Dying for Sex
Disney

Une étrange et poignante dramédie portée par Michelle Williams arrive aujourd'hui sur Disney Plus. Les créatrices nous racontent comment la véritable vie de Molly Kochann décédée d'un cancer en 2019, a inspiré la série.

On la connaît surtout pour avoir créé New Girl, la série culte de Zooey Deschanel. Elizabeth Meriwether change de registre et délaisse la solaire Jessica Day pour raconter une tragédie, celle de Molly Kochan, atteinte d’un cancer en phase terminale, à la fin des années 2010. Avec sa meilleure amie Nikki, elle a documenté son éveil sexuel, né de ce diagnostic foudroyant, au fil d’un podcast choc. À l’instar de l’héroïne incarnée par Michelle Williams dans la série de Disney Plus, Molly Kochan avait mis un terme à son mariage après 15 ans d’union pour vivre pleinement sa sexualité. Elle est décédée en 2019, à l’âge de 45 ans. Elizabeth Meriwether et Kim Rosenstock ont décidé de raconter son histoire dans Dying for Sex. Elles nous disent tout sur cette série pas comme les autres.



PREMIÈRE : À la base, Dying for Sex est une histoire vraie...
Elizabeth Meriwether : Oui. On a passé 5 années à travailler sur cette adaptation du podcast de Nikki Boyer. Au bout du compte, ça raconte surtout une histoire d’amitié, celle de Molly et Nikki. Ce que Molly a vécu était vraiment très fort et on a eu besoin de le raconter. C’est le genre d’histoire qui est rarement racontée à la télévision, très honnête, très intense. Ça parle de féminité, de sexe, de manière directe.

Est-ce une série sur le SEXE ou sur la MORT ?
Kim Rosenstock : C’est vraiment les deux. C’est une love story, c’est un drame, c’est une comédie... J’espère que ça parle de manière sincère de la vie ! Quand j’ai écouté le podcast, j’ai été scotchée. Je n’avais encore jamais entendu quelqu’un parler depuis son lit de mort. C’est vraiment un acte de bravoure ultime. La vraie Molly exposait une véritable intimité dans ce podcast, et pour moi qui ne veux jamais parler de la mort, j’ai trouvé ça fort. Ça a remis des choses en question pour moi et j’espère que ce sera le cas aussi pour le public. Après, la série parle aussi de sexe. Elle meurt et vit son éveil sexuel par la même occasion. C’est une histoire vraiment inattendue, originale, mais on a voulu y rester fidèle et assumer totalement ces deux aspects.

Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre comédie et tragédie ?
Elizabeth Meriwether : C’est une histoire très tragique et très drôle à la fois. Dès le départ, on n’a pas voulu mettre une étiquette sur cette série en disant : c’est une comédie ou c’est une tragédie... On a voulu faire quelque chose de très humain où le rire peut se cacher dans une scène très triste. Parfois, les deux s’entremêlent, c’est la nature humaine tout simplement. Dans les moments les plus sombres, il y a des moments d’absurdité qui peuvent vous prendre par surprise.

Dying for sex michelle williams
Disney

Le sujet est tellement douloureux, que ce serait insupportable à regarder si l’on racontait cette histoire de manière trop directe ?
Elizabeth Meriwether : Oui, exactement. Moi-même d’ailleurs, quand j’ai découvert ce podcast, je me suis demandé si j’allais vraiment écouter les derniers instants d’une femme mourante. J’ai un enfant, une vie, j’ai peut-être d’autres choses plus joyeuses à faire. Mais quand on commence à se plonger dans cette histoire, on découvre quelque chose de vraiment profond, presque fondamental, d’universel. Des choses qui vous font réfléchir en fait.

L’amitié entre Molly et Nikki joue aussi un rôle crucial pour alléger l’humeur de la série...
Kim Rosenstock : C’était déjà dans le podcast. On entendait à l’époque comment les vraies Molly et Nikki étaient proches, comment elles se faisaient marrer en permanence. On a voulu créer nos propres personnages pour la série, mais en s’inspirant très directement de la vraie dynamique de Molly et Nikki, qui transpirait de ce podcast. Après, on sait peu de choses sur Nikki, parce que c’est elle qui posait les questions.... Donc il a fallu justement creuser ce personnage pour notre série, en faire une femme à part entière, pour peindre aussi la vie des aidants, ceux et celles qui accompagnent les malades au quotidien.

Comment avez-vous pensé l’écriture du dernier épisode, celui de la mort de Molly ?
Elizabeth Meriwether : Pour tout vous dire, on a repoussé l’écriture de ce dernier épisode pendant très longtemps. J’avais très peur de l’écrire. C’est comme de tuer le personnage principal, même si on sait depuis le départ que ça va arriver... C’est dur à affronter pour nous et il a fallu trouver un moyen pour Molly et Nikki d’affronter la mort aussi. On a été assez loin dans la vérité du moment. Je suis très fière de cette séquence où l’infirmière vient expliquer à Molly les différentes étapes qui vont l’amener à la mort. Je suis contente de pouvoir partager des choses aussi importantes et méconnues avec le public. Ça doit ouvrir des discussions, permettre aux gens de penser à la mort en prenant le contrôle, si l’on veut. Comment on veut amener sa vie dans la mort ? Ça va tous nous arriver et savoir comment, et avec qui, on veut passer ses derniers instants, c’est important. Il faut embrasser cela. Moi-même, je pense à la mort, à ma propre mort, tous les jours !

Dying for Sex
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Il faut parler aussi de la performance de Michelle Williams, impressionnante dans ce dernier épisode...
Elizabeth Meriwether : C’est vrai qu’elle est épatante. Elle nous a tous bluffés. Parce que ce rôle, c’est un peu l’épreuve olympique du métier d’actrice ! Il faut être sacrément solide. Pensez qu’elle passe tout le dernier épisode à jouer au lit, allongée ! Elle se lève une fois pour une séquence de danse hallucinée. Mais sinon, elle est alitée tout le temps et elle livre quand même des choses folles, avec une telle complexité. La série n’aurait pas pu exister sans elle tout simplement.

Vous avez tout de suite vu la connexion avec la mort de Jen Lindley, son personnage qui disparaît dans des circonstances similaires à la fin de Dawson ?
Elizabeth Meriwether : Non, même pas (rires) ! C’est tout à fait vrai, mais honnêtement, je n’y ai pas pensé du tout. Je ne me souvenais pas que Jen partait comme ça. C’est après que j’ai revu l’épisode et j’ai pleuré comme une madeleine ! C’est complètement dingue !

Dying for Sex, en 8 épisodes, à voir sur Disney Plus à partir du 4 avril 2025.