Le périple d’un enfant palestinien à la recherche de son pigeon voyageur. Avec en arrière- fond le désir de montrer les ponts encore possibles entre Israéliens et Palestiniens.
Rashid Masharawi - 2025, acte 2. On découvrait en effet le 12 février From ground zero, le documentaire que ce natif de Gaza avait initié autour du rôle essentiel que joue le cinéma en temps de guerre. Celui-ci réunissait 22 très courts-métrages (de moins de dix minutes), mis en scène dans la bande de Gaza par des Gazaouis, avec les moyens du bord, après les attentats du 7 octobre 2023. Et il a permis de mettre des visages sur des chiffres, des histoires personnelles sur des événements, que ni les manuels d’histoire, ni les médias, ne pourront retranscrire avec autant de justesse.
Avec Songe, Rashid Masharawi prend cette fois- ci le prisme de la fiction pour raconter ce coin du monde où les tragédies succèdent aux tragédies. On y suit un tout jeune Palestinien de 12 ans qui, en quête de son pigeon voyageur semblant s’être fait la malle, entreprend un périple en combi Volkswagen du camp de réfugiés où il vit jusqu’à Haïfa en passant par Jérusalem. Et Masharawi s’appuie sur cette colonne vertébrale de récit relativement classique pour multiplier les embardées, au gré des mini-histoires de chacun des personnages croisés sur la route qu’il prend le temps de développer.
Le tout avec une douceur espiègle et un désir de montrer les ponts encore possibles entre Israéliens et Palestiniens qui en font un vrai geste politique car à rebours du climat ambiant. Car l’indignation et la colère laissent ici la place à d’autres armes : celles de l’amour et de la poésie, avec le pigeon comme métaphore du déracinement d’un peuple.
De Rashid Masharawi. Avec Ashraf Barhom, Aseel Abu Ayyash, Emilia Al Massou... Durée 1h25. Sortie le 2 avril 2025
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