Nicolas Cage dans Pig
Neon

John Wick chez les cuistots hipsters de Portland ? Ne partez pas : c’est beaucoup plus malin, élégant et drôle qu’il n’y paraît.

On a volé le cochon de Nicolas Cage. D’accord, aucun problème, cette phrase résume terriblement bien le point de départ de Pig. Mais si vous vous attendiez à un copié-collé de John Wick au jambon emballé par Cage, vous en serez pour vos frais. Le premier art martial que vous y verrez, c’est le métier de l’acteur, décidément increvable, qui incarne un ermite fournisseur de champignons grâce à son adorable truie truffière. Le second art martial : la cuisine. Car Pig explore un underworld très proche de celui de John Wick, avec à la place des super-assassins new yorkais en costards, des cuistots et du personnel en salle livrant des combats clandestins dans les coulisses des palaces et des restos tendance de Portland, la Mecque des hipsters US. C’est là que réside le coup de génie du film : regarder la gentrification d’un monde au bord de la chute via un clodo puant chasseur de truffes (Cage est superbe, presque trop pour le film, comme dans Joe) parti retrouver sa plus fidèle amie. Non, ce n’est pas un film de castagne, et l’épilogue déjouera d’ailleurs joliment l’argument revanchard grâce à l’art ancestral de la haute-cuisine-no jutsu. Parfois au risque du ralentissement de l’action au profit du contemplatif trop étiré (c’est le premier long de Michael Sarnoski, qui manque peut-être d’un peu de bouteille pour son sujet) : on vous le répète, si vous vous attendiez à un nouveau cacheton direct-to-video de Cage, ou à une réflexion méta sur sa vie et son œuvre, vous allez être déçus. Mais si vous mettez à table sans trop d’a priori, le repas est servi.

De Michael Sarnoski. Avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin… Durée 1h31. Sortie le 27 octobre 2021