poitrine, ses rides. On fait des régimes, et The Substance décrypte la violence interne et externe :

"J’ai commencé à travailler sur ce film lorsque j’ai réfléchi à mes propres sentiments, vis-à-vis de moi-même en tant que femme qui a une quarantaine d’années et le sentiment que j’avais sur le fait que j’allais disparaître. Je n’aurais plus de place dans la société. […] Je me suis demandé pourquoi je pensais de cette façon. J’ai une certaine éducation, je suis féministe, et néanmoins toutes ces idées me trottaient dans l’esprit, et je pense qu’à tous les âges nous ressentons ce sentiment que nous ne sommes pas à notre place."

Elle poursuit :

"La violence qui persiste autours des femmes sur la manière dont elles sont vues et considérées dans la société en fonction de leur physique actuel ou ce qu’elles étaient, l’hyper-sexualisation qui vous donne l’impression que vous avez votre place mais, en fin de compte, une fois que c’est fini, cela amène à une extrême violence que l’on a envers soi-même."

Seul homme présent du casting, Denis Quaid (Great Balls of Fire !) a d’abord dédié son rôle à Ray Liotta qui devait incarner son personnage avant de décéder il y a deux ans de cela. Puis il s’est exprimé sur le sujet :

"Puisque je suis le seul homme ici, eh bien, je pense que je ne peux qu'être d’accord avec tout ce que vous avez dit. Les choses ont été dures pour les femmes et il y a des stéréotypes du passé qui perdurent. […] Quarante ans, c’est l’âge auquel les femmes sont écartées, alors que pour les hommes la vie continue. Je suis heureux de voir que sur un tel sujet, les gens n’ont plus peur de parler… et que toutes ces barrières tombent. [….] Je pense que ce film continuera à nous parler vingt ans plus tard."

"Ce n’est pas un film contre les hommes, ajoute-t-il. On peut penser que Coralie déteste les hommes, mais elle ne déteste les pas, elle déteste les abrutis et moi aussi !  Mais ils sont si drôles à jouer." " - Et il a fait un excellent travail !", commente aussitôt l’actrice en riant.

Plus largement, c’est au cœur du mouvement #MeToo que se situe The Substance, comme le souligne la réalisatrice :

"Que ce soient des femmes qui s’expriment, des actrices ou des acteurs, nous construisons cet édifice, pierre après pierre. Cela fait plus de trois mille ans que la société est organisée de cette façon et ce sera difficile de changer cela. Mais je suis heureuse que ce film soit une de ces pierres."

The Substance n’a pas encore de sortie prévue dans les salles. Mais après l’élève, ce sera au tour du maître, David Cronenberg, de monter les marches du Festival de Cannes avec Les Linceuls. Une Palme d’or sera-t-elle attribuée à un film de genre ? En attendant de le savoir, pour Denis Quaid, la plus grande fierté, c’est "d’être témoin de la naissance d’une véritable auteure."