Après un film marquant et deux saisons acclamées, l’acteur mexicain referme le chapitre Cassian Andor. Avec émotion mais aussi pas mal de lucidité. Entretien.
C'est la fin d’une décennie d’aventures pour Diego Luna dans l’univers de Star Wars. Depuis Rogue One, en 2016, l'acteur mexicain est intimement lié à la révolte contre l'Empire. Mais voilà, la série Andor s'achève ce printemps, avec sa deuxième et dernière saison sur Disney +, concluant l’arc narratif d’un bad boy devenu rebelle devenu héros de la résistance. Cassian Andor s’en va, mais il laisse derrière lui un héritage puissant. Et la galaxie ne l’oubliera pas de sitôt. Diego Luna fait ses adieux dans Première.
PREMIÈRE : On retrouve Cassian au début de cette saison 2, bien différent du Cassian qu'on avait rencontré dans la saison 1. Comment voyez-vous son évolution ?
DIEGO LUNA : Il y a encore tant de choses à explorer avant d'arriver au Cassina de Rogue One. À la fin de la saison 1, il choisit de rejoindre les Rebelles, mais il n’a pas encore pleinement compris ce que cela implique. Il est toujours en quête de sens, et il doit surtout trouver en lui la force de s'engager totalement. Ce qu'on raconte cette saison, c’est la manière dont il transforme ses blessures, sa colère et sa solitude en quelque chose de plus grand que lui. C'est au fil des expériences de la saison 2 qu'on comprend qu'il décide de tout sacrifier pour la cause. On montre comment il gagne ainsi en maturité et en lucidité. Le cheminement est énorme et c'est pourquoi la saison 2 s'étale sur quatre années. Il se passe beaucoup de choses qui expliquent son évolution, à la fois dans sa manière de voir le monde, mais aussi dans la galaxie, qui devient de plus en plus complexe...
Cette structure en ellipse temporelle, qui s'étale donc sur 4 ans, est assez inédite dans l’univers Star Wars. Comment avez-vous vécu ça ?
C’est passionnant à jouer, parce qu’on voit réellement le temps passer. On passe quelques épisodes à un moment précis, puis on avance brutalement d’un an. Et à chaque saut, le monde a changé. Les personnages ont évolué, leurs liens aussi. La plume de Tony Gilroy est d’une rigueur impressionnante. Rien n’est gratuit. Chaque scène a un écho dans l'univers Star Wars.
Vous connaissez le funeste destin qui attend votre personnage depuis le début. Est-ce que ça change votre manière de jouer ?
Disons que ça permet de tout remettre en perspective. Quand on connaît la fin, chaque mot, chaque action prend un poids différent. On ne joue plus pour le présent uniquement, on joue aussi pour le futur du personnage. C'est une chance de pouvoir incarner ainsi un personnage sur le long terme, de construire un homme complexe, plein de contradictions. J’ai pu l’explorer sous toutes ses facettes, et je crois que les spectateurs le connaissent désormais aussi bien que moi.
La série éclaire-t-elle Rogue One d’une manière nouvelle ?
Oh oui, totalement. Après avoir vu Andor, vous ne verrez plus Rogue One de la même façon. Chaque décision de Cassian prend un nouveau sens. La saison 2 enrichit énormément le film. Elle vient compléter des zones d’ombre et d'une certaine manière, chaque dialogue de Cassian dans Rogue One est justifié par Andor. La saison s’achève juste avant le début de Rogue One… J’aimerais que les gens enchaînent directement, qu’ils revoient le film à la lumière de tout ce qu’ils auront découvert. Je pense que ça changerait profondément leur regard.
Cassian est un personnage qui vous a accompagné pendant 10 ans. Est-ce difficile de lui dire adieu ?
Bien sûr que je suis triste de lui dire adieu. Mais le timing est bon. Le moment est venu. J'ai le cœur serré parce que c'est la fin d'un pan entier de ma vie, parce que je laisse derrière toute une équipe, tout un monde. Mais dans le même temps, je suis ravi qu'on laisse Cassian à un moment où il encore capable de générer beaucoup de passion chez les gens. Il procure toujours cette même excitation et personne n'est lassé. Il n'est pas arrivé à un point où il a soûlé les gens. Deux saisons, c'est long et court à la fois. On s'arrête sans être devenu redondant ou répétitif.
Et maintenant ? Est-ce que l’idée d’un avenir sans Star Wars vous effraie ?
Pas du tout. Je fais ce métier depuis que j’ai 7 ans, et j’ai appris à lâcher prise. Les histoires ont une fin, toujours. J’ai eu le luxe de vivre cette aventure exceptionnelle, de jouer dans Rogue One, de revenir pour Andor, et tout ça existera toujours. Avec le temps, j'ai appris à très bien gérer ces transitions d'un rôle à l'autre, d'autant que ma vie privée est essentielle, ça me permet de relativiser le métier. Et puis ce que j'ai tourné pour Star Wars, Rogue One ou Andor, ce sera toujours là quelque part. J'aurais toujours l'opportunité de me souvenir de la chance que j'ai eu de jouer ce héros.
Andor, saison 2, en 12 épisodes, à voir sur Disney Plus jusqu'au 14 mai 2025.
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