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Adaptation ciné d’un faux journal intime signé C.D. Payne, Be Bad ! se révèle être une comédie méchamment mal élevée
malgré son synopsis d’énième film de dépucelage. François Dillinger, cet alter ego malintentionné, constitue le véritable ressort comique de l’histoire. Il est celui qui ose quand Nick hésite (« Je veux chatouiller ton nombril... de l’intérieur », lâche-t-il à Sheeni) et va déclencher chez ce dernier une crise d’adolescence mémorable. Seule ombre au tableau : les quelques guests du casting (Steve Buscemi, Zach Galifianakis...), éclipsés par ce double emploi schizo de Michael Cera (Juno, SuperGrave), qui confirme tout le bien qu’on pensait déjà de lui.
Toutes les critiques de Be Bad !
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Encore une comédie américaine « ado, amour et sexe » ? Certes mais pas seulement. Sur ce thème inépuisable, ce « beau gosse » à l’américaine s’avère très drôle, bien dialogué, doté de personnages parodiques sans caricature. Les familles des deux tourtereaux en prennent pour leur grade : parents intégristes pour l’une, mère qui collectionne les amants aussi vulgaires que fougueux, père chômeur et sa bimbo pour l’autre. « Be bad » parodie et renouvelle le genre. Avec cette variation tonique, pleine de fraîcheur, souvent hilarante, des émois adolescents, la rentrée est un plaisir.
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Moins rock'n'roll que prévu, le film séduit avant tout par son casting, côté ado et adulte : Michael Cera s'impose comme un parfait boy next door, tandis que Steve Buscemi assume toujours aussi brillamment les rôles de naze !
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Rôdé aux séries de qualité (il a réalisé des épisodes de Six Feet Under, Freeks and Geeks et Homicide), le cinéaste aime à changer de registre au sein d'un carcan cohérent. La tonalité reste douce-amère plutôt que franchement comique, et le sens du cadre affûté, tandis que Be Bad ! passe d'un sous-genre à un autre. Partant de la teen-comedy (branlette et langage trivial), Arteta s'engage ensuite dans une veine plus satirique et sociale (la Californie du Nord et son white-trash), avant d'emprunter la voie psychédélique du stoner movie (champis, animation en stop-motion et collages érotiques).
Entre temps, on aura eu un fragment de buddy-movie (la mission sexe dans l'école d'art texane), ainsi qu'une ébauche de caractère héritée du film de super-héros, sous le signe de la double personnalité et du dépassement de soi. Laissant une jolie place aux seconds rôles, tous savoureux (Steve Buscemi, Ray Liotta, Zach Galifianakis) Arteta picore sans s'égarer, réussissant au final un émouvant coming of age movie aux textures multiples. Dépressive et euphorisante en même temps, nappée d'une BO irréprochable, Be Bad ! est aussi une comédie qui braconne finalement pas très loin des plates-bandes de Wes Anderson. -
En anglais, le titre de Be Bad est Youth in Revolt (une jeunesse rebelle). Mais le succès en France de Very Bad Trip est passé par là. Pourtant, cette tendre fantaisie lorgne davantage vers Little Miss Sunshine ou Juno que la pochade délirante. Sophistiqué, Be Bad met même la France à l'honneur au son de Jacques Dutronc.
Une héroïne fan de Godard et une pléiade de stars invitées (Steve Buscemi, Ray Liotta, Justin Long) confirment en tout cas que Miguel Arteta, cinéaste remarqué pour son sens de la provocation avec Chuck & Buck (2001) et The Good Girl (2003), est à ranger pas loin du haut du panier. Il intègre de superbes séquences animées qui apportent une fantaisie supplémentaire à ce film attachant. Qui est aussi plein de compassion pour ce garçon maladroit qui apprend à se connaître en essayant de devenir un autre. -
Remarqué dans le poilant et très trash « Supergrave », le jeune acteur Michael Cera évolue ici dans un registre nettement plus sage.
Plus gentillet que vraiment corrosif, « Be Bad » offre en revanche une brochette de personnages secondaires irrévérencieux et jubilatoires : la mère, foldingue peroxydée (Jean Smart), l’amant, flic psychorigide (Ray Liotta), et le père, post-baba désolant (Steve Buscemi). Ce sont eux les vrais ados de la bande. -
Alors que ce personnage ultra-attachant court déjà le risque d’une fossilisation express, Miguel Arteta (auteur du charmant The Good Girl en 2002) fait un pas de côté et crée à Michael Cera un alter ego maléfique, français et moustachu : François Dillinger – à mi-chemin entre François Bégaudeau et Brad Pitt.
Fort de cette schize opportune (pile : le loser délicat ; face : le bad boy irrésistible), Miguel Arteta n’a plus qu’à laisser le charme agir, laissant suffisamment de place aux seconds rôles (les excellents Steve Buscemi, Justin Long, Zach Galifianakis) pour aérer sa belle petite mécanique comico-sentimentale. -
Plus créatif et original que la plupart des comédies sentimentales de teenagers, ce film enchaîne les situations les plus burlesques avec ingéniosité, sème des gags imparables et distille une ambiance particulière qui le classe das les petites comédies d'auteur à ne pas bouder.
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Une énième comédie romantique et initiatique dans la lignée de "Juno" et de "Little Miss Sunshine" : mêmes thèmes et surtout mêmes ficelles d’écriture, la spontanéité en moins. Le résultat est loin d’être désagréable mais donne une forte impression de déjà-vu.
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Malgré son physique gracile et sa voix douce, Michael Cera est déjà un peu vieux (22 ans) pour jouer les puceaux de 16. Son personnage, rigoureusement non crédible, est un ado intello et francophile qu'un artifice de scénario contraint, pour séduire une jolie blonde, à se transformer en « bad boy ».
Ça marche par intermittence : apparition modérément amusante d'un double autoritaire, contraste entre une voix off au vocabulaire choisi et le but des personnages (coucher ensemble !), et plaisirs d'acteurs : le barbu Zach Galifianakis, vu dans Very Bad Trip, fait plutôt bien le beau-père escroc... Mais l'impression générale reste celle d'une comédie pour teenagers totalement artificielle. Le réalisateur, qui adapte ici un best-seller pour ados, semble avoir pris pour modèle Wes Anderson : il enchaîne les saynètes décalées sur fond de musiquette pop. Il oublie l'essentiel : le charme et la profondeur.