Ambartsum Ivanovich Bek, plus connu sous le nom d’Amo Bek-Nazarov est le pionnier du cinéma arménien. Il fait la première partie de sa scolarité dans sa ville natale Yerevan puis au lycée de Tachkent, où il se découvre une passion pour le sport et décide de devenir lutteur professionnel. En 1910, il est pourtant inscrit à l’école de commerce de Moscou mais abandonne très vite, part pour Berlin disputer durant tout un mois un championnat international de lutte. Puis, pendant six mois, il sillonne l’Allemagne avant de revenir à Moscou pour continuer ses études. En 1912, il s’inscrit à la faculté de droit de l’université de Moscou, et l’année suivante, entame des études de commerce qu’il termine en 1918.En marge de ses études, Amo Bek-Nazarov débute une carrière d’acteur de façon fortuite en 1914. Il tourne dans Enver Pacha, Traître de la Turquie de Vladimir Gardine et devient un acteur très connu du cinéma russe entre 1914 et 1918, avant la révolution bolchevique. Il tourne sous la direction des cinéastes russes Vesselovski, Svetlov, Gromov et Evgueni Bauer. Avec l’arrivée des soviets, Amo ajourne ses projets de retour en Arménie et s’installe en Georgie, à Tbilissi où il crée avec le scénariste et réalisateur russe Ivan Perestiani la section cinéma de Géorgie. En 1923, Amo Bek-Nazarov en devient le directeur artistique jusqu’en 1926, date à laquelle il rejoint l’Arménie et Yerevan, sa ville natale où il prend les rennes du studio de cinéma appelé Studio d’Erevan jusqu’en 1951.En 1923, il tourne son premier film Le Parricide, puis enchaîne avec Les Trésors Perdus (1924) et Natella en 1926, le premier film de fiction arménien. Peu après, Amo Bek-Nazarov tourne également sa première comédie Chor et Chorchor (1926) racontant les mésaventures de deux paysans bons vivants, avec leurs épouses, le diable et le pope, comédie drôle qui évite de tomber dans la caricature. La même année, il réalise Zareh, un film relatant la vie des Kurdes yézidis puis en 1927 un film historique sur la révolte de 1895 en Iran. A travers ses films, Amo s’attache à exprimer des messages et dépeindre les traditions des peuples minoritaires. D’ailleurs, le studio Vostofilm est créé à Moscou en 1927 dans le but de produire des films relatifs à la vie des petites populations de l’URSS. Il continue à tourner par la suite, notamment Khas Pouch en 1927, un documentaire La Terre de Nairi en 1931, le premier film sonore Pepo en 1935, puis Zanguezour en 1938, David Bek en 1944 et La Fille de l’Ararat en 1950. A cette époque, Amo Bek-Nazarov travaille au Tadjikistan et par la suite s’installe à Moscou. Il écrit un livre Notes d’un Acteur et d’un Réalisateur de Cinéma qu’il termine peu avant sa mort et qui sera édité en 1965 à Moscou. En hommage à l’immense travail en faveur du développement du cinéma arménien, les studios d’Erevan Armenfilms/Hayfilms seront rebaptisés en 1957 et nommés Studios Amo Bek-Nazarov. Amo Bek-Nazarov fut le porte drapeau de toute une communauté et donna un envol remarquable au cinéma arménien.
